Marc Bergevin affichait sa plus belle mine quand il a rencontré les médias avant le lancement de la série contre les Rangers de New York et il a même confié que sa décision était prise quant à l’avenir de son entraîneur Michel Therrien qui continue de lui prouver son doigté.

Bergevin avait bien sûr toutes les raisons de se réjouir du boulot accompli par sa troupe même s'il sait que ceci lui coûtera plus cher dans ses négociations estivales. Quand il a pris les commandes du Canadien, il avait un plan en tête et ses décisions rapportent sans tarder alors que sa troupe se retrouve à une ronde d’accéder à la finale de la coupe Stanley.

« Ma décision est prise pour Michel Therrien »

Avec son expérience vaste et diversifiée, le directeur général du Canadien refuse de voir trop loin, mais il est emballé par les accomplissements de son groupe qu’il apprécie au plus haut point.

« C’est certain que nous sommes fiers de l’endroit où nous sommes rendus, mais on ne veut pas sauter des étapes. On réalise aussi qu’on doit recommencer le travail chaque année et je prends l’exemple des Devils qui ont atteint la finale en 2012 sans participer aux séries depuis », a-t-il mentionné durant un point de presse qui confirme qu’il serait intéressant de le voir procéder plus souvent à un tel exercice.

À plusieurs reprises, le coloré dirigeant du CH a vanté le mérite de ses joueurs et il a été tout autant élogieux envers l’entraîneur. Fidèle à son habitude, il n’a pas voulu dévoiler son jeu sur des négociations de contrat, mais il a semblé confirmer que l’avenir de Therrien était assuré à Montréal.

« Oui, ma décision est prise », a-t-il révélé avec une intention claire.

Il faut rappeler que la décision de redonner une chance à Therrien derrière le banc du CH n’avait pas fait l’unanimité même si plusieurs observateurs voyaient d’un bon œil ce geste en raison de son bagage plus complet.

« Mon travail consiste à prendre des décisions et certaines ne seront pas populaires. Je dois agir en fonction de mes convictions parce que je ne suis pas ici pour rendre les gens heureux. Si j’étais ici pour ce but, je n’aurais pas le bon poste. Je parle beaucoup avec Michel, on échange des idées et en voyant la façon dont il gère l’équipe, je ne suis pas renversé que nous soyons rendus ici », a-t-il dévoilé en soulignant qu’il n’a douté de ses capacités durant la période plus ardue en janvier car toutes les organisations vivent de tels moments.

L’exemple de Daniel Brière vient donner raison à Bergevin car il a su identifier une manière de permettre au vétéran d’utiliser sa touche éliminatoire même s’il s’agit de l’employer sur le quatrième trio.

« Ça change vite dans le monde du hockey et Michel a du flair pour trouver où ses joueurs peuvent connaître du succès. Le but d’un entraîneur c’est de donner la chance aux joueurs de connaître du succès et les chiffres de Danny parlent d’eux-mêmes », a visé Bergevin avec justesse.

Le travail accompli s’est matérialisé notamment dans le triomphe face aux Bruins de Boston et Bergevin a savouré cet instant en distribuant des accolades à ses joueurs qui retraitaient au vestiaire du TD Garden. La flamboyance de Bergevin plaît définitivement aux amateurs du CH.

« Ce parcours concerne les joueurs, ce sont eux qui ont gagné deux séries. Mais je suis un homme émotif et c’est difficile de se cacher de moi quand je suis à un endroit. J’étais si fier de voir mon équipe battre les Bruins, la meilleure équipe de la LNH », a-t-il confié.

Bergevin, qui a grandi à quelques jets de pierre du Centre Bell semble vivre la belle route éliminatoire de son équipe avec autant de plaisir que les partisans.

« C’est spécial parce que j’ai grandi tout près du Centre Bell, mais j’ai quitté pendant 28 ans et je savais à quel point la passion pour le Canadien était énorme. Sauf que je considère qu’on peut ajouter un niveau d’attachement dernièrement. La passion des gens dans la ville et dans la province est plus grande que nature », a-t-il déclaré en ajoutant qu’une équipe redoutable se dressait devant le CH.

« Écoutez, il y avait 20 000 spectateurs dans l’amphithéâtre mercredi et aucun joueur sur la glace alors … », a enchaîné Bergevin pour décrire la ferveur des fans.

En voyant son équipe se démarquer depuis le lancement des séries, le directeur général affirme qu’il n’a rien appris, mais qu’il a confirmé certains éléments qu’il avait perçus.

« Tu peux miser sur beaucoup de talent, mais ça ne fonctionnera pas si tu ne possèdes pas le caractère requis », a-t-il dit en employant son mot préféré.

« Je vois un groupe spécial qui croit en ses moyens et les joueurs aiment se retrouver ensemble. Je n’avais jamais vécu la rivalité contre les Bruins, mais maintenant je comprends vraiment de quoi il s’agit. »

Des acquisitions de caractère et un DG qui s’implique

Avec ses danses et ses célébrations enthousiastes, Bergevin ne fait que prouver qu’il se situe à des années lumières de ses prédécesseurs Pierre Gauthier et Bob Gainey. À preuve, il n’hésite pas à s’asseoir avec ses joueurs quand la situation le commande.

« Je ne suis pas gêné d’aller discuter avec des joueurs et je suis toujours en contact avec Michel donc je le fais quand un besoin se présente. Je m’implique quand c’est nécessaire avec ma façon personnelle de le faire. J’ai un respect mutuel avec les joueurs et je crois que ça peut aider », a admis celui qui a justement bavardé avec P.K. Subban récemment.

« J’ai beaucoup d’admiration pour son jeu et sa façon de se comporter. Il est flamboyant et il doit faire face à plusieurs choses. J’ai eu une conversation avec lui durant la série face aux Bruins et je lui lève mon chapeau », a indiqué Bergevin en lien avec les regrettables incidents vécus par le défenseur du CH.

Dans le fond, Bergevin est resté fidèle à son comportement d’athlète même en faisant le saut dans le bureau du directeur général.

« Ma réputation durant ma carrière était celle d’un joueur d’équipe et ça n’a pas changé depuis. J’inclus les gens autour de moi et je vois une équipe spéciale. Elle se relève les manches quand les choses sont difficiles et elle s’améliore depuis le début des séries; je suis très fier de ce groupe. »

Ce n’est donc pas surprenant que le dirigeant de 48 ans ait repéré les éléments ingrédients en Dale Weise et Mike Weaver. Ces deux joueurs lui ont attiré plusieurs bouquets de fleurs grâce à leurs prestations en séries.

« On avait un rôle en tête pour eux et c’est certain qu’on réalise que ce sont des athlètes de caractère en voyant de la façon dont ils contribuent depuis leur arrivée à Montréal et ça devient encore plus évident quand les séries commencent », a-t-il expliqué.

« Certains joueurs nous aident à accéder aux séries et d’autres nous permettent de passer à travers les défis. Dale et Mike appartient à cette deuxième catégorie. »

Même Chiarelli et Lemieux vantent le Tricolore

Après avoir encaissé l’élimination de son équipe, Peter Chiarelli - le directeur général des Bruins – a prétendu qu’il allait devoir modeler un peu sa formation sur celle du Canadien notamment par rapport au facteur de la vitesse.

« C’est l’un des meilleurs dans ses fonctions à mon avis et il a mené son équipe à une coupe Stanley. Ce serait plutôt à moi de prendre des conseils de sa part », a louangé Bergevin à propos de son homologue.

Ce n’est pas tout, même Mario Lemieux, le bon ami de Bergevin a affirmé que le directeur général qu’il allait embaucher pour remplacer Ray Shero devrait s’inspirer du travail accompli par le Canadien.

« C’est non seulement un ami, mais l’un des meilleurs joueurs de tous les temps. Je n’avais pas eu vent de ses propos, mais Ray est un bon directeur général. À mon avis, je n’ai pas de recette magique et parfois nous allons commettre des erreurs, mais merci à Mario pour avoir dit cela », a-t-il conclu avec son humour caractéristique et apprécié.