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MONTRÉAL - Le Lightning a eu les mains pleines contre le Canadien jeudi soir.

 

Le Tricolore a dominé 39-23 les tirs cadrés. Il a été plus dominant encore au chapitre des tirs décochés avec un total de 70 contre les 40 du Lightning qui s’est aussi contenté de gagner 22 des 53 mises en jeux disputés (42 %).

 

Mais au final, c’est le Lightning qui a gagné avec un gain de 2-1. Une courte victoire j’en conviens. Une victoire attribuable à un cadeau offert par Carey Price sur le but gagnant alors qu’à l’autre bout Andrei Vasilevskiy a réalisé beaucoup plus d’arrêts importants.

 

Mais une victoire quand même.

 

Et cette cinquième victoire de suite, cette dixième lors des 15 matchs disputés depuis le début du mois de décembre (10-4-1) indique que le Lightning est loin de manquer de vigueur comme le laissait croire son lent début de saison. Un lent début de saison qu’il serait important de mettre en contexte un brin ou deux.

 

Car avec trois matchs en mains sur les Bruins de Boston qui sont premiers dans la division atlantique et deuxième dans l’Association Est derrière les Capitals de Washington – les deux clubs affichent 59 points, mais les Caps affichent trois gains de plus avec un match en mains – Tampa n’a que trois victoires de moins que Boston. La fiche des Bruins est moussée par sept points de plus récoltés dans le cadre de défaites en prolongation ou tirs de barrage.

 

En fait de mauvais début de saison, on a déjà vu pire.

 

De fait, je demeure non seulement convaincu que le Lightning forme une des meilleures équipes de la LNH, peut-être même la meilleure, mais je les crois mieux placer qu’ils ne l’étaient l’an dernier pour gagner la coupe Stanley.

 

Rien de moins!

 

Je crois même que le Lightning deviendra au fil des prochaines semaines le club à battre dans l’Est et que ses chances de se rendre en grande finale seront aussi bonnes que celles des Caps et des Bruins et meilleures que celles des Maple Leafs, des Penguins, des Islanders et des autres très bonnes équipes qui les devancent toujours au classement.

 

Surtout s’ils demeurent en santé.

 

Du talent partout

 

Pourquoi j’affiche une telle confiance à l’endroit du Lightning?

 

À cause du talent brut de sa formation et de la profondeur de son alignement.

 

Nikita Kucherov et Steven Stamkos n’ont que 14 buts. À ce rythme, le premier ne pourra lorgner un deuxième trophée Hart consécutif. Le deuxième ne sera pas dans la course aux trophées Art Ross ou Maurice-Richard. Mais ils demeurent des joueurs de premier plan.

 

Victor Hedman ne gagnera peut-être pas le trophée Norris encore cette année. Mais il est toujours en lice pour une place parmi les cinq meilleurs défenseurs de la LNH. Et s’il jouait un peu moins dans l’ombre de son géant coéquipier, Ryan McDonagh serait apprécié à sa juste valeur par l’ensemble des amateurs de hockey et non seulement par ses coéquipiers, ses adversaires et tous les entraîneurs du circuit.

 

Brayden Point est un joueur phénoménal.

 

Alex Killorn connaît une saison de rêve et sans vouloir lui manquer de respect, tout au contraire, je le qualifierais de meilleur plombier de luxe de toute la LNH en ce moment.

 

Anthony Cirelli est déjà très bon, mais il sera un jour pas si lointain un digne successeur à Patrice Bergeron et aux meilleurs joueurs de centre « défensifs » de la LNH. Le genre de gars dont le nom sera sur une majorité de bulletins de vote dans la course au trophée Selke.

 

Devant le filet, Andrei Vasilevskiy a été généreux depuis le début de la saison. Trop. Et c’est la raison principale pour laquelle le Lightning a gagné moins souvent qu’il aurait dû gagner depuis le début de l’année. Mais le Canadien a appris à ses dépens jeudi que le grand gardien russe n’a pas gagné le Vézina par hasard l’an dernier et qu’il pourrait bien graver son nom quelques fois encore ce trophée.

 

Un coach en plein contrôle

 

Et je ne vous ai pas parlé encore de l’entraîneur-chef. Jon Cooper demeure à mes yeux le meilleur atout du Lightning qui en a déjà pas mal.

 

Pourquoi?

 

En raison de son calme, de son sérieux, du respect qu’il affiche à l’endroit de ses joueurs et du respect qu’il obtient en retour.

 

Oh! Quelques joueurs du Lightning ont leur coach de travers au bas du dos. C’est clair. C’est comme ça dans chaque club.

 

Mais Cooper est tellement en contrôle de ses émotions, qu’il est impossible qu’il ne soit pas en contrôle de son équipe. C’est pour cette raison que le directeur général Julien BriseBois balaie du revers de la main toutes les spéculations associées à un possible congédiement de son coach qui n’a pas encore gagné le trophée Jack Adams, mais qui le gagnera sans doute un jour.

 

Jon Cooper aurait pu perdre les pédales le printemps dernier lorsque son équipe s’est fait balayer en quatre matchs dès la première ronde par les Blue Jackets de Columbus.

 

Certains ont même prétendu qu’il aurait dû! Mais il ne l’a pas fait.

 

Jon Cooper aurait pu perdre les pédales à quelques reprises depuis le début de la saison. Plusieurs, moi le premier, ont prétendu qu’il aurait dû! Mais il ne l’a pas fait.

 

Rappelez-vous le 28 décembre à Tampa. Foudroyé par le Canadien qui s’est offert une avance de 2-0 tôt dans le match, Cooper est resté calme derrière le banc. Lorsqu’il a convoqué ses joueurs pour les rappeler à l’ordre pendant une pause publicitaire, il a bien sûr levé le ton. Mais il n’a pas donné l’impression de paniquer une seule seconde.

 

« Quand le gars derrière toi perd les pédales, tu perds ton guide. Comme joueur, tu le sais très bien quand les choses vont mal. Tu as bien plus besoin d’un gars qui va te ramener à l’ordre que d’un gars qui va te donner l’impression qu’il est aussi perdu que toi. C’est ça Jon Cooper », me lance Alex Killorn avec un sourire en coin.

 

« Des fois, on mériterait de se faire brasser et je peux t’assurer que ça arrive. Mais quand il le fait, ce n’est pas un défoulement. C’est orchestré. C’est planifié. Tu comprends où il s’en va », a poursuivi l’attaquant montréalais qui connaît une saison du tonnerre comme le confirment ses 15 buts et 34 points récoltés en 37 matchs.

 

Killorn ne m’a pas indiqué s’il faisait ici référence à la décision de Cooper de clouer Nikita Kucherov au banc lors d’un match difficile disputé un peu avant la Fêtes.

 

Mais c’est certainement un exemple d’une mesure disciplinaire planifiée et bien exécutée puisque Kucherov a bien réagi à cet « affront » survenu le 17 décembre alors qu’il a marqué trois buts et récolté sept points lors des sept matchs disputés depuis. Il a surtout maintenu un différentiel de plus 3 au cours de cette séquence alors qu’il traînait un moins-3 au fil des six parties qui ont précédé son séjour sur le banc.

 

« On parle souvent de l’importance pour un coach de motiver son équipe, mais on oublie trop souvent de parler de l’importance de calmer son groupe. Il y a plus de côtés négatifs que de côtés positifs à être trop volubile derrière le banc. C’est du moins ma philosophie. Quand j’ai à mettre les choses au clair, je le fais là où ça doit être fait : dans le vestiaire loin de vos yeux et de vos oreilles », m’a souligné Cooper après une rencontre qui est loin d’avoir complètement satisfait le coach du Lightning.

 

Le balayage en première ronde fait encore mal

 

Jon Cooper n’était pas le seul de son camp à être insatisfait après la victoire de 2-1 aux dépens du Canadien. À l’exception du gardien Andrei Vasilevskiy qui a obtenu une première étoile amplement méritée, plusieurs de ses coéquipiers l’étaient aussi. Parce que les courtes victoires comme celle signée jeudi n’ont pas le même impact que celles de l’an dernier.

 

« L’an passé, on s’est mis à croire que tout était facile. On gagnait des matchs qu’on n’aurait pas dû gagner et on s’est mis à croire que ce serait toujours comme ça. Quand les choses ont commencé à mal aller, on ne s’est pas méfié. Et on s’est fait sortir en quatre par Columbus. On a appris de ça. On ne se laisse plus éblouir par les victoires. On sait ce que ça prendra pour gagner quand les séries viendront », a affirmé Alex Killorn.

 

Les joueurs du Lightning sont les premiers à savoir que leur saison régulière ne veut rien dire. En autant bien sûr qu’ils se qualifient pour les séries.

 

Car après leur élimination en quatre matchs après une récolte de 128 points (62-16-4), les «Bolts» pourrait gagner leurs 43 derniers matchs de la saison que tout le monde dirait : voyons maintenant ce qu’ils feront en séries! C’est donc une fois en séries qu’on verra si le Lightning aura vraiment appris de la débâcle de l’an dernier.

 

« J’aimerais te dire qu’une fois en séries cette année, on pourra faire oublier ce qui est arrivé l’an dernier. Je ne peux pas parce qu’on ne peut prédire l’avenir. Mais je peux t’assurer qu’on ne commettra la même erreur. »

 

C’est pour toutes ces raisons que je crois fermement que le Lightning doit déjà être considéré comme un de plus sérieux prétendants à la coupe Stanley. Un prétendant bien plus sérieux encore qu’il ne l’était l’an dernier.

 

En bref

 

  • Le Canadien s’est bien battu encore jeudi. Il a beaucoup mieux joué qu’il ne l’avait fait à Tampa et dans le Sud de la Floride où il a perdu coup sur coup la semaine dernière. Il a bien bâti sur sa performance de mardi en Caroline. Et une fois encore, il n’a pas lâché jusqu’à la toute fin. Mais le manque de talent offensif, combiné aux arrêts de Vasilevskiy, l’a contraint à encaisser un quatrième revers de suite...

 

  • Vrai que les blessures minent le Canadien. Un club ne perd pas Gallagher, Drouin, Armia et Byron sans en ressentir les conséquences. Mais ces blessures démontrent que la profondeur du Tricolore est loin d’être aussi satisfaisante que plusieurs le croyaient en début de saison. Jordan Weal, Nick Cousins et Dale Weise appelé en renfort sont remplis de bonnes intentions. Mais il est impossible de faire du cristal avec de la cruche...

 

  • Acquis des Sabres de Buffalo, Marco Scandella ne pourra pas porter le chandail numéro 6 puisqu’il est déjà cousu au dos du chandail du capitaine Shea Weber. J’aurais bien aimé que le Canadien lui offre le 36 que portait son oncle et ancien du Tricolore Sergio Momesso. Ça ne devra toutefois pas arriver, car il semble bien que Scandella héritera du chandail 28 que portait Mike Reilly échangé aux Sénateurs d’Ottawa pour lui faire une place. Peut-être que l’état-major changera d’idée au cours des prochaines heures en raison de la filiation entre Scandella et Momesso. Une chose est certaine, je ne crois pas que c’est Philip Varone, l’actuel détenteur du 36, qui s’opposerait à céder son numéro...