BROSSARD – Sans surprise, Mikhail Sergachev a constitué l’attraction principale pour le lancement du camp de perfectionnement du Canadien et il n’a pas déçu par son aplomb sur la patinoire et avec les journalistes.

Mis au courant que les partisans s’étaient déplacés avant tout pour lui, Sergachev n’a pu s’empêcher de rougir devant les caméras. Cela dit, c’est le seul moment où le défenseur russe a manqué de mots pour s’exprimer.

L’espoir des Spitfires de Windsor a reconnu que sa vie avait changé – pour le mieux – depuis que le Canadien l’a sélectionné au neuvième rang, le 24 juin dernier, lors du repêchage à Buffalo.  

« C’est une ville de hockey, tout le monde parle du Canadien et de gagner la coupe Stanley. C’est spécial et j’apprécie être ici », a témoigné le gaucher de six pieds trois pouces et 206 livres.

Il a d’ailleurs été envahi par les émotions quand il a signé son premier contrat professionnel avec l’équipe montréalaise.

« Je rêvais à ce moment depuis longtemps et j’ai pu l’accomplir. Les mots ne peuvent pas décrire ce que j’ai ressenti quand j’ai pris le crayon pour écrire mon nom au bas de la page », a-t-il confié.

Durant ce camp de perfectionnement qui se prolongera jusqu’à jeudi, Sergachev espère démontrer qu’il se démarque parmi les 45 joueurs présents au complexe d’entraînement du Tricolore. Au total, 23 joueurs repêchés par l’organisation participent à cette étape tout comme 4 joueurs autonomes et 18 joueurs invités (4 de la LHJMQ).

« Je veux montrer un aperçu de mon potentiel et je souhaite surtout m’améliorer de jour en jour. Il y a déjà plusieurs bons joueurs avec le Canadien donc je veux apprendre d’eux. J’ai croisé Tomas Plekanec cette semaine et j’ai été séduit par son intensité. Il travaille tellement fort, je réalise mieux à quoi ressemble la vie d’un athlète professionnel », a décrit Sergachev avec pertinence.

Ce camp demeure une étape préliminaire menant à la composition de la formation du Canadien. Sergachev n’est pas gêné de dire qu’il vise une place à Montréal dès cette année.

« C’est ce que je veux, mais on ne sait jamais, on verra plus le portrait vers la fin de l’été. J’aimerais mêler les cartes au camp du CH, mais je sais que je suis encore très jeune », a évalué celui qui était fier de pouvoir porter le chandail du Canadien sur la patinoire.

« Évidemment, je rêverais de faire mes débuts dans la LNH à l’âge de 18 ans. Je veux jouer dans cette ligue le plus rapidement possible. J’ai hâte d’affronter les meilleurs joueurs au monde », a-t-il maintenu tout en confirmant, avec prudence, qu’il a décelé une ouverture pour lui dans l’organisation à la suite du départ de P.K. Subban.

Dans l’éventualité d’un retour au niveau junior, Sergachev poursuivrait son développement avec les Spitfires de Windsor qui détiennent le privilège d’organiser la Coupe Memorial et donc de participer à ce rendez-vous d’envergure.Mikhail Sergachev

« Si le Canadien décide de me renvoyer avec les Spitfires, ce ne serait pas la fin du monde. Je voudrais aider les Spitfires à gagner la Coupe Memorial. Dans les deux cas, je me retrouverai dans un bon scénario que ce soit à Montréal ou Windsor », a convenu le sympathique espoir.

À ce propos, Sergachev a eu une réponse savoureuse pour son entraîneur à Windsor, Rocky Thompson, qui croit qu’il bénéficierait d’une saison de plus avec sa troupe pour raffiner son jeu.

« Il peut penser de cette façon, c’est bien correct. Il croit aussi qu’il est un meilleur joueur de ping-pong que moi, mais ce n’est pas vrai. Vous pouvez lui dire. Je comprends qu’il souhaite me revoir avec lui. Je sais aussi que je dois encore améliorer plusieurs aspects de mon jeu », a répondu Sergachev avec une touche d’humour.

Scherbak a peur de Sergachev

En raison de son aisance étonnante en anglais et de son caractère amusant, Sergachev a rapidement été comparé à Nikita Scherbak. Les deux joueurs russes ont pu commencer à fraterniser depuis leur arrivée au camp de perfectionnement et la connexion semble instantanée entre eux.  

Ainsi, Sergachev n’a pas perdu de temps pour s’informer auprès de son compatriote sur certains sujets.

« Oui, il me demande différentes choses, mais j’ai peur de lui, il est trop gros! », a lancé Scherbak avec son typique sens de l’humour.  

« C’est un jeune divertissant. Je ne le connais pas encore beaucoup, peut-être que nous deviendrons des amis et peut-être que non », a-t-il poursuivi en riant.

Sur un ton plus sérieux, Scherbak a été épaté par les atouts de son camarade qui est passé par la même période d’adaptation que lui.

« Il est même meilleur, j’ai été surpris quand je l’ai entendu parler, c’est impressionnant », a témoigné l’attaquant sur les aptitudes anglophones de Sergachev.  

Sergachev déborde de confiance

Sur cette question, l’élève doué a offert cette modeste explication.

« J’ai une professeure, je ne sais pas si elle verra l’entrevue, mais je la remercie pour son aide. Mes coéquipiers et les entraîneurs me donnent également un coup de main. »

Le scénario actuel laisse donc croire que Sergachev a toutes les raisons de se réjouir. Perçu comme un athlète très prometteur, il se considère chanceux de perfectionner son art dans une organisation qui compte plusieurs Russes.

Au cours des prochaines semaines, il apprendra à connaître non seulement Andrei Markov, Alex Galchenyuk et Alexei Emelin, mais aussi Alexander Radulov. D’ailleurs, Sergachev a constaté l’ampleur de cette signature dans son pays d’origine.  

« C’est une très grosse histoire, c’était le meilleur joueur en KHL et l’un des meilleurs au monde à mon avis. Il travaille très fort, je l’ai vu aller notamment à l’entraînement avec l’équipe nationale, il était puissant comme une bête », a-t-il mis en perspective.

On pourrait croire qu’il a tout adoré depuis son entrée dans la famille du Canadien et son arrivée à Montréal, mais une petite exception demeure et elle est reliée à sa présence à l’ouverture locale des Alouettes jeudi dernier.

« C’est merveilleux, j’ai vu certaines parties de la ville et Montréal est l’une des belles villes que j’ai vues. Mais je n’aime pas le football même si c’était amusant comme activité. C’est un sport physique, mais je vois moins ce qui est intéressant dans l’action », a avoué Sergachev sans aucune gêne.