D’accord, je modifie l’expression française consacrée un tantinet, mais avouez qu’elle s’applique parfaitement une fois la pilule avalée.

Comme plusieurs de mes billets, celui-ci viendra avec un avertissement : je ne m’attarderai pas à la démagogie et à ce qui est populaire. Beaucoup d’encre a déjà noirci les pages analysant cette transaction. J’espère vous amener ailleurs, plus près de l’action. Là où j’ai évolué pendant douze ans, là où je me bâtis une seconde carrière depuis six ans.

P.K. Subban est un être exceptionnel, il comprend tous les rouages qui façonnent un personnage public en 2016 : stratégies de communication, proximité de la communauté, implication sociale et caritative, relations avec les médias et incursion dans la culture populaire. Ils sont rares les joueurs de hockey, aussi professionnels soient-ils, qui acceptent de conjuguer tous ces aspects parallèlement à leur rôle premier d’athlète. (Souvenez-vous de cette dernière phrase, elle servira de justification plus tard).

La NFL regorge de ce genre de personnalités, les sports individuels rêvent d’en avoir un plus grand nombre. GQ et le New York Times n’impriment pas d’articles traitant de Adam Foote et Luke Richardson. En fait, ils ne parlent pas non plus de Joe Sakic et Jonathan Toews, s’amusant plutôt à les surnommer « Captain Serious » et autres références farfelues ayant trait à leur complet gris, noir ou bleu marin (sarcasme).

P.K. Subban améliore la qualité de vie des gens qu’il côtoie, il utilise son immense talent et sa popularité pour attirer l’attention et tenter de changer les mœurs d’un monde qui semble immuable. Tout cela n’a pas de prix, tous les êtres humains les plus performants dans leur domaine devraient aspirer à autant. Dans cet esprit, il importe peu que lorsque Subban et Weber ont appris la transaction, l’un soupait au foie gras à Paris et l’autre était sur son bateau à Kelowna. Mais la traduction franche et nette dans un sport collectif où la somme des talents n’identifie pas systématiquement l’équipe gagnante n’est pas nécessairement positive au bout du compte.

Ce dernier phénomène est amplifié au cours d’une saison où le point d’analyse principal hors glace est le manque de leadership lors des moments troubles. Une équipe forte et unie peut facilement transporter, voire élever, un élément dissident qui suit son propre algorithme. Au sein d’une équipe bien menée et aspirante, un personnage de la trempe de Subban (Brett Hull à Dallas à l’époque) est un bruit de fond dans le vestiaire.

À Montréal, sans Price, il était une voix assourdissante qui retentissait dans un porte-voix aux oreilles de ses coéquipiers. Quand Michel Therrien a fait sa sortie suite au match à Denver la saison dernière, il s’est fait le porte-parole de la grande majorité de son vestiaire et de son personnel hockey, n’en déplaise aux oreilles sensibles, même si je suis fermement en désaccord avec la façon de faire de l’entraîneur à ce moment.

Une fois engagé dans un processus collectif, surtout lorsque les temps sont durs, tout ce qu’un coéquipier ou un dirigeant veut voir, c’est l’assurance que toutes les énergies sont canalisées vers un seul but commun (justification précédente), peu importe le niveau des résultats finaux. Croyez-moi, des temps durs à Columbus et à Tampa j’en ai vécus.

La pression du 1er juillet

Shea Weber impose le respect que Subban n’aurait jamais été en mesure d’engendrer dans une telle situation. Il ralentira sûrement au cours des dix années restantes à son contrat, mais il ne possède pas de clause spéciale interdisant une transaction future, et ce, depuis l’offre hostile qu’il avait signée avec les Flyers.

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De plus, une retraite hâtive reviendrait hanter les Predators, et non les Canadiens, comme ils ont accordé les années de contrat suivant les 35 ans de Weber. Finalement, et outre le fait que les deux équipes voulaient savoir où elles en sont avant de signer de potentiels agents libres, P.K. ne bénéficiera vraisemblablement pas de sa propre clause spéciale ayant été échangé avant le 1er juillet 2016, clause obligatoire pour l’équipe octroyant le contrat, mais pas transférable à Nashville à moins d’entente particulière.

Marc Bergevin économise aussi 1,2 M$ sous le plafond salarial, ce qu’il tentera désormais d’utiliser pour trouver un attaquant capable d’évoluer au sein d’un des deux premiers trios de son équipe.