BROSSARD – Le temps des décisions approche pour Michel Therrien, ses adjoints et leur patron, le directeur général Marc Bergevin.

Le camp d’entraînement prendra fin samedi avec la présentation du septième et dernier match prévu au calendrier préparatoire. Dans les heures qui suivront, l’état-major du Canadien procédera aux dernières coupes qui lui permettra de forger l’effectif de 23 joueurs qui seront disponibles pour lancer la saison régulière le 7 octobre contre les Maple Leafs de Toronto.

Même si la composition de son noyau est prévisible, quelques interrogations subsistent quant aux éléments qui formeront la profondeur du club. Quel défenseur sera retourné dans la Ligue américaine? Qui sera laissé à l’écart du quatrième trio? Carey Price se retrouvera-t-il avec un nouvel adjoint?

« C’est une journée où je ne peux pas vraiment m’avancer, parce qu’il reste encore bien du temps - pour nous en tout cas, s’est limité à dire Therrien mercredi. On n’a pas de décision à prendre demain matin ou ce soir. Les décisions vont se prendre après les deux matchs et on prendra les meilleures à court, moyen et long terme pour le bien de notre organisation. »

« Je suis ici devant vous, mais j’essaie de patiner le plus possible et j’ai hâte que ça finisse! », s’est-il plus tard esclaffé avant de prendre congé des journalistes, qui ne peuvent pour l’instant que spéculer sur les intentions de la direction.

À la veille du premier match d’une série aller-retour contre les Sénateurs d’Ottawa au cours de laquelle Therrien a fait part de son intention d’utiliser pratiquement tout son monde, Jacob De La Rose et Devante Smith-Pelly, qui ont tous les deux terminé la saison dernière avec le grand club, pratiquaient sur un « cinquième trio » aux côtés de Charles Hudon tandis que Sven Andrighetto chaussait les patins du 16e attaquant.

En défensive, Jarred Tinordi était jumelé à Greg Pateryn alors que Mark Barberio faisaient la paire avec Noah Juulsen, une recrue destinée à un retour au niveau junior.

« La compétition à l’interne, ça force les athlètes à être disciplinés et à offrir une bonne performance parce qu’ils savent que quelqu’un est prêt à prendre leur place », a noté Therrien avec sagesse. Mais ses joueurs ont-ils tous reçu le mémo?

« Je crois que je fais tout ce que le personnel d’entraîneur attend de moi, estime Smith-Pelly, qui ne connaît pourtant pas un camp du tonnerre. J’applique de l’échec-avant, je patine avec acharnement et bien sûr, je me suis adapté au système de l’équipe. »

Acquis des Ducks d’Anaheim en retour de Jiri Sekac l’hiver dernier, Smith-Pelly n’a récolté que six points en 32 matchs, dont une douzaine de séries éliminatoires, à ses débuts avec le CH. Le gros attaquant avait dit être arrivé au camp d’entraînement dans une meilleure forme physique, mais malgré ses efforts, il se retrouve avec des compagnons de trio inexpérimentés qui semblent destinés à débuter l’année dans la Ligue américaine.

« Il y a plusieurs gars ici, alors quelqu’un doit bien le faire. Ça ne change rien à mon attitude. Je me contente de travailler fort et on verra ce qui arrivera. »

De La Rose parlait lui aussi sur un ton qui ressemblait plus à de la résignation que de la détermination.

« Ça ne dépend pas de moi. C’est la direction qui décidera où elle veut me faire jouer. Je suis prêt pour l’une ou l’autre des options et je prends la vie au jour le jour », a dit le Suédois de 20 ans.

Tinordi, quant à lui, est encouragé par les performances qu’il a été en mesure de livrer en matchs préparatoires.

« L’été a été très long pour moi. J’étais peut-être un peu rouillé au début, je n’avais pas joué depuis très longtemps. Mais mon dernier match a probablement été mon meilleur et je tenterai de faire encore mieux si on me donne une autre chance. »

Choix de première ronde du Canadien en 2010, Tinordi pourrait se retrouver à la croisée des chemins au cours des prochains jours. Si l’équipe prenait la décision de le renvoyer dans la Ligue américaine, elle devrait d’abord le soumettre au ballottage et risquer de le perdre aux mains d’une autre formation.

Mais le défenseur format géant préfère ne pas se perdre dans les différents scénarios qui poignent à l’horizon.

« Il y a de quoi devenir fou si on commence à s’en faire avec tout ça. Mon but est de jouer ici et nulle part ailleurs. »

Une bonne nervosité pour Tokarski

Fidèle au plan qu’il dit avoir établi avant le début du camp d’entraînement, Therrien donnera un dernier départ à Carey Price jeudi au Centre Bell et confiera le filet à Dustin Tokarski samedi à Ottawa.

Le gardien numéro deux du Canadien la saison dernière n’a joué que dans un seul des cinq premiers matchs préparatoires de l’équipe. Titulaire contre les Capitals de Washington le 24 septembre, il a accordé trois buts sur 22 lancers en près de 25 minutes d’action.

Pendant ce temps, Mike Condon, qui s’est approprié le poste de numéro un des Bulldogs de Hamilton la saison dernière, a été parfait. Il a arrêté les 21 tirs dirigés vers lui contre Washington et a blanchi les Maple Leafs de Toronto avec une performance de 17 arrêts deux jours plus tard.

Aux yeux de plusieurs, Condon représente une réelle menace à Tokarski pour l’obtention du poste d’auxiliaire à Price, mais s’il s’en fait avec la présence d’un compétiteur aussi féroce dans les parages, « Tikker » le cache bien.

« Je crois que c’est une bonne chose de devoir rester sur les talons et de sentir un peu de nervosité, a-t-il calmement exprimé. Chaque jour, peu importe qui et où vous êtes, vous devez être prêt à tout donner pour être compétitif. C’est la Ligue nationale, on ne peut rien prendre pour acquis. »

« La compétition, ça fait partie du hockey, a acquiescé Therrien. On est satisfait de voir des jeunes joueurs cogner à la porte et tenter de laisser une bonne impression pour monter dans la LNH. ‘Tikker’ n’a qu’à rester lui-même et à arrêter les rondelles comme il l’a déjà fait pour nous dans le passé. On prendra nos décisions en temps et lieu. »

Si les récentes performances des cerbères du CH ne favorisent pas Tokarski, le cerbère originaire de la Saskatchewan a l’avantage d’avoir une feuille de route plus étoffée que son concurrent. Il a déjà disputé 32 matchs dans la LNH, dont cinq en situation de pression extrême alors qu’il avait dû remplacer Price dans les séries éliminatoires du printemps 2014 contre les Rangers de New York.

Au niveau professionnel, Condon n’a qu’une saison dans la Ligue américaine derrière la cravate.

« Absolument, je crois que ça m’aide, n’hésite pas à dire Tokarski. Je suis un gardien de la LNH et je crois que mes expériences antérieures doivent être prises en considération. »

« C’est un gars qui a une force de caractère extraordinaire, a vanté Therrien. C’est l’une des raisons qui expliquent pourquoi il a été capable de jouer dans la Ligue nationale. C’est un battant, ce gars-là. Il a des qualités qu’on apprécie. Mais je ne veux pas trop m’avancer… »