Nous voici déjà à la dernière semaine de ce court calendrier de l’après lock-out dans la Ligue nationale de hockey. Et bien qu’il reste encore plusieurs choses à déterminer d’ici la fin, permettez-moi de partager avec vous quelques réflexions à l’amorce de ce dernier droit.

Un seul véritable objectif

Plusieurs se demandent quels objectifs réalistes peut se fixer le Canadien de Montréal à l’amorce de cette dernière semaine qui se déroulera entièrement à l’étranger. Conserver au moins le quatrième rang de l’Association Est est assurément prioritaire, puisque cela procurerait ainsi au moins l’avantage de la patinoire lors du premier tour. Jouer à la maison n’est pas une garantie absolue de victoire, surtout en première ronde, mais n’importe quelle équipe choisirait d’abord cette option, bien évidemment.

Cela dit, Michel Therrien a lui-même défini récemment, à plusieurs reprises, son grand objectif global pour l’ensemble de l’organisation, même s’il ne l’a pas fait directement. En réponse aux nombreuses questions des journalistes après les récentes défaites de sa troupe, il a répété la phrase suivante : « nous serons prêts pour les séries! »

Cela veut dire, en clair, qu’il cherchera d’abord à ramener à la surface le niveau de compétitivité qui a caractérisé le jeu de l’équipe pour la grande majorité de la saison. « Compétitivité » veut dire plus que de la vitesse, plus que des mises en échec, plus que des tirs bloqués. « Compétitivité » veut aussi dire concentration absolue, application des règles de base du plan de match, prise de décision adéquate, exécution responsable. Voilà des facteurs qui sont essentiels en séries éliminatoires et qui ont grandement fait défaut lors des récents déboires du CH. Déjà, les derniers entraînements menés par l’entraîneur Therrien sont allés en ce sens et même si cette dernière semaine de la saison régulière ne sera pas de tout repos, du point de vue des déplacements, elle permettra quand même un peu de temps de glace précieux entre les trois dernières rencontres.

Le vrai défi, après tout, commence mardi de la semaine prochaine.

Le fameux premier but

Je partage entièrement l’inquiétude des partisans du Canadien à l’amorce de ce dernier segment qui conduira l’équipe à une participation inespérée aux séries de fin de saison. Au-delà des résultats, c’est la façon dont elle s’est comportée sur la patinoire qui déroute complètement les observateurs. Au fil de ses succès, quelques fils conducteurs sont apparus et comme par magie, ils ont tous disparus, récemment.

Je retiens notamment la notion du premier but marqué lors d’un match. À part quelques équipes bien nanties sur le plan de l’attaque, la plupart des formations de la LNH puisent un incroyable « momentum » en marquant les premiers contre l’adversaire. Dans le cas du Canadien, deux tendances opposées peuvent être observées. La première porte sur les trente premiers matchs de la saison, au cours de laquelle le Tricolore a marqué le premier but à 22 reprises (73,3 %). Sa fiche globale fut alors de 20-5-5 et seulement quatre de ces victoires sont survenues après avoir concédé le premier but.

Au cours des 15 derniers matchs, le Canadien a marqué le premier but du match à seulement 7 reprises (46,6%). Or sa fiche globale au cours de ce dernier segment est tout à fait identique, soit 7 victoires et 8 revers. Voilà donc une façon de comprendre le rendement décevant des dernières semaines.

Pour marquer le premier but, il faut évidemment connaître un début de match en conséquence; il faut aussi, en d’autres circonstances, être en situations vulnérables pour que l’adversaire saute sur l’occasion. Or, le mauvais rendement de Carey Price n’est pas le seul facteur valable dans ce dernier cas. C’est l’ensemble de l’opération défensive qui fait défaut, tôt dans le match, depuis un certain temps. Le Canadien a été remarquable en unité de cinq dans son territoire lors de la grande majorité de la saison. Et il a été plutôt lamentable, dernièrement. Cela a ouvert la porte à l’autre équipe et parallèlement, a réduit d’autant la qualité du jeu de transition qui a souvent servi de tremplin au Canadien.

Voilà donc un sous-objectif intéressant à déployer d’ici samedi prochain : être prêt à jouer dès la première mise en jeu!

Plekanec, mon héros obscur

Je suis de ceux qui ont apposé le nom de Brandon Prust sur mon bulletin de vote en vue de l’attribution du trophée Jacques-Beauchamp et donc, je ne peux qu’endosser sa sélection. Mais je vous l’avoue, sans réduire d’aucune façon le mérite de Prust, mon premier choix était…Tomas Plekanec. Sur le bulletin de vote qui nous est remis, on définit ainsi la nature du trophée : « le joueur qui contribue au succès de l’équipe sans en retirer d’honneur particulier ».

Or, Plekanec répond on ne peut plus parfaitement à cette définition. Regardons d’abord ses statistiques globales. Il évolue en moyenne plus de 19 minutes par match, ce qui en fait l’attaquant le plus utilisé par Michel Therrien, une minute complète devant celui qui vient au deuxième rang, Brian Gionta. Il est utilisé dans les trois situations de jeu (supériorité, infériorité, égalité numérique), ce qui en fait un joueur d’une importance capitale. Il affiche une efficacité de plus de 50% lors des mises en jeu, ce qui est d’autant plus appréciable qu’on lui confie la plupart de celles qui sont cruciales pour son équipe. Plekanec a marqué le premier but d’un match à six reprises, un facteur extrêmement important comme on le disait précédemment. Après 44 matchs, il avait marqué 13 buts et récolté 32 points, ce qui le place au 4e rang des marqueurs de son équipe. Doit-on en rajouter?

Et bien oui, une toute dernière observation, de haute importance, du reste, en marge du trophée Jacques-Beauchamp. Plekanec n’a reçu qu’une seule petite étoile au Centre Bell, depuis le début de la saison. C’était la troisième, le 16 février, à l’issue d’un match contre les Flyers au cours duquel il avait pivoté un trio qui a récolté 5 ponts! À part cela, rien, niet!

Tomas Plekanec joue le rôle de premier centre sans en avoir les véritables caractéristiques et ce, depuis plusieurs saisons avec le Canadien. Michel Therrien me disait encore samedi qu’il est véritablement son principal joueur à qui il confie les missions importantes de toutes natures, sans la moindre hésitation.

Voilà pourquoi il était mon tout premier choix.