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RÉSULTATS

Leçons d'une dégelée

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MONTRÉAL - Les Golden Knights ont maximisé leur séjour à Montréal qui est, encore aujourd'hui, l'une des destinations les plus prisées de la LNH.

Au lendemain d'une soirée au cours de laquelle ils ont profité des joies gastronomiques du Joe Beef, Jonathan Marchessault et ses coéquipiers ont mangé le Canadien tout rond.

Bon! Vous direz que le score final – 6-5 – est loin d'illustrer un match à sens unique. Que le fait d'avoir marqué cinq buts aux dépens des champions de la coupe Stanley, d'avoir perdu la rencontre par un petit but et d'être passé à un cheveu de niveler les chances avec cinq secondes à faire en troisième période devrait même permettre aux joueurs du Tricolore de se bomber le torse de satisfaction.

La réponse est non. Car les 93 – oui, oui, 93! – tirs que les Knights ont décochés contre les 51 du Tricolore – une domination de 43-28 au chapitre des tirs cadrés – illustrent bien plus l'allure du match de jeudi que le score final.

Ça ne veut pas dire que les joueurs du Tricolore n'ont rien à tirer de positif de cette défaite.

Au contraire!

Pas champions pour rien

Les Knights ont donné le ton dès la première mise en jeu du match : au surlendemain d'un revers aux mains des Capitals, à Washington, ils avaient bien l'intention de venger cette première défaite encaissée par jeu blanc cette saison.

Malgré un barrage de 18 tirs contre six seulement pour le Canadien, les Knights ont pourtant retraité au vestiaire avec un recul de deux buts. Un recul de 0-2.

La panique est loin de s'être installée dans le vestiaire des Knights. Un brin d'impatience peut-être, mais pas de panique.

« On savait qu'on était quand même la meilleure des deux équipes et qu'on avait beaucoup mieux joué qu'eux. Il fallait simplement s'assurer de ne pas se mettre à tricher. Parce que quand tu commences à tricher tu te causes plus de problèmes que tu t'aides. Il fallait juste garder confiance et s'assurer de ne pas laisser notre incapacité de marquer au cours des quatre dernières périodes s'installer », que Marchessault a expliqué après le match.

Mark Stone est allé plus loin dans son analyse.

« Il faut être capable de prendre ce que le match d'offre », a lancé le capitaine des Knights. Un genre de savoir « jouer la game dans la game », de Martin St-Louis.

« S'il y a une chose que notre conquête de la coupe Stanley l'an dernier nous a permis de comprendre, c'est que pour gagner sur une base régulière dans la LNH d'aujourd'hui, pour être champion, tu dois gagner de toutes les façons qu'il est nécessaire de gagner. C'est bien beau de jouer un système en visant des gains serrés de 2-1 ou 3-1. Des fois, comme ce soir, les systèmes défensifs prennent le bord et tu dois trouver une façon d'être celui qui sortira gagnant au bout de cette course. On a les effectifs, le talent et l'expérience pour nous permettre de gagner de plusieurs façons. Quand tu y penses, on a marqué six buts ce soir et ça me semble timide comme production parce qu'on aurait pu en ajouter quelques-uns », que Stone a nuancé.

Profiter de ses chances

Et c'est ça que les joueurs du Canadien devraient tirer comme leçon de leur revers de jeudi.

Chanceux, ou immensément opportunistes si vous trouver que chanceux est exagéré, d'être en avant 2-0 après le premier tiers, le Canadien n'a pas adapté son jeu au match qu'il disputait. Il n'a pas profité de la chance que les arrêts aussi nombreux que solides réalisés par Cayden Primeau – deux ou trois vols au cours de la seule première période – lui avaient donnée au cours des 20 premières minutes pour briser la tendance qui s'installait.

Il a continué à gaver l'adversaire de rondelles offertes par le biais de revirements, de mauvaises passes et de batailles perdues. Il a continué à écoper des pénalités. Il a gaspillé une de ses trois attaques massives en donnant un but important aux Golden Knights.

Un but qui a changé l'allure du match en début de deuxième période alors que Brett Howden a passé la rondelle sous le bras de Primeau qui n'a pas bien paru sur le jeu.

Cet arrêt face au tir de Howden, Primeau et ses coéquipiers en avaient besoin pour éviter que le match tourne de bord. 

Ce qui d'ailleurs est arrivé. 

Vrai que Jesse Ylönen a redonné une avance de deux buts au Tricolore dans les minutes qui ont suivi – je suis le seul à me demander pourquoi on n'a pas donné plus de temps d'utilisation à Ylönen qui semblait en feu jeudi. Genre de lui permettre de remplacer Josh Anderson au sein de la première unité d'attaque massive? – mais ce but de Howden a confirmé aux joueurs des Knights ce que Mark Stone avait mentionné au cours du premier entracte. Quelque chose comme : « On continue à prendre ce qu'ils nous offrent et on va revenir dans le match... »

« L'attaque massive nous a permis de marquer nos trois derniers buts. Cela a fait une grosse différence, c'est évident. Mais c'est le but en désavantage qui nous a vraiment lancé, qui a ravivé la confiance », que Bruce Cassidy a mentionné après la victoire.

Primeau et les tirs qu'il aimerait revoir

Il serait injuste et même déplacé d'imputer le poids de la défaite à Cayden Primeau. Sans ses arrêts, les Knights auraient pu atteindre le plateau des 10 buts. 

Mais au-delà les miracles qu'il a multipliés, le jeune gardien a donné quelques buts qu'il aimerait revoir comme le veut l'expression consacrée.

C'est parce que le Canadien croit encore qu'il est possible que Primeau soit capable de remplir un rôle avec le grand club – et aussi parce que les gardiens du Rocket sont loin d'être prêts à venir en relève en cas de blessures à Jake Allen ou Samuel Montembault – que l'état-major maintient le ménage à trois qui ne satisfait personne.

Avec les arrêts multipliés au cours du match de jeudi, Primeau a confirmé qu'il est capable de tenir son bout dans la LNH. C'est pour cette raison que d'autres clubs profiteraient de sa présence au ballottage pour faire son acquisition à titre de police d'assurance.

Ce qui lui reste à démontrer toutefois, c'est qu'il peut maintenant évité les « mauvais buts » accordés aux mauvais moments. Le genre de mauvais buts qui ont souvent porté ombrage à ses performances au fil des trois dernières saisons.

Tenez : Adin Hill (82,1 % d'efficacité) a été statistiquement moins brillant que Cayden Primeau (86 % d'efficacité) jeudi. Et dans les faits aussi.

Mais avec cinq secondes à faire en troisième, avec une mince avance d'un but à protéger, le gardien des Knights a fait la différence dans le match en se dressant devant Nick Suzuki qui avait le but égalisateur au bout de la lame de son bâton.

Cet arrêt a fait oublier les cinq buts accordés plus tôt dans le match. Incluant celui de Justin Barron qui a fait 6-5 avec 54 secondes à faire.

Le but accordé à Howden n'efface pas tout ce que Primeau a fait de bien et de bon lors du match de samedi. Vraiment pas! ll doit quand même rappeler à Primeau que pour confirmer son statut de vrai gardien de la LNH, il devra réduire le nombre de « tirs qu'il aimerait revoir. »

Entre les lignes

-    Pendant que ses coéquipiers attendaient dans le vestiaire la fin de l'hommage rendu par le CH à Karl Tremblay avant le match, Jonathan Marchessault – Je n'ai pas pu poser la même question à William Carrier et Nicolas Roy – s'est rendu près de la bande. « Je tenais à être là. C'était beau. Et j'ai bien aimé le fait d'entendre autant de tounes des Cowboys pendant le match », que Marchessault a indiqué...

-    L'hommage orchestré par le CH était effectivement beau et bien fait. L'idée d'accrocher à un micro un chandail à son nom avec le numéro 76 dans le dos – ami du grand chanteur, notre collègue François-Étienne Corbin a expliqué qu'il portait le 76 en raison de son année de naissance – pour la durée de la chanson « les étoiles filantes » qui faisait doucement vibrer le Centre Bell était géniale.

-    Si Arber Xhekaj et les partisans du CH ont été surpris de voir le gros défenseur se retrouver les quatre fers en l'air après la mise en échec l'opposant à Ivan Barbashev, Jonathan Marchessault ne l'a pas été du tout. « Il est fort et solide sur ses patins sans bon sens. Je le vois souvent aller et je peux t'assurer que ce n'est jamais lui qui sort du mauvais côté d'une mise en échec... »