Sans être arrogant, au contraire plutôt, Marc Bergevin a démontré une droiture et une fermeté hors du commun lors de son point de presse du 1er juillet. Avoir l’intention de sortir des sentiers battus pour essayer d’en arriver à son objectif est une chose, mais d’avoir l’audace de poser ce genre de geste inhabituel et de franchir cette ligne (déposer une offre hostile) est bien différent.

 

D’entrée de jeu, personne ne doute que les opinions diffèrent dans la sphère de la LNH, non pas sur le talent du jeune attaquant finlandais Sebastian Aho, mais davantage sur la décision et la prise de position du grand patron de la Sainte-Flanelle de s’aventurer sur ce terrain miné. Cette offre hostile déposée lors de l’ouverture du marché des joueurs autonomes suscite de fortes réactions un peu partout.

 

« Business is business », telle a été l’explication fournie par Bergevin pour expliquer son geste, lui qui est rémunéré pour prendre des décisions et assumer une certaine forme de leadership dans les moments de fortes chaleurs. Le DG du CH a également pris la peine de rappeler, avec fermeté, que s’il y avait une loi non écrite au niveau des offres hostiles personne ne lui avait transmis le message.

 

Loin d’être naïf, Bergevin était de plus en plus conscient que les astres étaient alignés sur ce genre de possibilité en raison de la qualité des joueurs autonomes avec restriction disponibles (Aho, Marner, Point, etc.).

 

Malgré le mécontentement possible de certains de ses collègues du circuit, le DG du Tricolore a su se libérer du regard et du jugement de ceux-ci dans ce processus sans gage de succès.

 

Or, loin d’être un prophète de malheur, reconnaissons que les chances de voir les Hurricanes de la Caroline égaler l’offre déposée par le Canadien sont très bonnes. Après tout, les Hurricanes évoluent dans un marché où la popularité de la formation est loin d’être acquise, et ce, malgré le buzz de la dernière saison.

 

Bergevin a aussi fait preuve d’une certaine créativité au niveau de la conception de l’offre déposée à Aho, en ajoutant plusieurs bonis à la signature, chose qui est devenue monnaie courante dans le monde actuel de la LNH, question de se doter d’un plus grand pouvoir de négociation.

 

Même si « les affaires sont les affaires », certains, avec raison, reprocheront au directeur général du Canadien d’avoir placé presque tous ses œufs dans le même panier avec cette action, et, en quelque sorte, se menotter sur d’autres options potentielles à très court terme.

 

À l’opposé, certains diront que Bergevin tente le tout pour le tout afin de greffer un chaînon important à la formation montréalaise autant sur le court terme que sur les années futures.

 

Rappelons que les Hurricanes ont maintenant sept jours pour prendre position de façon formelle dans le désir ou non d’égaler l’offre déposée par le Canadien au clan Aho.

 

À défaut d’une réponse favorable, le marché des transactions deviendra fort possiblement la voie à emprunter pour le CH afin de faire de cette équipe une formation supérieure à la saison précédente.

 

Dans un tel cas, Begervin devra inévitablement se départir de certains actifs (jeunes) ou choix au repêchage pour combler certaines lacunes de la formation actuelle.

 

Cela irait cependant à l’encontre de la vision du principal concerné, car cela voudrait dire qu’il faudrait dévier du plan qu’il a dressé lui-même dans la relance de cette franchise pour les années futures. On parle ici du repêchage et du développement à l’interne des jeunes joueurs de l’organisation.

 

Or, en raison de l’absence d’une présence en séries éliminatoires le printemps dernier, et ce, malgré une récolte de 96 points, et une absence répétée trois fois au cours des quatre dernières années, Bergevin risque de devoir changer ses plans question de répondre aux attentes du marché montréalais.

 

Sénateurs : s’associer aux difficultés du moment

 

Pour celui qui occupe la chaise de directeur général chez les Sénateurs d’Ottawa, soit Pierre Dorion, il nous parle des défis et non des difficultés du moment. Or, rappelons-nous dans les faits la traversée du désert qu’aura eu à parcourir le DG des Sens depuis son entrée en poste à titre de grand patron.

 

Très habille publiquement dans la façon de masquer certains de ses propres états d’âme, Dorion peut fort possiblement se consoler qu’un brin de lumière semble se pointer au bout du tunnel tant sur le moyen que le long terme en raison de cette relève qui lentement, mais surement se rapproche de plus en plus de la grande ligue. Un exercice qui exige cependant encore une grande patience dans le développement et le cheminement de chacun.

 

Dans les faits, malgré certains mouvements de personnel soit par le biais de transactions ou dans la libération de certains actifs, la prochaine saison risque d’être aussi difficile pour Ottawa que la précédente.

 

En contrepartie, le fait d’avoir choisi de rebâtir de fond en comble pour les années futures et d’aller au bout de ce choix n’est pas toujours chose facile dans le quotidien. Il s’agit d’un test d’adversité qui demande et exige beaucoup d’énergie et de courtes nuits de sommeil, autant dans les situations sous son contrôle que hors de son contrôle.

 

En prenant soin de greffer certains vétérans d’expérience dans l’environnement immédiat des jeunes Sénateurs, en prévision des zones de turbulence potentielles dans un long marathon de 82 parties, Dorion tente de couvrir ses arrières.

 

Cela peut fonctionner tant et aussi longtemps que ces vétérans seront acheteurs du plan de redressement organisationnel sur le moyen et le long terme.

 

Le fameux « buy in » que l’on aime utiliser à outrance, question de clarifier les motivations de chacun dans leurs rôles et responsabilités par rapport à l’objectif ultime.

 

Cody Ceci : un changement fort possiblement salutaire

 

Entretemps, je suis un de ceux qui croit sincèrement que le changement d’air pour le défenseur d’expérience, et natif de la région de la capitale nationale, Cody Ceci, ne peut qu’être salutaire.

 

Ceci a transporté l’étiquette de défenseur à caractère défensif ayant la responsabilité de neutraliser les meilleurs éléments dans le camp adverse. Soir après soir au cours des dernières années, il a joué de grosses minutes, et ce, malgré un sens du jeu dans la moyenne en territoire défensif.

 

Je suis loin d’être convaincu que cette chaise collait parfaitement à la peau de celui qui a subi à plusieurs occasions les foudres de certains amateurs qui en avaient tout simplement fait leur souffre-douleur.

 

De se retrouver avec une formation aussi explosive en attaque que celle des Maple Leafs de Toronto donnera peut-être la chance à cet ancien choix de 1re ronde (en 2012; 15e au total) la liberté de s’exprimer offensivement et peut-être de retrouver l’élément confiance dans son jeu pour les années futures.

 

Ayant la réputation d’être un bon coéquipier et une très bonne personne, je souhaite la meilleure des chances à celui qui aura été associé à l’organisation des Sénateurs d’Ottawa au cours des six dernières campagnes.

 

« Je réponds à Geoff Molson et aux partisans, pas aux autres D.-G. »