Comme tous les petits gars et de plus en plus de petites filles d’Amos où il a grandi, de l’Abitibi, du Québec et de la planète hockey au grand complet, Nicolas Roy a marqué mille fois plutôt qu’une le gros but propulsant son équipe vers une victoire en prolongation.

Comme tous les petits gars et de plus en plus de petites filles d’Amos où il a grandi, de l’Abitibi, du Québec et de la planète hockey au grand complet, Roy a marqué tous ces buts dans la rue, la cour d’école, la patinoire du quartier et bien sûr dans ses rêves.

Au Centre Bell dimanche soir, le rêve est devenu réalité.

« J’ai toujours rêvé de marquer un but contre le Canadien au Centre Bell. Le fait de le marquer en prolongation rend l’expérience encore plus extraordinaire », que Roy a reconnu après la victoire de 2-1 qu’il a offerte aux Golden Knights 78 secondes après le début de la période de prolongation.

Une victoire cruciale on en conviendra tous alors que les Knights reprennent le contrôle de la série qui se poursuivra mardi soir à Vegas au lieu d’avoir à faire face à l’élimination.

Une victoire qui a couronné un vol de grand chemin perpétré par Roy et ses coéquipiers.

Car les Golden Knights ne méritaient pas la victoire dimanche. Pas plus que le Canadien ne méritait de se sauver avec le gain en prolongation qu’il a signé, vendredi, alors que Josh Anderson a nivelé les chances avec moins de deux minutes à faire au match avant de marquer en prolongation.

Match parfait en défense... ou presque

Le Canadien méritait bien plus de gagner que les Knights dimanche, car il a disputé son meilleur match de la finale de l’Ouest dimanche. L’un de ses meilleurs depuis le début des séries.

Surtout sur le plan défensif.

En jouant du hockey très serré, du hockey prudent oui, mais surtout très efficace, le Canadien a continué à faire la vie dure aux gros attaquants des Golden Knights.

Mark Stone n’a pas obtenu le moindre tir au but. Il en a décoché un seul.

Max Pacioretty a cadré quatre des huit tirs qu’il a tentés, ce qui semble beaucoup, mais il n’a vraiment mis à l’épreuve son ancien coéquipier qu’à deux reprises. En première moitié de match, l’ancien capitaine du Canadien était aussi effacé que lors des trois premières rencontres. Hué copieusement chaque fois qu’il s’apprêtait à toucher la rondelle, Pacioretty donnait l’impression de vouloir affronter n’importe quelle équipe sauf le Canadien; de jouer n’importe où sauf au Centre Bell.

Jonathan Marchessault a tiré sept fois en direction du filet du Canadien. Il n’a touché la cible qu’à deux reprises. Comme le reste de ses coéquipiers, le Québécois était tellement pressé en zone du Canadien et peut-être aussi tellement intimidé par Carey Price qu’il n’y avait rien ou si peu derrière les tirs décochés.

Le trio de Marchessault – piloté par William Karlsson et complété par Reilly Smith – a été plus visible que lors des trois premiers matchs. Il s’est même permis quelques séquences intéressantes en zone ennemie. Mais il n’a pas réussi à percer la défensive du Tricolore.

Après trois périodes, les Knights n’avaient obtenu que 18 tirs. La grande majorité de ces tirs ne constituait pas de véritables occasions de marquer.

Venu appuyer l’attaque en milieu de troisième période, Brayden McNabb a trouvé une façon de glisser la rondelle entre Price et le poteau sur sa gauche. Mais ce but qui nivelait les chances 1-1 était bien plus un coup de chance qu’un coup de maître.

Jusque-là, un poteau frappé par le grand défenseur Alex Pietrangelo et une rondelle déviée par Ben Chiarot devant son gardien avaient donné aux Knights de meilleures occasions de marquer tant le Canadien contrôlait à merveille l’enclave devant Price.

Même Jesperi Kotkaniemi, affreux lors du troisième match et dépassé par les événements depuis le début de la finale, s’était imposé avec quelques solides interventions défensives autour du filet de Price.

Tout cet excellent travail du Canadien lors des trois premières périodes, toute cette grande efficacité affichée lors des 60 premières minutes ont pris le bord en prolongation.

La défense du Canadien a perdu le contrôle de l’enclave après avoir perdu le contrôle de la rondelle, Pacioretty en a profité pour effectuer une passe parfaite à Roy qui a pu profiter de deux occasions pour déjouer Price, marquer le but le plus important de sa carrière jusqu’ici et permettre à son équipe de voler la victoire.

Tout ça sous l’œil de ses parents, de ses beaux-parents, de sa sœur et de son beau-frère qui devaient représenter 90 % des partisans des Knights à l’intérieur du Centre Bell dimanche soir.

Lehner donne raison à DeBoer

Bien que Roy ait marqué le but de la victoire, c’est le gardien Robin Lehner qui a été le grand responsable du vol perpétré par les Knights au Centre Bell dimanche.

Venu en relève à Marc-André Fleury, Lehner n’avait disputé qu’un match depuis le début des séries. Un match qu’il avait perdu 7-1 en lever de rideau de la série opposant son équipe à l’Avalanche du Colorado qui les a coiffés par des poussières au premier rang du classement général.

Comme plusieurs, je peinais à croire que Lehner puisse sortir du banc et venir s’imposer devant la cage des Knights.

Mais il l’a fait.

Victime d’un but sur les 28 tirs qu’il a affrontés – Paul Byron l’a déjoué en fin de période médiane avec un tir parfait au-dessus de l’épaule droite au terme d’une échappée – Lehner a été très solide devant son filet. Il a réalisé un arrêt qui a changé le cours de la rencontre en s’imposant devant Cole Caufield lors d’une échappée. Cet arrêt, son troisième aux dépens du jeune marqueur du Tricolore qui avait obtenu deux bons tirs sur une même séquence plus tôt dans le match, a privé le Canadien de prendre les devants 2-0. Avec les résultats qu’on connaît.

« Les rapports de dépistage soulignaient que ce joueur est un excellent marqueur et qu’il favorise la partie supérieure ou le trou entre les jambières. Plus il s’approchait, plus il me semblait évident qu’il allait tenter de me glisser la rondelle entre les jambes. C’est ce qu’il a fait et je me suis assuré de fermer le trou », a raconté le gardien.

Si Lehner mérite les éloges pour la performance qu’il a offerte en relève de Fleury, son coach Peter DeBoer mérite qu’on salue son instinct d’avoir pris une décision pas évidente. Une décision qui a initialement été contestée sur tous les fronts.

Une décision qui n’avait rien à voir avec la gaffe de Fleury en fin de match vendredi, alors qu’il a servi le but égalisateur sur un plateau d’argent au Canadien en remettant la rondelle devant une cage déserte à Anderson.

« Cette gaffe n’a rien à voir avec la décision que j’ai prise. Marc-André a été excellent pour nous depuis le début des séries. Il l’a été toute la saison. Il est la raison pour laquelle nous sommes rendus dans le carré d’as. Mais Marc-André a joué beaucoup de hockey. Il est le gardien qui a disputé le plus grand nombre de matchs avec Andreï Vasilevskiy qui est 10 ans plus jeune que lui. Je sentais Marc-André fatigué. Lors du premier match contre Montréal, il était reposé et nous a donné sa meilleure performance. Je suis payé pour donner à cette équipe les meilleures chances de gagner et j’étais convaincu que Robin nous donnerait le genre de performance qu’il a offerte ce soir. C’est tout à son honneur. Nous avons beaucoup de profondeur au sein de cette équipe. J’ai fait des changements à l’attaque et à la ligne bleue parce que j’avais les moyens de le faire. J’ai deux excellents gardiens à ma disposition et j’ai choisi de les utiliser les deux », a expliqué DeBoer après la rencontre.

Si DeBoer était convaincu du bien-fondé de sa décision, plusieurs l’étaient moins, voire pas du tout. Lehner s’est d’ailleurs servi de tous les doutes affichés à son endroit comme source supplémentaire de motivation.

« Je ne suis pas un gardien spectaculaire, mais je suis capable de faire mon travail. Je suis toujours le premier arrivé à l’aréna. J’y arrive quatre heures avant les matchs. Aujourd’hui, j’ai passé les deux premières heures à lire vos commentaires sur Twitter. Je vous remercie d’ailleurs d’avoir affiché autant "d’amour" à mon endroit. De voir autant de doutes sur mes chances de réussite, des doutes qui venaient surtout de chez nous (Las Vegas) m’a beaucoup aidé à me préparer en vue de ce match », a lancé Lehner qui se considère d’abord et avant tout comme un bon coéquipier.

« Moi et Marc-André sommes de grands complices. Je l’ai appuyé depuis que nous sommes ensemble et il était derrière moi ce soir. C’est ça une équipe. Je me sentais très impliqué même si je ne jouais pas et là j’ai eu à venir en relève. Vous ne semblez pas comprendre ce que c’est de faire partie d’une équipe », a conclu le gardien suédois qui a été fidèle à lui-même en se livrant comme un grand livre ouvert devant les journalistes.

Est-ce que Fleury aurait pu offrir une performance aussi solide que celle de Lehner? Est-ce qu’il aurait pu réaliser l’arrêt aux dépens de Caufield en échappée, arrêt qui est devenu le point tournant du match?

Bien sûr que oui!

Mais dans une situation où une victoire du Canadien aurait acculé son équipe au pied du mur, DeBoer devait prendre une décision pour secouer son club. Il l’a prise. Et le match lui a donné raison de l’avoir prise.

Le coach des Golden Knights doit maintenant trouver une manière d’être aussi efficace afin de relancer son attaque massive. Car dimanche encore, ses meilleurs joueurs ont été lamentables lors de la seule attaque à cinq obtenue.

Depuis le début la série, les Knights ont bousillé les 11 avantages numériques obtenus aux dépens du Canadien. Oui Price et les spécialistes de la défensive du Canadien ont été bons. Mais les gros canons des Knights qui ont été affreusement mauvais. Avec quatre maigres buts en 39 occasions, les Golden Knights affichent une efficacité de 10,26 %. La pire efficacité des 16 clubs ayant accédé aux séries.

Entre les lignes

Anderson s’est donné des allures de missile à tête chercheuse dimanche alors qu’il a asséné dix mises des 40 mises en échec distribuées par le Canadien...

Le fait qu’Anderson ait été le plus actif à ce chapitre n’est pas vraiment surprenant. Il est toutefois renversant de voir que c’est Nick Suzuki qui vient au deuxième rang avec sept mises en échec...

Brendan Gallagher travaille sans relâche sur la patinoire. Il a été au centre de plusieurs poussées du Tricolore dimanche. Ses neuf tirs tentés dont cinq ont touché la cible en témoignent. Mais Gallagher devra trouver le moyen de traduire ses occasions en but plus souvent s’il veut permettre à son équipe de reprendre le contrôle de la série face aux Knights...

En 56 matchs de saison régulière, les Knights ont maintenu une efficacité de 17,8 % qui les a laissés au 22e rang de la LNH.