Les Bruins de Boston n’ont pas imité les Capitals de Washington : ils n’ont pas pris le Canadien à la légère. Au lieu de se dire que le vent finirait bien par tourner en leur faveur, Patrice Bergeron et sa bande ont pris les moyens pour le faire tourner. Et Dieu qu’il a tourné. Résultat : ils ont signé une victoire convaincante de 4-1.

 

Équipe de l’heure dans la LNH, les Bruins ont signé une troisième victoire de suite. Ils ont prolongé à 16 leur séquence de matchs consécutifs avec une récolte d’au moins un point (12-0-4). Et comme si cette statistique n’était pas déjà assez éloquente, ajoutons qu’ils n’ont encaissé que trois revers en temps réglementaire (21-3-4) à leurs 28 derniers matchs.

 

Difficile de dire si les Bruins réussiront à rejoindre, voire à dépasser, le Lightning de Tampa Bay tout en haut du classement de l’Association Est et même du classement général. Mais les Oursons seront gros et forts lorsque les séries se mettront en branle le printemps prochain. Rien à voir avec le Canadien qui sortira bien maigrichon une fois son hibernation terminée.
 

Pourquoi le Canadien a-t-il perdu?

 

La vraie question est plutôt pourquoi les Bruins ont gagné? Et la réponse est simple : tout simplement parce qu’ils sont trop forts pour le Canadien. Comme l’a candidement reconnu l’entraîneur-chef Claude Julien après le match son équipe «n’est pas au niveau des Bruins.»

 

Ça sautait aux yeux.

 

Le Tricolore ne s’est pas écrasé devant les Bruins comme il l’a bêtement fait mercredi à Boston. Le Tricolore s’est battu autant qu’il a pu. Mais voilà, on a rapidement vu à quel point il est incapable de rivaliser avec un vrai club de hockey qui décide de jouer au hockey pour vrai.

 

Oui le Canadien a pris les devants.

 

Oui Carey Price n’a rien fait pour aider la cause de son club en accordant un vilain but à David Pastrnak qui a tiré du coin. Pas question de tenter de défendre Price sur ce jeu, car il devait faire l’arrêt. Mais comme l’a souligné Vincent Damphousse dans l’Antichambre après la rencontre, ce but était bien plus que simplement le fruit du hasard. Pastrnak savait ce qu’il faisait lorsqu’il a tiré la rondelle devant le filet. Il savait que Brad Marchand se trouvait de l’autre côté du filet et que la rondelle aurait pu le rejoindre pour lui offrir de tirer dans une cage déserte. Il savait aussi que la rondelle pourrait surprendre le gardien et peut-être dévier derrière lui.

 

C’est ce qui est arrivé.

 

Ce but a dérangé Price. Le gardien du Canadien a d’ailleurs assumé le blâme pour le revers dans ses commentaires d’après matchs.

 

Mais si le premier but a freiné l’élan initial de son équipe, le deuxième l’a éteint complètement. Et sur ce but, je considère que Price se devait d’effectuer l’arrêt.

 

La défensive du Canadien s’est fait étourdir par des Bruins trop vites, trop vifs, trop précis pour le Tricolore en zone défensive, mais bien que Torey Krug ait décoché un tir de grande qualité au-dessus de l’épaule droite de Price, le gardien pouvait effectuer cet arrêt. C’est justement ce genre d’arrêt qui a permis à Price de faire du Canadien une meilleure équipe qu’elle ne l’est dans les faits au cours des dernières années. C’est un arrêt comme celui qu’il devait effectuer qui a permis à Price d’hériter du titre ronflant de meilleur gardien au monde et d’obtenir le contrat de 88 millions $ qu’il empochera à compter de l’an prochain.

 

Comprenez-moi bien : Price n’a pas été faible sur le but de Krug. Et la défaite ne se résume pas à ce but. Loin de là. Mais Price pouvait et devait effectuer l’arrêt pour donner une chance à son club de rester dans le coup.

 

Ou au moins de tenter d’y rester.

 

Parlant d’y rester, le Canadien reste à neuf points des Penguins et du dernier rang donnant accès aux séries. En prime, le Tricolore doit rejoindre et dépasser cinq clubs pour hériter de la deuxième des deux places réservées aux équipes repêchées. Je sais, les chances d’accéder aux séries ne sont maintenant que mathématiques, mais bon… il faut bien donner un portrait clair de la situation.

 

Mes observations reliées à cette défaite du Tricolore :

  1. Le travail de Byron,
  2. L’éveil de Pacioretty
  3. Quand la « puck » ne sort pas...
  4. Une défensive mollassonne
  5. Un dégagement refusé qui fait mal

Chiffre du match : 42 - S’ils ont connu plus de bonnes que de mauvaises soirées jusqu’ici dans le cadre des duels les opposant aux meilleurs trios des autres camps, Tomas Plekanec, Brendan Gallagher et Artturi Lehkonen ont été piétinés par Patrice Bergeron – le Québécois a récolté une passe en plus de se faire refuser un but à la suite d’une contestation pour hors-jeu, Brad Marchand et David Pastrnak samedi.

 

Les trois spécialistes de la défensive du Tricolore ont terminé la soirée avec un différentiel combiné de moins-7.

 

Ce genre de catastrophe devait bien se produire considérant que Montréal croisait Boston pour une troisième fois en huit jours et que le trio de l’heure chez les Bruins doit être considéré comme le trio de l’heure dans la LNH. Patrice Bergeron (9 buts, 15 points), Brad Marchand (5 buts, 16 points) et David Pastrnak (5 buts, 11 points) totalisent 42 points à leurs neuf derniers matchs. Les trois fers de lance des Bruins totalisent 131 points cette saison. C’est huit de plus que les 123 que revendiquent les six joueurs évoluant au sein des deux premiers trios du Canadien samedi.

 

Comment il a dit ça encore Claude Julien? Son équipe n’est pas au niveau des Bruins...

 

Le travail de Byron

 

Je ne crois pas une seconde que Paul Byron soit davantage un joueur de centre que le sont Jonathan Drouin ou Alex Galchenyuk. Qu’à cela ne tienne : appelé en renfort en raison des blessures subies par Phillip Danault et Andrew Shaw, Paul Byron ne perd pas de temps et d’énergie à compliquer indûment sa nouvelle affectation. Il se contente de faire ce qu’il fait de mieux. Il travaille, il patine, il prend les moyens pour arriver à ses fins. Byron a réalisé tout un jeu sur le seul but du Canadien samedi. Avec sa fougue et sa vitesse, il est venu voler une rondelle en zone neutre avec un excellent repli. Il s’est servi de sa vitesse pour effectuer un virage et prendre le territoire des Bruins d’assaut. Il s’est servi de ses mains pour effectuer une belle passe soulevée et du revers s’il-vous plaît qui s’est retrouvée sur la lame du bâton de Max Pacioretty qui a marqué.

 

Byron n’est pas fort aux cercles de mises en jeu. C’est vrai. C’est pour cette raison que Charles Hudon dispute la majorité des mises en jeu. Mais une fois la rondelle déposée, « Ti-Paul » joue du bon hockey. Du vrai hockey. Dommage que tous les joueurs qui ont bien plus de talent que lui au sein de cette équipe n’affichent pas la même éthique de travail. Car ils seraient bien meilleurs et le Canadien serait du coup lui aussi bien meilleur...

 

L’éveil de Pacioretty

 

Max Pacioretty est rendu à sept buts en sept matchs. Mieux encore, il a marqué dans six de ces sept parties affichant une forme de constance bien plus importante que le nombre de buts proprement dit.

 

Ces sept buts lors des sept derniers matchs du Tricolore placent Pacioretty à 15 buts et à un but de Brendan Gallagher qui ne devrait pas être le meilleur franc-tireur du Tricolore.

 

Pacioretty devra en marquer d’autres des buts, beaucoup d’autres pour faire oublier ses déboires du début de saison. Je me demande même s’il pourra y arriver. Car ses nombreux détracteurs – rarement vu un joueur aussi lapidé de critiques démesurées – soulignent avec fracas qu’il est trop tard pour produire et qu’il est surtout très facile d’y arriver maintenant que le Canadien joue sans pression.

 

Je ne sais pas s’il affrontera les Flyers de Philadelphie le 26 février prochain au Centre Bell ou s’il sera passé à une autre formation d’ici la date ou l’heure limite des transactions.

 

Mais si Pacioretty change de camp et obtient la chance d’évoluer avec un solide centre de premier plan, j’espère que ses détracteurs reconnaîtront qu’en dépit quelques défauts évidents – il n’est pas le premier marqueur à fonctionner par séquence, à être victime d’une confiance à géométrie variable qui entraîne des matchs ordinaires – Pacioretty avait aussi une qualité qui n’est pas courante chez le Canadien : celle d’être en mesure de marquer plus de 30 buts par année…

 

Quand la « puck » ne sort pas...

 

Le Canadien en arrache en désavantage numérique cette saison. Vous direz qu’il en arrache pas mal partout, mais en désavantage numérique, ça fait pitié vraiment cette saison alors qu’il est 26e sur les 31 clubs du circuit avec une efficacité oscillant autour de 78 %.

 

Des largesses de gardiens ont certainement contribué à cette statistique franchement mauvaise.

 

Mais encore samedi soir, on a vu à quel point les défenseurs du Canadien sont loin d’aider la cause de leur gardien en bousillant des sorties de rondelle pourtant évidentes à compléter. Jordie Benn deux ou trois fois, David Schlemko une fois ou deux ont carrément remis la rondelle aux joueurs des Bruins en zone du Canadien au lieu de les repousser à 200 pieds du filet de Carey Price.

Il s’agit pourtant de l’une des facettes les plus faciles à réussir sur une patinoire. Mais le Canadien est champion pour rater ces sorties et inviter ses adversaires à continuer à mettre de la pression sur ses gardiens. Avec les résultats qu’on connaît.

 

Le Canadien a écoulé les trois avantages numériques des Bruins hier. Il peut remercier l’œil vif du responsable vidéo qui a souligné que le patin de Patrice Bergeron était entré avant la rondelle sur un jeu qui a mené au but du Québécois près de 45 secondes plus tard. Car au cours de la séquence qui a suivi ce hors-jeu initialement raté par le juge de lignes, Benn a raté un dégagement et Schlemko a perdu la rondelle derrière Carey Price offrant une chance que Patrice Bergeron ne pouvait rater.

 

En passant, je n’ai pas reçu de doléances de la part de fans outrés du Canadien en raison d’une contestation associée à un but marqué longtemps après l’entrée de zone fautive. Rien à voir avec les réactions des fans du Tricolore sur un jeu similaire qui a coûté un but à leurs favoris lundi dernier contre les Islanders.

 

Il faut croire que lorsque c’est en faveur du Canadien… c’est bien correct!

 

Une défense mollassonne

 

Je vous ai parlé dans l’item précédent des déboires défensifs des Benn et Schlemko qui sont soit trop lents ou trop mollassons pour rivaliser avec des adversaires ou pour remporter des batailles à un contre un le long des rampes ou autour du filet.

 

On peut ajouter à ces deux noms, celui de Karl Alzner qui, encore hier, a eu les mains pleines chaque fois qu’il s’est retrouvé devant un joueur des Bruins. Et il en a croisé plusieurs…

 

On ne reviendra pas sur la déclaration de Marc Bergevin qui considérait au tournoi de golf en septembre dernier que la défensive de son équipe serait aussi bonne sinon meilleure que celle de l’an dernier. Il regrettera cette déclaration longtemps, car elle le suivra comme son ombre pour la durée de son règne à titre de d.-g. du Tricolore. Et même après…

 

Mais bien qu’il soit évident que l’absence de Shea Weber fait très mal au Tricolore et qu’elle envenime une situation qui était déjà précaire avec un Weber en forme et en santé, je ne peux croire une seconde que l’état-major du Canadien ait cru une seconde que Schlemko, Alzner, Morrow et Davidson – qui est maintenant à Edmonton – étaient en mesure, même en combinant leurs efforts, de remplacer Andrei Markov.

 

Quelle gaffe!

 

Un dégagement refusé qui fait mal

 

Parlant de gaffe, plusieurs amateurs ont signifié, avec raison, leur surprise de voir le Canadien offrir son quatrième trio en opposition au trio de patrice Bergeron en milieu de deuxième période. Un duel dont ont profité les Bruins pour prendre les devants 2-1.

 

On sera tous d’accord pour dire que ce duel était tout à fait inégal. Qu’il était presque suicidaire d’opposer Byron Froese (3 en 9 hier soir aux cercles des mises en jeu) à Patrice Bergeron qui a fini sa soirée de travail avec une efficacité de 67 % (12 en 18).

 

Mais ce n’était pas une gaffe.

 

Les membres du quatrième trio se sont rendus coupables d’un dégagement refusé. Ils ne pouvaient donc revenir au banc pour permettre au trio de Plekanec d’aller affronter celui de Bergeron que Bruce Cassidy a aussitôt envoyé sur la patinoire.

 

Le trio de Plekanec a connu une soirée difficile. C’est vrai. Mais ses chances de résister au trio de Bergeron auraient quand même été meilleures. Car une fois la mise en jeu gagnée par le Québécois, la rondelle a fait le tour du territoire du Canadien et s’est retrouvée derrière Carey Price avant que les membres du 4e trio aient compris ce qui leur arrivait.

 

Le gaffe sur ce but c’est le dégagement refusé. Et non l’inertie du coach qui n’a pas envoyé le bon trio sur la patinoire…

 

C’est congé chez le Canadien dimanche.

 

Place à l’Avalanche du Colorado mardi et aux Hurricanes jeudi. Après, ce sera la pause du match des étoiles. Et si la tendance se maintient, on pourra vraiment confirmer que le Tricolore est alors bel et bien largué de la course aux séries...