MONTRÉAL - Contrairement aux Penguins de Pittsburgh qui répètent depuis vendredi à qui veut bien l’entendre qu’ils auraient dû battre le Canadien en ronde de qualification, les Flyers de Philadelphie ont pris les bons moyens pour gagner.

 

Plutôt que de foncer tête baissée en se disant que Carey Price tomberait un moment donné à court de miracles et que la logique les favorisant serait respectée, les Flyers ont joué du hockey serré pour garder le Canadien les deux pieds sur terre.

 

Résultat : ils ont signé une victoire de 2-1 pour prendre les commandes de la série. Une victoire moins convaincante qu’anticipée; mais une victoire quand même.

 

Bien préparés, conscients des risques guettant les clubs qui prennent le Canadien à la légère, les Flyers ont favorisé l’efficacité au spectacle. Une décision qui leur a grandement souri. Surtout lors des premier et troisième tiers, des périodes au cours desquelles ils ont largement dominé l’ensemble du jeu.

 

Blanchie en 11 occasions lors du tournoi à la ronde, l’attaque à cinq des Flyers devait rebondir un moment donné : elle l’a fait en première alors qu’Ivan Provorov a marqué sur un tir de la ligne bleue.

 

Paul Byron, en tentant de bloquer le tir a fait légèrement dévier la rondelle. Mais le jeu clef sur ce but a été réalisé par Jakub Voracek qui a grandement compliqué le travail de Carey Price en servant d’écran devant lui. S’il avait pu suivre la trajectoire de la rondelle, Price, comme n’importe quel gardien, aurait effectué un arrêt de routine. Mais lorsqu’il a vu le disque, il était déjà derrière lui.

 

« Nous avons ajusté notre jeu en attaque à cinq lors des entraînements. Nous avons été plus directs dans nos assauts ce soir que nous l’avions été lors des trois premiers matchs. On a généré plus d’occasions. Nous en avons eu plusieurs aussi lors du quatre contre trois plus tard dans le match, mais nos tirs ont manqué de précision. Il faudra y voir », a commenté Ivan Provorov qui a lui-même raté la cible à trois reprises pendant ce quatre contre trois favorisant les Flyers.

 

Le travail de Voracek sur le premier but du match et celui de ses coéquipiers qui ont aussi défilé devant la cage du Tricolore au cours de la rencontre démontre clairement que les Flyers entendent favoriser l’efficacité au spectacle dans cette série.

 

Après avoir vu les Penguins canarder Carey Price sans arriver à le déjouer, les Flyers ont pour objectif de maximiser les occasions de marquer qu’ils généreront.

 

Une très bonne idée! Inversement, une bien mauvaise nouvelle pour le Canadien qui devra créer des chances au lieu de les recevoir en cadeau comme c’est arrivé très souvent face aux Penguins.

 

Encore une réplique rapide

 

Si les Flyers ont contrôlé les 20 premières et les 20 dernières minutes du match, la période médiane a été l’affaire du Tricolore.

 

Mené par Nick Suzuki qui a multiplié les beaux jeux, les belles passes, les bonnes décisions, le Canadien s’est très souvent buté à Carter Hart. Le gardien qui célébrera ses 22 ans jeudi (13 août) a affiché une concentration, une agilité et un calme digne de son idole qui se dressait à l’autre bout de la patinoire.

 

Presque parfait dans ses déplacements et sa gestion de la rondelle autour de lui, Hart a été victime d’un très rare but du Tricolore en avantage numérique. Shea Weber a sauté sur un long retour et profité d’une mêlée qui compliquait le travail du jeune gardien pour niveler les chances 1-1.

 

L’ennui pour le Tricolore, et il est de taille, c’est que les Flyers ont repris les devants 16 petites secondes après la reprise du jeu.

 

Joel Farabee, bien campé devant Carey Price, a fait dévier une rondelle tirée par le défenseur Travis Sanheim. Oublié par Brett Kulak, Farabee a pu sauter sur le retour accordé par Price après l’arrêt initial.

 

Une fois encore, les Flyers ont gagné une bataille devant le filet du Tricolore et ont été récompensés. Le Canadien devra y voir sans quoi, la série défilera rapidement.

 

Dix fois en saison régulière, le Canadien s’est fait poivrer un but moins de 60 secondes après avoir lui-même marqué. Il a perdu sept des dix matchs (3-4-3) au cours desquels il a fait preuve d’une telle générosité.

 

Tatar: un boulet pour Suzuki!

 

Impressionnant en première ronde, Nick Suzuki a repris là où il avait laissé après l’élimination des Penguins. Il a été très bon. Il est même passé à un cheveu de niveler les chances en fin de troisième, mais son tir des poignets a frappé la barre horizontale plutôt que les mailles du filet.

 

Malheureusement pour Suzuki, ses compagnons de trio n’ont pas joué à sa hauteur. Particulièrement Tomas Tatar qui a connu un match très difficile mercredi. Il semblait en retard sur tous les jeux. Il semblait même absent.

 

En première période, il a effectué une belle poussée au centre. Avec deux Flyers qui fonçaient droit sur lui, le jeune joueur de centre a gardé son calme et a lentement fait glisser la rondelle entre ses adversaires en direction de la ligne bleue ou arrivait Tatar.Ce dernier n’a jamais vu la rondelle. Pire, il n’a jamais flairé le jeu, comme s’il n’avait pas compris, voire considéré que Suzuki pouvait lui offrir une passe semblable.

 

Tatar a été ordinaire contre les Penguins. Il a été mauvais hier. Il devra se retrouver rapidement, car pour le moment il représente un boulet qui empêche Suzuki et Gallagher d’assumer le rôle de leader offensif qui revient au premier trio.

 

Il est permis de se demander si Claude Julien ne devrait pas songer à insérer Max Domi à la gauche de Suzuki et Gallagher. Une décision pour pourrait à la fois fouetter Tatar tout en incitant Domi à profiter de cette ouverture pour clairement démontrer qu’il n’a pas à croupir au sein d’un quatrième trio.

 

L’effort est là, pas les résultats

 

Nick Suzuki a donné le ton pour le Canadien dans le premier match face aux Flyers.

 

Jesperi Kotkaniemi a lui aussi encore disputé un bon match entre Drouin et Armia qui, sans être mauvais, doivent être plus incisifs et productifs qu’ils ne l’ont été encore hier.

 

Après avoir tenu tête aux Crosby et Malkin en ronde de qualification, Suzuki et Kotkaniemi se retrouvent maintenant devant Sean Couturier.

 

Candidat – c’est mon premier choix pour obtenir le trophée – au trophée Frank Selke, Couturier a déjà sa place parmi les attaquants les plus complets et les plus efficaces de la LNH.

 

Comment entend-il éviter le piège normal pour un centre de son niveau de prendre des adversaires aussi jeunes et sans expérience à la légère?

 

« Je ne regarde jamais vraiment contre qui je joue. Je m’assure d’abord et avant tout de remplir les missions que j’ai à remplir à chacune de mes présences. Il n’y a pas de secret. Tu dois éviter de tricher. Tu dois jouer de la bonne façon. Ils sont peut-être jeunes, mais ils ont aussi beaucoup de talent. Tu dois respecter ce talent quand tu te retrouves contre eux sur la glace », m’a répondu Couturier lors de la conférence d’après match.

 

On ne peut rien reprocher à Phillip Danault. Impérial aux cercles des mises en jeu – il a disputé 28 des 59 mises en jeu disputées dans le match en maintenu une efficacité de 57 % -- Danault s’est aussi signalé par l’efficacité de son jeu en défensive. Il a d’ailleurs sauvé un but en troisième pendant une attaque massive des Flyers.

 

Quelques-uns de ses coéquipiers ont aussi connu de forts matchs. Artturi Lehkonen a travaillé comme un forçat. Son talent limité l’a empêché de profiter des belles occasions qu’il a créées.

 

À la ligne bleue, les Weber, Chiarot et Petry ont été solides. Comme on s’y attendait. Brett Kulak a été très actif. Il s’est même permis une poussée jusque dans l’enclave des Flyers. Seconde nature associée à son rôle de défenseur ou excès de nervosité, Kulak qui n’avait qu’à tirer du revers pour défier Carter Hart a plutôt dégager la rondelle de l’enclave. Dommage!

 

Mete et Ouellet? On a bien sûr relevé quelques jeux approximatifs. C’était prévisible. Mais Mete a utilisé sa vitesse de manière efficace à quelques occasions et Ouellet a bloqué six tirs en appui au travail de Carey Price.

 

Il faudra plus qu’un bon match pour gagner

 

Dans l’ensemble le Canadien a disputé un bon match. Un match qui a donné l’impression que le Tricolore peut rivaliser avec les Flyers. Du moins, c’est ce qu’indique le score final.

 

Mais attention!

 

En se disant qu’ils finiront bien par gagner en jouant comme ils l’ont fait lors du premier match, le Canadien se rendra coupable du même « crime » qui a conduit les Penguins en vacances. Car oui le Canadien a disputé un pas pire match de hockey, mais les Flyers ont simplement fait ce qu’ils avaient besoin de faire pour gagner. Rien de plus.

 

Pour vraiment s’offrir la chance de signer une victoire, de prolonger la série, voire de causer une autre grande surprise, le Canadien ne devra pas se contenter de disputer un bon petit match de hockey comme il l’a fait mercredi. Il devra être meilleur que les Flyers comme il a été meilleur que les Penguins en ronde de qualification, particulièrement dans le match décisif la semaine dernière.

 

Et ça, ce ne sera pas facile, car les Flyers sont loin d’avoir offert le maximum de leur potentiel lors du premier match. Ils ont simplement fait ce qui était nécessaire pour gagner.