Compte tenu de sa position au classement, l'entraîneur du Canadien Michel Therrien doit s'assurer que ses joueurs jouent avec fierté d'ici la fin du calendrier, particulièrement lors des rencontres au Centre Bell. Les amateurs paient le gros prix pour assister aux matchs et ils sont en droit d'exiger que chaque joueur fasse son maximum pour le club.

Malgré la défaite, le Canadien a quand même joué un bon match face aux Red Wings jeudi. D'ailleurs, l'équipe joue mieux depuis quelques matchs. La brigade défensive est décimée et de nombreux jeunes s'y sont greffés. C'était normal qu'il se produise un certain nombre d'erreurs. Il y en a encore, mais c'est un peu mieux maintenant. On voit que les gars jouent mieux en équipe et les parties sont plus intéressantes à regarder qu'il y a une dizaine de jours. Le Canadien ressemble à un club de hockey et je crois que les entraîneurs font du bon travail.

Dans les circonstances, Michel doit faire tout en son possible pour que sa troupe garde un bon moral et ait du plaisir à jouer au hockey jusqu'au dernier match.

Pendant quelques années, j'ai vécu des situations similaires au Canadien alors que je travaillais pour le Wild du Minnesota au moment où l'équipe était en développement. On disait aux joueurs qu'on voulait des efforts. Les joueurs du Canadien ne sont pas des imbéciles et ils savent qu'avec tous les défenseurs sur le carreau, il y aurait plus d'erreurs. L'important à mes yeux est de bien jouer en équipe et on verra par la suite pour les résultats. Ça ne sert à rien de chercher des 10 000 raisons puisqu'on les connaît. Il faut que les joueurs en uniforme fassent leur boulot au mieux de leurs compétences. Il y en a d'autres à la recherche de contrat pour l'an prochain qui doivent aussi trouver un moyen de sortir du lot.

Ce n'est pas une ligue où il est facile de participer aux séries, et ce, même quand ton club est en santé. Ça devient donc nettement plus compliqué quand ton équipe est touchée massivement par les blessures comme c'est le cas chez le Canadien. On dit aussi que c'est une ligue de gardien et le Tricolore a perdu le sien, qui est considéré comme le meilleur au monde sans compter le nombre de défenseurs tombés au combat. Beaucoup de formations embêtées par les blessures cette saison ne participeront pas aux séries. L'an dernier, le Canadien n'a pas eu beaucoup de blessés et il a atteint les séries éliminatoires.

Une bonne impression

Le nombre de blessés chez le Canadien nous permet de jeter un oeil à la relève. Certains joueurs laissent une bonne impression, notamment le défenseur Greg Pateryn qui est assuré de commencer à Montréal en septembre. De match en match, il est de plus en plus à l'aise. Je trouve qu'il fait sentir sa présence et qu'il est physique autour du filet. Il apporte ce dont le Canadien a besoin et je crois qu'il deviendra un bon actif pour le club à la ligne bleue.

Darren Dietz va éventuellement faire sa place dans la LNH. Encore une saison ou deux dans les ligues mineures et il deviendra un bon arrière dans le circuit Bettman.

En attaque, on parle beaucoup de Michael McCarron qui démontre beaucoup d'ardeur au travail. Je ne veux pas dire que c'est un joueur avec un grand sens du hockey, mais il donne tout ce qu'il a et il défend ses coéquipiers.

On dirait qu'un vrai quatrième trio prend forme avec Mike Brown, Torrey Mitchell et Lucas Lessio. À trois, ils forment un trio imposant qui amène de l'action qu'on ne voyait pas avant. Je pense que c'est le type de joueurs que l'entraîneur aime beaucoup. Je n'aurais aucun mal à vivre avec un quatrième trio de ce type.

Le fameux Vendredi saint

C'était lors du Vendredi saint en 1984 lors d'un match entre le Canadien et les Nordiques de Québec. Bien peu d'amateurs dans la province ont oublié cette rencontre marquée par deux mêlées générales au Forum de Montréal.

La rivalité était tellement forte entre les deux villes qu'on se doutait que ça exploserait un jour. Peut-être pas de cette façon, mais je crois que si l'arbitre Bruce Hood avait fait son travail comme il aurait dû le faire en indiquant les pénalités aux joueurs alors que les deux équipes étaient au vestiaire, on aurait assisté à autre chose. Il a plutôt laissé tous les gars revenir sur la glace, même ceux qui étaient chassés du match. Il n'en fallait pas plus pour mettre de nouveau le feu aux poudres. Les joueurs expulsés s'en sont alors donnés à coeur joie avant la reprise du match.

Quand je rencontre d'anciens joueurs du Canadien et des Nordiques qui étaient de cette partie, tout le monde est unanime pour dire que si l'arbitre avait agi d'une autre façon, la suite des choses aurait été différente. Quand on se croise, on se dit comment c'était incroyablement pas beau! Les choses sont allées trop loin.

C'était l'époque de la rivalité Michel Bergeron contre Jacques Lemaire, des francophones contre les francophones. Même les joueurs anglophones se sont laissés prendre au jeu. C'était une rivalité vraiment intense.

Des amateurs d'un certain âge m'en parlent parfois en me disant qu'ils n'oublieront jamais cette partie, qui fait partie des annales du sport au Québec. Moi aussi, je ne l'oublierai jamais.

*Propos recueillis par Robert Latendresse