On dit souvent que ce qui se passe dans le dernier droit du calendrier de la Ligue nationale peut avoir des répercussions importantes en séries éliminatoires. Il y a des moments au cours desquels il est possible, voire nécessaire, de refiler certains messages.

Ça vient de se produire au cours de la séquence de matchs Canadiens-Sénateurs. Compte tenu de la domination du Canadien, comment les Sénateurs, par exemple, réagiront-ils si jamais le déroulement des séries les oblige à affronter leurs rivaux du Québec? D’un côté, on aura une formation pas très inquiète à la suite de ses trois victoires. De l’autre, un adversaire qui vient de se faire jouer sérieusement dans la tête.

Que doit-on retenir de ces trois derniers affrontements? Que le Canadien est allé chercher six points dans un moment où il ne pouvait se permettre d’en perdre un seul, que le gardien Craig Anderson, qui a déjà causé toutes sortes d’ennuis au Canadien, vient d’être battu trois fois; que les trois buts du dernier match contre lui ont été marqués grâce à des tirs identiques du côté de la mitaine et que l’équipe de Claude Julien est parvenue à les vaincre malgré l’inertie quasi totale de ses joueurs d’impact. Finalement, les Sénateurs n’ignorent pas que battre le Canadien constitue un vrai défi quand Carey Price est en devoir.

Bref, quand on cherche à se donner une certaine prestance contre un adversaire éventuel en séries, tous les moyens sont bons pour semer le doute dans le camp adverse. Le Canadien l’a fait trois fois en l’espace de quelques jours.

C’est fou comme une victoire contre les Sénateurs peut changer des choses. Rappelez-vous tout ce qu’on disait après les revers de la dernière semaine contre Detroit et la Caroline. Il y avait de la déprime dans l’air. L’équipe ne s’était pas présentée dans un moment de la saison où chaque point de classement peut faire une différence. La confiance des amateurs était ébranlée. On disait que le Canadien n’irait pas loin en séries. On reprochait aux attaquants les plus talentueux de s’être déguisés en courant d’air. Les plus pessimistes sont allés jusqu’à prédire un autre printemps désastreux. Ces deux parties contre des adversaires prétendument faciles ont même pris fin sous les huées d’un public mécontent. Une manifestation d’impatience qui était une invitation à se réveiller avant qu’il ne soit trop tard.

Après ces deux défaites que peu de gens avaient prévues, on a rangé les chaises de parterre, mais après une troisième victoire consécutive contre les Sénateurs, on les a ressorties. C’est comme ça. Quand il est question du Canadien, les émotions voyagent presque toujours en montagnes russes.

Imaginez la réaction des partisans s’il avait fallu que l’inverse se produise : deux victoires spectaculaires contre Detroit et la Caroline, mais trois défaites en autant de matchs contre Ottawa. Non seulement le Canadien aurait-il culbuté au classement, mais c’est Ottawa qui aurait profité d’un avantage psychologique en séries.

Voilà pour le côté positif des choses. Ce qui est un brin inquiétant sur le plan individuel, c’est de savoir que très peu d’attaquants se sont offert du bon temps contre les Sénateurs. Une mention d’assistance en trois soirs pour Max Pacioretty et deux passes chacun pour Alex Galchenyuk et Alexander Radulov. Cinq buts sont venus des défenseurs, dont des filets gagnants par Jordie Benn et Shea Weber.

C’est sans doute ce que Claude Julien veut dire quand il parle de peaufiner certains aspects de son système. Julien, qui a vu neiger, sait parfaitement ce qui fait défaut dans son équipe. Il y a du travail, beaucoup de travail, à accomplir, avec très peu de temps pour le faire.

J’aime son attitude, cependant. Le ton de Julien, sans être super confiant, reste positif. Rien de ce qu’il raconte n’engendre la panique. Son visage traduit une plus grande fatigue qu’à son arrivée, mais il se garde bien de démontrer qu’il ne fait pas toujours ses nuits. N’allez pas croire qu’il ne ressent pas la pression depuis qu’il est là. Sa responsabilité première était de redresser la barque, ce qu’il a fait. Il doit maintenant la conduire le plus loin possible en séries, ce qui est loin d’être fait.

Avec sept matchs à disputer, Julien n’a pas encore quatre trios homogènes à sa disposition.  Durant une bonne partie de la saison, les analystes ont martelé que « le petit Danault est bon, mais le Canadien ne peut pas espérer gagner la coupe Stanley avec lui comme premier centre de l’équipe. »

On arrive en avril et qu’on le veuille ou non, Danault est toujours la valeur la plus sûre au centre. Il produit peu, mais il fait mille et une petites choses qui permettent à une équipe de gagner. D’un autre côté, à la veille des séries, ce n’est pas très rassurant de s’en remettre à Andrew Shaw pour pivoter le deuxième trio. C’est un bon guerrier, mais s’il était assez talentueux pour pouvoir jouer un rôle-clé à cette position, il y a longtemps qu’on aurait tenté l’expérience.

Le Canadien représente une équipe mystérieuse. Après 75 matchs, on ne sait toujours pas à quelle formation on a affaire. On ne sait jamais quel genre d’équipe va se présenter. Ça nous laisse avec une fin de calendrier intrigante, peut-être pleine de surprises.

Il était temps

L’équipe a procédé à une nouvelle photo de groupe. Il était temps. C’est fou le nombre de changements qui peuvent survenir en l’espace de quelques mois. De la photo précédente sont disparus Michel Therrien, David Desharnais, Greg Pateryn, Daniel Carr, Zach Redmond et Mikhail Sergachev. Deux autres joueurs, Mark Barberio et Sven Andrighetto, partis au Colorado, n’apparaissaient pas dans la photo.

Lundi, sept nouvelles figures se sont glissées dans le nouveau portrait de famille: McCarron, Benn, Nesterov, Ott, Davidson, King et Martinsen.

Les paris sont ouverts. Selon vous, combien en restera-t-il l’automne prochain quand la photo annuelle sera prise à l’issue du camp d’entraînement?

De la visite

Marc Bergevin a reçu de la visite dans le salon Jacques-Beauchamp, samedi soir. Vauhn Karpan, qui a rendu de précieux services au Canadien à titre de recruteur professionnel, occupe maintenant le poste de directeur du personnel des joueurs de la nouvelle concession de Las Vegas.

Karpan mériterait une médaille pour son flair. C’est lui qui a fortement recommandé à Bergevin de réclamer Paul Byron au ballottage. C’est également lui qui avait insisté pour que le Canadien repêche Brendan Gallagher.

Karpan semble être devenu un personnage fort crédible dans les cercles du hockey.