BROSSARD, Québec – Au moment où les spéculations entourant l’identité du successeur de Gerard Gallant meublent une partie du vide occasionné par la morte-saison, les architectes des deux organisations modèles de la Ligue de hockey junior majeur du Québec depuis deux ans sont en ville avec le logo du Canadien accroché à la poitrine.

Invités à venir encadrer la cinquantaine d’espoirs qui participent au camp de perfectionnement de l’équipe depuis le début de la semaine à Brossard, Éric Veilleux et Dominique Ducharme ne se considèrent toutefois pas en audition pour le poste vacant d’adjoint à Michel Therrien.

« La chance de côtoyer de bons entraîneurs »

« Je suis ici pour passer une belle semaine, aider les jeunes et apprendre moi-même également. Honnêtement, ce n’est pas une chose à laquelle je pense pour le moment », s’est contenté de répondre Veilleux (photo), un pilote de neuf années d’expérience dans la LHJMQ qui vient de connaître des saisons de 44 et 47 victoires à la tête du Drakkar de Baie-Comeau.

« Présentement, je me concentre sur le camp de perfectionnement. Je suis content d’en faire partie. D’être ici, d’apprendre à connaître les gens et de travailler avec les membres de l’organisation... Tout est positif », se plaît de son côté à dire Ducharme.

« C’est certain que c’est mon objectif de devenir un jour entraîneur dans la Ligue nationale, mais à quel moment? C’est quelque chose que je ne contrôle pas. Alors ma tête est à Halifax pour la saison prochaine », a affirmé l’homme au cœur des succès des Mooseheads.

Ducharme et Veilleux trimballent une feuille de route qui leur permettra tôt ou tard de franchir les portes du hockey professionnel. Le premier a mené son équipe à une fiche cumulative de 144-46-14 au cours des trois dernières campagnes. L’autre a piloté une équipe gagnante lors de sept de ses neuf années de services dans le circuit Courteau. Sous ses ordres, le Drakkar a atteint la finale de la LHJMQ lors de chacune des deux dernières saisons.

Chacun leur tour, ils ont soulevé la Coupe Memorial : Veilleux en 2012 à sa dernière saison avec les Cataractes de Shawinigan et Ducharme l’année suivante, au terme d’une saison où les Mooseheads n’ont perdu que six matchs en temps réglementaire en saison régulière.

Mais malgré la solidité de leur CV, les deux hommes de hockey refusent de se projeter dans l’avenir.

« Si je me couche tous les soirs en pensant à ça, je me lève le matin et j’oublie le processus par lequel j’ai besoin de passer. Alors je me concentre sur ce que je contrôle, c’est-à-dire le travail que je fais au quotidien. Pour le reste, je fais confiance à l’avenir », soutient Ducharme, 41 ans.

« C’est un honneur d’être ici, d’avoir eu la chance d’être invité, (...) sauf que chaque chose en son temps, répète Veilleux. Présentement, on est ici pour passer une belle semaine. Moi, je m’en vais à Baie-Comeau l’an prochain. On va encore avoir une bonne équipe et c’est là où j’ai la tête présentement. »

L’intelligence de Fucale

Sur la patinoire du complexe d’entraînement du Tricolore, Ducharme retrouve quotidiennement un visage familier, celui du gardien Zachary Fucale. Le choix de deuxième ronde du Canadien en 2013 a été l’une des pièces maîtresses des succès des Mooseheads au cours des trois dernières saisons, bien qu’il ait connu des moments un peu plus éprouvants en séries éliminatoires le printemps dernier.

Mercredi, l’entraîneur a fait l’éloge de son jeune poulain en vantant son intelligence et sa maturité.

« Il sait qu’il a encore beaucoup de travail à faire et vraiment, c’est là-dessus qu’il se concentre. C’est un jeune homme terre-à-terre qui connaît bien les étapes par lesquelles il doit passer. Il a une bonne analyse de ce qui se passe. Il sait que tous les athlètes vivent des hauts et des bas. Gagner en constance à travers les années, c’est un défi pour tous les joueurs et Zachary s’applique à travailler sur son jeu pour transporter cet atout dans son quotidien. »

« Tout ce qu’il vit, toutes ses expériences vont l’aider à devenir le gardien qu’il veut devenir. »

Des cinq gardiens présents à Brossard cette semaine, Fucale est sans l’ombre d’un doute le plus bel espoir de l’organisation, le prochain qui accédera à l’étape suivante. Mais son mentor au niveau junior croit qu’il doit encore peaufiner son jeu avant de prétendre être mûr pour jouer dans les plates-bandes de Carey Price.

« C’est le Canadien qui va décider quand il sera prêt pour la LNH. Personnellement, je crois qu’il a encore du travail à faire. Un gardien de but, ça prend du temps à former, à bien le développer. Mais Zachary est dans la bonne direction. Il va progresser cette semaine, poursuivre son travail avec notre entraîneur des gardiens Éric Raymond (à Halifax) et continuer à avancer. Je suis content de voir où il est rendu. »

Bournival a encore surpris Veilleux

Veilleux, lui, garde un œil intéressé sur quatre jeunes patineurs qu’il a dirigés la saison dernière à Baie-Comeau et qui sont réunis à Brossard : Charles Hudon et Jérémy Grégoire, deux choix au repêchage du Canadien, et les joueurs invités Alexandre Ranger et Bokondji Imama.

S’il avait été dans la même position l’an dernier, Veilleux aurait pu observer Michael Bournival, dont la progression fulgurante et inattendue l’a mené à disputer 60 parties dans la LNH la saison dernière après une seule campagne d’apprentissage dans la Ligue américaine.

Michaël BournivalLoin des yeux, loin du cœur? Pas du tout! Les yeux de l’entraîneur s’illuminent encore en repensant à la recrue du Canadien, qu’il a dirigé pendant quatre saisons en Mauricie.

« Quand tu parles d’un modèle pour un jeune joueur de hockey, il n’y a aucun autre nom qui me vient en tête que celui de Michaël Bournival. Je l’ai vu aller depuis qu’il a 16 ans. Certains se posaient des questions à son sujet, que ce soit à propos de son coup de patin, de sa grandeur ou de sa grosseur, mais tout ce qui lui est arrivé l’an passé est totalement à son honneur. C’est un travailleur acharné et discipliné. Il avait toutes les qualités pour réussir. »

Veilleux n’est donc pas surpris d’avoir vu son ancien capitaine, avec qui il a maintenu un contact constant depuis que le chemin des deux hommes s’est séparé, doubler des espoirs plus prometteurs pour faire sa place avec le grand club.

« Absolument pas. Je mentirais si je disais que je pensais qu’il y arriverait l’an passé. Disons qu’il a réussi plus tôt que je pensais. Il m’a encore surpris! »