MONTRÉAL – Le long congé pour lequel vient de quitter le Canadien est certainement mérité. Les deux points obtenus contre les Predators de Nashville, par contre, le sont peut-être un peu moins.

Pendant 40 minutes, les hommes de Michel Therrien ont joué comme une équipe qui avait déjà la tête ailleurs. Mais propulsés par un avantage numérique méconnaissable depuis une semaine, ils ont trouvé le moyen de vaincre l’une des puissances de l’Association de l’Ouest par la marque de 2-1, mardi soir au Centre Bell.

P.K. Subban, qui avait préparé le but égalisateur d’Alex Galchenyuk en début de troisième période, a mis fin au match alors qu’il restait 51 secondes et des poussières à écouler à la prolongation. Les deux buts du Canadien ont été inscrits grâce au jeu de puissance, une unité qui a généré sept buts à ses quatre derniers matchs.

Ce résultat aurait été inimaginable quand Mike Ribeiro a donné les devants aux Predators à la 13e minute de la deuxième période. À ce moment, les visiteurs dominaient 26-6 au chapitre des tirs au but.

« La première moitié de ce match appartenait aux Predators, a déclaré Therrien, sans se faire prier, après la rencontre. On a vu une équipe déterminée, rapide, très difficile à affronter. Mais entre la deuxième et la troisième, j’ai parlé aux joueurs de leur attitude. Tout part de là. On a changé notre attitude en troisième période, avec le résultat qu’on a eu. »

« On n’a pas fait beaucoup de bonnes choses dans les deux premières périodes, mais avant la troisième, on a réalisé qu’on était à domicile, que c’était notre dernier match avant la pause et qu’il fallait se ressaisir. On a commencé à envoyer plus de rondelles au filet et à obtenir quelques bonds favorables », analysait Galchenyuk.

Les échos de vestiaire

« On voudrait toujours connaître un bon début de match, mais ça prend 60 minutes pour gagner un match de hockey. Bon départ ou pas, il faut toujours se concentrer sur la prochaine présence et j’ai trouvé qu’on s’était bien accroché ce soir », affirmait Subban.

De retour au jeu après avoir raté deux matchs en raison d’une blessure au haut du corps, Carey Price a réalisé 36 arrêts, permettant au Canadien d’entamer ses vacances fort d’une séquence de deux victoires.

« On n’a pas joué comme on l’aurait voulu, mais on n’a pas été si terribles non plus, estimait le seul représentant du Tricolore au match des étoiles. On a donné très peu de bonnes chances de marquer. Souvent, le chiffre des lancers n’est que de la poudre aux yeux. »

« On a changé notre attitude en 3e »

« On a donné beaucoup de lancers en début de match, mais peu de chances de qualité, faisait aussi remarquer Subban, auteur de son quatrième but décisif de la saison. C’est bien évident qu’on veut limiter le nombre de tirs de l’adversaire, mais ce soir, on a su retrouver notre concentration juste à temps. »

« On vient de battre deux grosses équipes. C’est surtout ça que je retiens », préférait quant à lui souligner Therrien, faisant référence au gain convaincant décroché par les siens contre les Islanders de New York.

Le Canadien possède maintenant 61 points, soit six de plus qu’au même stade l’an passé. Après 45 matchs, il profite d’une avance relativement confortable sur les Bruins de Boston au troisième rang du classement de la division Atlantique.

Les Predators ont subi une deuxième défaite consécutive pour la première fois de la saison.

Victoire à l'arraché

Vingt-deux minutes sans tir

À sa sortie précédente, Carter Hutton avait été évincé après avoir donné trois buts sur les quatre premiers tirs des Red Wings de Detroit. Pourtant, pendant une demi-heure, le Canadien n’a à peu près rien fait pour tenter de détecter une quelconque forme de vulnérabilité chez le gardien des Predators.

Quatre tirs, c’est ce que le remplaçant de Pekka Rinne a vu en première période. Et permettez-nous de suggérer qu’il n’y en a pas un seul qui ait fait trembler l’obscur auxiliaire. Donnons toutefois aux Predators ce qui leur revient : la meilleure formation défensive de la LNH sait comment s’y prendre pour restreindre au maximum l’espace de manœuvre de l’adversaire près de son filet. Et les six lancers bloqués que leur donnait le marqueur officiel après 20 minutes de jeu semblaient un décompte bien peu généreux.

ContentId(3.1113327):Le jeu clé du match : Carey Price
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Le Canadien a connu un début de deuxième période atroce, accordant neuf tirs dans les trois minutes qui ont suivi la première mise en jeu de l’engagement. Price a dû se signaler devant Colin Wilson et James Neal alors que les Preds bourdonnaient sans relâche en territoire ennemi.

Il aura fallu attendre la 31e minute du match avant que les locaux n’obtiennent, avec la générosité du marqueur officiel, leur cinquième tir de la partie. La foule n’a pu contenir une salve d’applaudissements dérisoires quand un faible tir du revers de Max Pacioretty est arrivé aux pieds de Hutton.

En tout, 22 minutes et 15 secondes se seront écoulées sans que le Canadien ne décoche un tir au but.

Tout le monde s’est mis à rire jaune quand Ribeiro a ouvert la marque quelques instants plus tard. Le Québécois venait tout juste de rater un filet désert, incapable de compléter une superbe manœuvre de Forsberg, lorsqu’il a fait dévier derrière Price un boulet de la pointe de Seth Jones.

Ça aurait dû être le début de la fin pour le Canadien. C’est plutôt à ce moment que le réveil a sonné. Le Canadien a dominé 21-11 au chapitre des tirs au but après le but de son ancien porte-couleurs.

ContentId(3.1113338):Une question d'attitude
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Smith le bouc-émissaire, Subban le leader

Dès le début de la troisième, le Canadien a profité de la présence de Craig Smith au cachot pour créer la parité.

Après avoir frappé le poteau d’un violent tir à la droite de Hutton, Subban a usé de ruse lorsque la rondelle s’est de nouveau retrouvée sur sa palette. Son lancer, moins puissant cette fois, mais plus précis a été redirigé par Galchenyuk qui passait dans l’enclave. Le numéro 27 marquait dans un deuxième match de suite.

« J’avais d’abord l’intention de viser David (Desharnais) près du poteau, mais j’ai ensuite vu Chucky apparaître et mettre son bâton sur la glace, alors j’ai changé de cible. Parfois, les attaquants doivent créer un écran, d’autres fois ils doivent y aller pour la déviation. Il a fait du bon travail pour lire le jeu », vantait la première étoile du match.

« P.K. a pris charge ce soir, a félicité Therrien. Je le sentais très engagé dans le match, il a été un excellent leader au sein de notre équipe. C’est ce qu’un entraîneur demande à ses meilleurs joueurs. »

« Volé par les arbitres »

Le but vainqueur de Subban, qui a lui-même provoqué la punition fatale des Preds en prolongation, était son troisième en quatre matchs et son sixième de la saison en avantage numérique.

Mis au courant du mécontentement de son homologue Peter Laviolette au sujet de la décision des officiels de punir Smith – encore lui! – dans les derniers instants du match, Therrien s’est fait un plaisir d’offrir son verdict.

« Bien sûr que c’était une pénalité », a-t-il répondu en souriant.

Therrien a plus qu’une raison de sourire. Son équipe ne reprendra le boulot que lundi prochain, à la veille de la visite des Stars de Dallas au Centre Bell.