JOUEURS SUR LE MARCHÉ

 

MONTRÉAL - À moins que le Canadien ait raffermi votre fibre partisane et du coup ravivé vos espoirs de le voir accéder aux séries avec sa longue séquence de deux victoires de suite, cette équipe a encore bien des lacunes à corriger pour convaincre ses partisans qu’elle est capable de rivaliser avec les bonnes de sa division, avec les bonnes de la LNH.

 

Elle manque encore cruellement de profondeur à l’attaque et a de grosses brèches à colmater sur le flanc gauche de sa brigade défensive.

 

À moins qu’une offre surprise ne soit présentée à Marc Bergevin d’ici 15 h lundi, les vrais changements à apporter pour faire du Canadien un club aspirant à la coupe Stanley et non seulement une bonne petite équipe qui s’accroche du bout des doigts à ses chances de se rendre en séries viendront plus tard.

 

Ils viendront en juin comme c’est arrivé dans le cas des transactions qui ont chassé P.K. Subban et Alex Galchenyuk au profit de Shea Weber et Max Domi. Ils viendront au cours de la saison morte comme c’est arrivé dans le cas de Max Pacioretty que Marc Bergevin a remplacé par Tomas Tatar, Nick Suzuki et un choix de deuxième ronde en 2019, choix qui a maintenant pour nom Mattias Norlinder.

 

Ces trois transactions demeurent de très bons coups dans la liste des «échanges» complétés par le directeur général du Tricolore.

 

Aussi bonnes soient-elles, ces transactions n’ont pas, du moins pas encore, l’étiquette de vol de grand chemin perpétré en février 2016 lorsque Bergevin a obtenu des Blackhawks de Chicago le Québécois Phillip Danault et un choix de deuxième ronde qui s’appelle aujourd’hui Alexander Romanov en retour de Thomas Fleischmann et Dale Weise.

 

Quatre ans plus tard, Bergevin pourrait-il perpétrer un autre vol du genre en obtenant un autre Phillip Danault en retour d’Ilya Kovalchuk, disons, ou d’un combo – faites votre choix -- impliquant Nate Thompson, Nick Cousins, Jordan Weal, Karl Alzner ou même Dale Weise puisqu’il est toujours disponible?

 

Tout est possible! C’est sûr.

 

Qui aurait dit, ou écrit, à 20 h samedi, qu’un obscur chauffeur de Zamboni du nom de David Ayres, un gardien de ligue de garage qui n’avait pas joué de hockey compétitif depuis cinq ans ou à peu près, viendrait en relève aux deux gardiens des Hurricanes de la Caroline pour ensuite battre les Maple Leafs, à Toronto, et devenir membre honoraire de la «Bunch of Jerks»?

 

Mais ce genre de coup fumant entre dans la catégorie des beaux accidents de parcours.

 

Ça ne veut pas dire que Marc Bergevin regardera l’heure limite des transactions approcher et s’en aller sans rien faire.

 

Ce serait trop bête.

 

Même si son équipe est à six points d’une place en séries et que certains partisans voudraient le voir acheter plutôt que vendre, il me semble que le directeur général du Canadien doit profiter de la journée de lundi pour s’offrir plus de munitions en vue du prochain repêchage.

 

Aux 12 choix qu’il a déjà en mains en vue du repêchage qui se déroulera à Montréal en juin prochain, Marc Bergevin doit en ajouter quelques-uns en retour de Nate Thompson qui pourrait rendre de bons services à un club qui a besoin de profondeur en vue des séries.

 

Un gars comme Thompson pourrait très bien s’intégrer au Colorado, à Tampa Bay ou peut-être même à Pittsburgh au sein d’un quatrième trio qu’il bonifierait en raison de son sens des responsabilités sur la patinoire, de son expérience et de ses capacités à remporter des mises en jeu importantes.

 

J’ai l’impression qu’il a disputé, samedi, à Ottawa, son dernier match de la saison dans l’uniforme du Canadien.

 

Weal? Cousins? Weises? Alzner?

 

Les deux premiers, des mal aimés aux yeux de bon nombre de partisans qui trouvent que Claude Julien a été bien trop généreux à leur endroit en matière de temps d’utilisation et de qualité de ce temps d’utilisation, pourraient aussi aider un club en vue des séries.

 

Bien plus que Thomas Fleischmann et Dale Weise l’ont fait avec les Hawks en 2016. Mais si Marc Bergevin obtient des choix de troisième ronde pour ces joueurs de soutien, ce sera un bon retour sur l’investissement.

 

Pourquoi pas Tatar? Petry? Domi? Drouin?

 

Aux yeux de plusieurs partisans qui réclament davantage de mouvement de la part du Canadien pour cesser une fois pour toutes de tourner en rond, ce ne sont pas les Thompson, Weal, Cousins, Weise ou Alzner qui devraient être dans la vitrine, mais bien les Petry, Tatar, Drouin, voire Domi.

 

Et si Marc Bergevin n’avait pas déjà assuré qu’il n’avait pas la moindre intention – du moins pour le moment – d’échanger Carey Price et Shea Weber, les noms du gardien et du capitaine pourraient également se retrouver dans l’équation.

 

Je comprends le désir des partisans de vouloir échanger des gros noms. Car ces gros noms n’ont pas été en mesure de mener le Canadien aux grands honneurs depuis trop longtemps. Simonac! Ils n’ont pas même été en mesure de le conduire en séries.

 

Mais ce n’est pas à ce moment-ci de l’année que Marc Bergevin obtiendra une juste valeur en retour d’un gros nom.

 

Que des équipes s’intéressent davantage à Tatar et Petry qu’à Thompson, Cousins, Weal et Weise est tout à fait normal.

 

Mais les équipes qui s’intéressent au défenseur numéro deux du Canadien et à l’ailier gauche numéro un de l’équipe lorgnent ces joueurs pour maximiser leurs chances de s’approcher le plus près possible de la coupe Stanley. En fait, elles veulent mousser leurs chances de la soulever.

 

Ces équipes veulent donc ajouter des Petry ou des Tatar à leur formation. Elles sont prêtes à donner un choix de première ronde et/ou des espoirs en retour de joueurs de ce type. Mais pas question de perdre un joueur sur qui elles comptent présentement et entendent compter tout au long des séries.

 

C’est pour cette saison que Marc Bergevin doit écouter toutes les offres qui lui sont soumises, mais qu’il doit résister pour le moment. Car une fois la saison terminée, les clubs qui s’intéressent aujourd’hui aux Petry, Tatar et autres joueurs du même genre, s’intéresseront toujours à eux. Et alors que la saison sera terminée, ces clubs pourront alors offrir à Marc Bergevin un ou des joueurs sur qui le d.-g. du Canadien pourra compter dès l’an prochain.

 

Pas dans deux ou trois ans.

 

Et ça c’est essentiel à la suite des choses. Car s’il est vrai que les partisans en ont assez du sur place organisationnel du Canadien, il n’en demeure pas moins que Marc Bergevin devra envoyer une équipe sur la patinoire l’an prochain encore. À moins bien sûr qu’il ne soit  congédié d’ici là.

 

Et cette équipe, qu’elle soit celle de Bergevin ou d’un autre qui viendrait le remplacer, peinera autant l’an prochain qu’elle a peiné cette année à faire les séries. Même avec Petry et Tatar au sein de la formation. Imaginez deux secondes si ces deux éléments importants n’étaient pas là.

 

Ce qui est vrai pour Tatar et Petry l’est aussi pour Drouin et Domi selon moi.

 

Jonathan Drouin et Max Domi sont de bons joueurs de hockey. Ils donnent même par moments l’impression de pouvoir être de très bons joueurs de hockey et de pouvoir assumer un rôle de leader au sein du Canadien.

 

Mais personnellement, je n’ai pas, du moins pas encore, la certitude qu’ils sont tous les deux des joueurs autour de qui je bâtirais un club champion. Le deviendront-ils un jour?

 

C’est la question à cent millions $.

 

Et si la réponse à cette question n’est pas un oui catégorique, le Canadien devra sérieusement songer à ce qu’il entend faire avec ces deux joueurs. Les garder? Les échanger?

 

Il est bien plus facile de poser la question que d’y répondre. Surtout quand on n’a pas à vivre avec les conséquences de notre réponse.

 

Mais si le Canadien devait décider qu’il ne fait plus assez confiance à Domi, à Drouin, ou aux deux, pour bâtir le club qui, un jour, ne se contentera pas seulement de viser les séries, mais aussi de gagner la coupe, ce n’est pas au cours des prochaines heures, mais bien au cours de l’été qu’il trouvera la meilleure façon possible de les remplacer.

 

Et qui sait : peut-être qu’au fil de ces longues réflexions, le Canadien en viendra un jour à se résigner à échanger Carey Price et/ou Shea Weber pendant qu’il est encore possible d’obtenir une bonne valeur en retour.

 

Mais encore là, c’est le genre de dossier qui se règle une fois la saison terminée et non dans le brouhaha associé à la date limite des transactions.

 

On fait quoi avec Kovalchuk?

 

Il reste toujours Ilya Kovalchuk. Beaucoup plus discret depuis six ou sept matchs, le Russe a quand même fait des étincelles après son arrivée avec le Canadien.

 

Il a peut-être suscité de l’intérêt à gauche et à droite. Il y a peut-être même un directeur général ou deux qui se dit en ce moment qu’il aurait dû avoir l’audace qu’a démontré Marc Bergevin en lui lançant un S.O.S..

 

Mais Kovalchuk demeure un cas incertain.

 

Et les directeurs généraux qui auraient pu l’obtenir pour une bouchée de pain il y a quelques semaines à peine seraient bien mal venus aujourd’hui de donner un haut choix au repêchage ou un espoir de premier plan en retour de ce joueur que les Kings de Los Angeles ont décidé de payer à ne rien faire avant Noël.

 

Là encore, Marc Bergevin doit prendre ce qu’il est en mesure d’obtenir pour le Russe.

 

Oui il est spectaculaire. Oui il a marqué des gros buts et oui il a sauvé, à sa façon, le Canadien du naufrage qui le guettait en marquant des buts qui ont donné des victoires ô combien nécessaires après son entrée en scène.

 

Mais garder Kovalchuk comme bête de cirque, le garder pour offrir une «vedette» aux fans d’ici la fin de la saison ce sera de la gestion à courte vue.

 

Un choix de troisième ronde ce n’est pas grand-chose. Mais ça peut devenir payant, voire très payant. Surtout quand tu l’obtiens en retour d’un gars qui était un paria aux quatre coins de la LNH il y a deux mois à peine.

 

Ceux qui voudraient voir le Canadien offrir un contrat à Kovalchuk dès maintenant en vue de l’année prochaine et peut-être même de celle d’ensuite seront en complet désaccord avec moi.

 

Je le sais. Et grand bien leur fasse.

 

Mais pourquoi diable le Canadien se presserait à faire signer un contrat à un gars dont personne ne voulait à Noël et dont personne ne parlerait, n’eut été des besoins urgents du Canadien qui s’est retrouvé dans le gros trouble – il l’était déjà pas mal – lorsque Brendan Gallagher est tombé au combat?

 

Ilya Kovalchuk est le genre de joueur à qui on doit offrir des contrats une saison à la fois. Et pas au prix du marché, mais à un prix d’aubaine.

 

Et rien ne presse. S’il tient vraiment à terminer sa carrière dans la LNH, il sera encore temps en septembre prochain de lui présenter un contrat à rabais afin de voir si ses intentions s’appuient sur des convictions profondes ou qu’elles sont friables comme un château bâti avec du sable fin.

 

Il est toujours dangereux de s’étirer le cou à quelques heures de la tombée du couperet sur la période des transactions. Car plusieurs variables peuvent faire changer les plans des 31 équipes de la LNH du tout au tout.

 

Mais si la tendance se maintient, j’ai vraiment l’impression qu’on verra partir Nate Thompson et peut-être bien Nick Cousins et/ou Jordan Weal.

 

J’espère aussi que le Canadien ne sera pas trop gourmand et qu’il maximisera le bon coup d’avoir donné une chance à Ilya Kovalchuk en l’échangeant pour un choix tardif de deuxième ronde ou de troisième ronde.

 

Et je me garde une porte de sortie avec Paul Byron qui, si j’étais un directeur général en quête d’un joueur capable de remplir plusieurs rôles au sein de mon équipe et d’apporter de la vitesse en prime, m’intéressait beaucoup.

 

Mais pour les grands coups, les gros coups, les coups que les amateurs attendent et qui seront sans doute nécessaires de donner un jour ou l’autre, j’ai vraiment l’impression que c’est l’été prochain que ces grands changements viendront.

 

S’ils viennent...