En faisant l’acquisition de Max Domi en retour des services d’Alex Galchenyuk, Marc Bergevin y est encore allé d’un grand coup. Décidément, après avoir obtenu les services de Jonathan Drouin et de Shea Weber lors des deux étés précédents, le directeur général de la Sainte-Flanelle nous réserve toujours des surprises.

Alex Galchenyuk est un hockeyeur extrêmement talentueux qui n’a jamais atteint son plein potentiel à Montréal, alors que Max Domi est un attaquant qui n’a pas su répéter ses exploits réalisés lors de sa saison recrue. Espérons que ce changement de décor aidera ces deux joueurs à atteindre un autre palier.

Après six saisons, les amateurs du Canadien connaissent par cœur les forces et les faiblesses de Galchenyuk. Qu’en est-il de Domi? Décortiquons le tout.

En acquérant Max Domi, le Canadien de Montréal a avant tout mis la main sur un fabricant de jeux hors pair. Les statistiques cumulées par Domi reflètent bien cette réalité, alors qu’il a récolté presque trois fois plus de passes que de buts depuis son arrivée dans la LNH.

Pour un même temps d’utilisation à forces égales, seul Clayton Keller a devancé Domi quant au nombre de passes complétées en zone offensive chez les Coyotes. Pour ce qui est des passes complétées dans l’enclave, Domi a tout simplement dominé l’effectif de l’Arizona. Seuls les meilleurs fabricants de jeux sont capables de réaliser cette dernière action avec régularité, groupe sélect auquel appartient Domi.

Aujourd’hui, pour espérer marquer dans la LNH, la recette est simple : il faut lancer depuis l’enclave. Le tireur y profite d’un angle optimal alors que le temps de réaction du gardien y est minimal. L’une des meilleures façons de générer des tirs depuis la zone payante, c’est d’y compléter des passes, chose plus facilement dite que faite. La couverture y est très hermétique, ce qui explique que seuls les meilleurs passeurs savent exécuter cette action au coefficient de difficulté élevé avec régularité.

Chez le Canadien, le joueur qui a complété le plus de passes dans l’enclave la saison dernière proportionnellement à son temps d’utilisation à égalité numérique fut Jonathan Drouin. Il s’avère que Domi a alimenté 23 % plus souvent un coéquipier dans l’enclave que ne l’a fait Drouin en de pareilles circonstances.

Il ne fait nul doute que le Canadien a fait l’acquisition d’un fabricant de jeux élite en Max Domi. La véritable question est maintenant de savoir qui capitalisera sur les chances de marquer qu’occasionnera le nouveau venu la saison prochaine. En échangeant Galchenyuk, le Tricolore s’est départi de celui qui était probablement le deuxième meilleur franc-tireur de l’organisation.

Une autre facette intéressante du jeu de Domi est qu’il est beaucoup plus responsable une fois en possession de la rondelle que ne l’est Galchenyuk. La plus récente acquisition du Canadien commet moins de revirements, ce qui devrait permettre à son entraîneur-chef, Claude Julien, de mieux dormir la saison prochaine.

Galchenyuk est probablement plus talentueux que Domi et il tente par conséquent davantage d’actions une fois en possession de la rondelle. En somme, Chucky transporte plus souvent le disque que ne le fait Domi et exécute aussi davantage de feintes. Cela explique pourquoi il commet davantage de revirements.

Le véritable bémol au moment de décortiquer cette transaction est que Galchenyuk est un bien meilleur marqueur que Domi. Non seulement le tir de Galchenyuk est plus menaçant, il lance aussi beaucoup plus fréquemment depuis l’enclave.

Pour 20 minutes de jeu à égalité numérique, Max Domi ne cadre même pas un tir depuis l’enclave, ni même 0,5 tir depuis le bas de l’enclave. Considérant que l’attaquant canadien n’a inscrit qu’un maigre total de trois buts depuis la périphérie lors des deux dernières saisons, il n’est pas surprenant qu’il ne fasse pas vibrer les cordages avec régularité.

C’est justement ce que devra améliorer Domi : il doit lancer davantage depuis la zone payante. Ce fut d’ailleurs la recette de ses succès lors de sa saison recrue, alors qu’il avait inscrit 11 de ses 18 buts depuis le bas de l’enclave.

Tout bien considéré, Domi est un excellent fabricant de jeux, mais ce n’est pas lui qui risque de défoncer les filets adverses. Si le Canadien souhaite que Domi performe à Montréal, il devra impérativement s’assurer que l’attaquant soit flanqué d’un vrai franc-tireur. Autrement, sa production offensive risque d’en être grandement affectée.