En éliminant les Penguins de Pittsburgh, lors de la ronde de qualification, le Canadien de Montréal a réalisé un véritable tour de force. Le Tricolore se frottera désormais aux Flyers de Philadelphie, ce qui s’annonce comme une autre tâche ardue.

Au moment où la LNH a suspendu ses activités, les Flyers avaient remporté 14 de leurs 18 dernières rencontres, ce qui comprend une séquence de neuf victoires consécutives entre le 18 février et le 7 mars 2020.

La trêve impromptue ne semble en rien avoir coupé les ailes de la troupe d’Alain Vigneault, celle-ci ayant enlevé ces trois duels face aux meilleures formations de l’association de l’Est lors de la ronde préliminaire.

À sa première saison à la barre de la formation de la Pennsylvanie, Vigneault a su implanter son système de jeu, ce qui rapporte indéniablement des dividendes. La clé des derniers succès des Flyers est leur structure de jeu irréprochable.

Depuis le mois de février, Philadelphie brille tant via son rendement offensif que défensif, ce qui en fait une formation redoutable. Au cours de cette période, les Flyers ont d’ailleurs été le club marquant le plus fréquemment, tout en se faisant avares de buts accordés.

À l’attaque, le jeu de Philadelphie se caractérise par son efficacité.

Les Flyers complètent un grand nombre de passes en zone adverse, ce qui permet de démantibuler la couverture défensive en changeant constamment les lignes de passes et de tirs. Ultimement, ces actions finissent par libérer l’enclave, d’où Philadelphie n’hésite pas à faire feu.

En tirant depuis la zone payante, Philadelphie se crée un large volume d’occasions de marquer, profitant alors d’un angle de tir optimal pendant que le temps de réaction du gardien y est minimal.

Si des joueurs aussi talentueux que Claude Giroux, Sean Couturier et Jakub Voracek parviennent à lancer aussi régulièrement depuis l’enclave, c’est une recette qui se veut désastreuse pour les clubs adverses. Conséquemment, il n’est en rien surprenant que les Flyers se soient avérés être la meilleure attaque de la LNH en février et en mars.

Défensivement, Philadelphie se hisse au rang de forteresse impénétrable.

Les Flyers sont l’une des meilleures formations de la LNH au moment de neutraliser les entrées de zone de ses opposants. Il en résulte qu’une large proportion des menaces adverses se voient avortées après à peine quelques secondes. Cela explique d’ailleurs que les opposants de Philadelphie ne parviennent pas à véritablement contrôler le disque en zone offensive.

Un autre indice probant à l’effet que les Flyers ne donnent que des miettes à leurs adversaires est que seuls deux autres clubs ont accordés moins de tirs cadrés que Philadelphie pour une même période de temps. Pour marquer, il faut tout d’abord cadrer ses lancers, ce qui est un fait d’armes extrêmement difficile à réaliser contre la troupe de Vigneault.

Lorsqu’une formation brille dans toutes les sphères du jeu, c’est généralement que le système de son entraîneur lui va comme un gant et que tous les joueurs mettent la main à la pâte, ce que confirment les statistiques avancées.

Les Flyers sont de tous les combats et ne reculent devant rien. Philadelphie s’est d’ailleurs hissé au deuxième rang de la LNH quant au taux de batailles à un contre un remportées en février et en mars.

La troupe de Vigneault minimise également son nombre de revirements, alors qu’un seul club a perdu moins souvent le disque lors de cette même période. En limitant ainsi son nombre de bévues, il devient extrêmement compliqué pour les adversaires des Flyers de les surprendre à contre-pied.

Parallèlement, les Flyers n’hésitent pas à dégager leur territoire ni à rejeter la rondelle en zone adverse, et ce, même s’ils alignent de nombreux joueurs talentueux. Tous acceptent de se plier au système de jeu pour le bien du collectif, afin de limiter le nombre de revirement, quitte à être moins souvent en contrôle du disque.

Après plus de quatre mois de repos, les Flyers auraient facilement pu perdre leur erre d’aller. Ayant marqué 11 buts et accordé que trois filets, lors de la ronde préliminaire, Philadelphie semble toujours avoir le vent dans les voiles.

Depuis leur arrivée dans la bulle torontoise, les Flyers sont parvenus à se créer un bon nombre de chances de marquer, et ce, même s’ils ont généré un temps de possession en zone offensive bien moins imposant que celui de leurs adversaires.

Philadelphie a même dominé ses opposants au moment de cadrer des tirs depuis le bas de l’enclave. Autrement dit, Philly a été à l’origine de davantage de chances de marquer de grande qualité, alors que ses gardiens se sont dressés devant les menaces adverses.

Les trois dernières victoires des Flyers sont grandement attribuables à leur efficacité avec la rondelle dans leur propre territoire, alors qu’ils ont su limiter leurs nombres de revirements. Inversement, ils ont appliqué une forte pression en échec-avant, ce qui a forcé leurs opposants à commettre des erreurs.

En trois rencontres, il en résulte que les adversaires des Flyers ont commis 60 revirements supplémentaires en zone défensive, ce qui est totalement impardonnable. C’est en profitant de ces gaffes que Philadelphie parvient à se créer bon nombre de chances de marquer.

À la lumière de toutes ces données, un défi de taille attend le Canadien.

Carey Price sera assurément fort occupé et devra être au sommet de son art, alors que Philadelphie positionne constamment des joueurs devant le filet, ayant d’ailleurs marquer 10 de ses 11 buts depuis l’enclave. Price ne devra pas être dérangé par cette forte circulation.

Les défenseurs du Tricolore devront limiter leurs nombres de revirements, sinon les attaquants de Philadelphie leur en feront chèrement payer le prix.

À l’attaque, le Canadien devra capitaliser sur ses chances de marquer, considérant que celles-ci devraient se faire rares à la lumière des récentes performances défensives des Flyers.

La beauté du sport est que les dés ne sont jamais jetés à l’avance et qu’une surprise s’avère toujours possible. Face à Philadelphie, la Sainte-Flanelle embrassera à nouveau le rôle de négligé et devra accomplir un autre coup de maître pour enlever ce duel.

Le CH s’est déjà défait d’une formation de la Pennsylvanie. Il pourrait très bien répéter l’exploit pour compléter le balayage.