Le Canadien de Montréal fait passer ses partisans par une vaste gamme d’émotions. Tantôt, le club enchaîne les défaites et risque d’être évincé prématurément de la course aux séries éliminatoires, tantôt la Sainte-Flanelle rebondit avec aplomb et connaît une séquence victorieuse, ce qui ravive les espoirs d’une participation à la danse printanière.

Entre le 16 novembre et le 1er décembre 2019, le Tricolore a essuyé huit revers consécutifs. Puis, entre le 3 et le 23 décembre 2019, la formation montréalaise a remporté 7 de ses 10 rencontres. Entre le 28 décembre 2019 et le 9 janvier 2020, le CH a de nouveau goûté à la défaite à huit reprises en autant d’occasions. Finalement, depuis le 11 janvier 2020, le Tricolore a arraché la victoire lors de quatre de ses cinq dernières sorties.

Comment expliquer ces dernières performances en dents de scie? Principalement par la tenue de Carey Price.

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Si le Canadien de Montréal souhaite l’emporter, Carey Price doit jouer au sommet de son art.

L’exemple le plus probant à cet égard est que Price a contré 97,4 % des tirs qu’il a reçus depuis le haut de l’enclave lors de ses 10 dernières sorties victorieuses. Le pourcentage d’arrêts de Price face à ces mêmes lancers fut de 88,3 % lors des deux plus récentes disettes du club.

À titre de comparaison, le gardien moyen de la LNH s’interpose face à 88,7 % des tirs provenant du haut de l’enclave.

Lorsque Price performe tel un cerbère moyen, le Canadien ne parvient pas à l’emporter. Pour espérer soutirer un gain, Price doit multiplier les miracles, ce qui témoigne de l’écrasante dépendance du club à l’égard des performances de son portier.

C’est d’ailleurs pourquoi Carey Price ne laisse aucun amateur montréalais indifférent, étant régulièrement directement responsable des succès ou insuccès du CH.

Devant porter les lourds titres de plus haut salarié du club et de sa profession, étant fréquemment présenté comme le meilleur gardien au monde et comme le joueur de concession, les amateurs s’attendent à des performances sans bavure du principal intéressé.

La réalité est que Price fait preuve d’inconstance, ne jouant pas continuellement à son meilleur niveau, ce qui révèle au grand jour dans quelle mesure le numéro 31 vient palier les lacunes défensives de Montréal lors de ses meilleures journées de travail.

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Le Canadien est l’une des pires formations de la LNH quant au volume de tirs dangereux accordés à l’adversaire, alors que ses cerbères sont souvent sollicités depuis l’enclave et le bas de l’enclave. Depuis ces emplacements, le tireur profite d’un angle de tir optimal pendant que le temps de réaction du gardien y est minimal.

Non seulement les gardiens du Tricolore doivent contrecarrer de nombreuses chances de marquer, mais une vaste proportion de celles-ci se concluent via un tir sur réception. Ces séquences augmentent de façon exponentielle le coefficient de difficulté de l’arrêt à effectuer, alors que le gardien doit effectuer un déplacement latéral explosif pour suivre le mouvement du disque, avant de repérer rapidement une rondelle qui change constamment de trajectoire.

Les adversaires du CH exploitent à leur guise l’enclave, y complétant un nombre hallucinant de passes, ce qui fait foi de la couverture défensive poreuse qui y règne. De même, les joueurs du Tricolore sont couramment utilisés comme écran, alors que les opposants décochent beaucoup de tirs voilés, ce qui complique grandement la tâche du gardien au moment de lire la trajectoire du lancer.

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Il ne semble pas possible d’associer les récentes performances en montagnes russes de Carey Price à sa charge de travail.

Au cours des deux derniers mois, Price n’a jamais été aussi sollicité qu’actuellement, ce qui coïncide avec la période pendant laquelle il connaît ses meilleurs moments lors de ce même intervalle. Inversement, Price a également bien performé pendant la période au cours de laquelle il a été le moins assailli.

Le rendement défensif du Canadien ne semble avoir que peu d’incidence sur les performances de Carey Price. Inversement, la tenue du numéro 31 décide souvent du sort de vie ou de mort de son équipe.

Pour briller, le Canadien a besoin que le dernier rempart se dresse telle une muraille pour réparer les pots cassés. Aussitôt que ses gardiens offrent une performance convenable, mais sans plus, les victoires échappent au Tricolore. Ce n’est pas sans hasard que les auxiliaires de Price ne comptent qu’un maigre total de deux gains cette saison.

Il est difficile de s’expliquer pourquoi Price connaît autant de haut et de bas. Sa technique n’est pas déficiente lors des périodes creuses, Price n’accordant pas davantage de retours de lancers lors de ces séquences.

Lorsqu’un athlète comme Carey Price revendique un statut tel que le sien, l’excellence devient la norme. C’est pourquoi il est si frustrant de voir performer cet athlète en deçà de son niveau maximal.

Pendant de nombreuses années, Carey Price a maquillé les lacunes défensives considérables de son club et il est maintenant rapidement fustigé pour les insuccès montréalais. Certes, Price a sa part de responsabilité, mais le problème du Tricolore est bien loin de se limiter aux performances de Carey Price.