Au hockey, aucun poste n’est plus important que celui de gardien de but. Véritables forteresses, les cerbères doivent se dresser tels des murs pour colmater les erreurs de leurs coéquipiers. Leurs moindres faits et gestes sont scrutés à la loupe, alors que chacune de leurs erreurs se traduit par un but de l’adversaire. À ce moment, c’est une trace indélébile qui s’inscrit au tableau indicateur.

Depuis plus d’une dizaine d’années, Carey Price fait la pluie et le beau temps dans la métropole. Ses performances dictent directement le rendement du Canadien.

Il y a quelques saisons, Price était incontestablement le meilleur de sa profession. Plus récemment, le numéro 31 ne joue plus à la hauteur du statut qu’il revendique.

En 2019-2020, le principal problème de Carey Price a été son inconstance devant le filet, tel que démontré par ces statistiques.

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La responsabilité première d’un portier est de donner une chance à son club de l’emporter à chacune de ses sorties. Il doit s’interposer dans les moments cruciaux pour protéger l’avance de son équipe ou encore éviter que celle de l’adversaire ne devienne irrattrapable. La marque des meilleurs gardiens est leur grande régularité.

Au mois de janvier, Carey Price a maintenu un taux d’efficacité impressionnant de 93,5%. Deux mois plus tôt, son pourcentage d’arrêts fut d’à peine 88,4 %. Il s’agit d’une différence de 5,1 points de pourcentage. Cette marge est colossale dans le monde du sport professionnel où les victoires et les défaites se décident par des centimètres et des fractions de seconde.

Un autre indice probant à l’effet que Price ait été extrêmement inconstant cette saison, c’est qu’il a présenté ses pires taux d’efficacité dans différentes catégories lors de périodes différentes.

En décembre, son pourcentage d’arrêts mensuel face aux tirs provenant du bas de l’enclave fut à son plus bas, comparativement au mois de mars pour les lancers provenant de l’enclave.

Ceci révèle que différentes facettes du jeu de Carey Price ont flanché à diverses étapes du calendrier. Il n’y a pas eu une baisse de régime généralisée à un moment précis.

La véritable question est pourquoi Carey Price a-t-il été aussi irrégulier en 2019-2020? Une piste de solution pourrait être la qualité des portiers auxiliaires alignés par le Tricolore.

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Malgré ses multiples périodes creuses, Carey Price est parvenu à afficher des chiffres se comparant au gardien de but moyen de la LNH.

Pourtant, le Tricolore se hisse au 23e rang du circuit Bettman quant au différentiel de buts sauvés par ses portiers selon la provenance des lancers et au 28e rang quant au taux d’efficacité face aux tirs provenant de l’enclave.

Indéniablement, le groupe de cerbères du Canadien n’a pas fait le travail cette année, alors que les substituts du Carey Price ont grandement contribué à plomber les statistiques.

Constatant que les adjoints ne faisaient pas le travail et devant à tout prix arracher des victoires pour espérer demeurer dans la course aux éliminatoires, Claude Julien n’a pas eu le choix d’utiliser à profusion son gardien vedette. Les auxiliaires du CH n’ont raflé que 4 des 31 gains du club.

Il en résulte que Carey Price a dû se mesurer à une charge de travail imposante. Seul Connor Helleybuyck des Jets a reçu davantage de tirs que Price cette saison. Ceci est également valable pour les lancers provenant de l’enclave et du bas de l’enclave. Non seulement Price a été surtaxé, mais les arrêts qu’il devait effectuer présentaient un coefficient de difficulté élevé.

Cela peut expliquer pourquoi Carey Price a semblé être essoufflé à plusieurs reprises, le menant à connaître une saison en dents de scie, et ce, au plus grand dam des amateurs du Tricolore.

Inversement, l’une des clés aux succès des Bruins de Boston, la formation ayant amassé le plus de points au classement général, fut le rendement ahurissant de son tandem devant le filet. Il est même aisé d’argumenter que le duo Rask-Halak fut le meilleur de la LNH cette année.

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Rask a pu profiter de plusieurs soirées de congé, car Halak a gagné la confiance de son entraîneur-chef et de ses coéquipiers. Cette charge de travail atténuée a permis au gardien finlandais de rester frais et reposé pour ainsi maximiser ses performances.

Pour sa part, Price a reçu 1751 tirs cette année, soit 46 % de plus que Rask. Il a également passé 3440 minutes sur la glace, soit 43 % de plus que son confrère finlandais.

Chez le Canadien, les données sont probantes. Tant Lindgren que Kinkaid n’ont pas été en mesure de livrer la marchandise. Dans toutes les catégories, leurs taux d’efficacité furent bien en deçà de celui du gardien moyen. Ils ont aussi accordé un nombre de buts beaucoup plus élevé que le gardien moyen pour une même charge de travail.

Les équipes de la LNH tentent généralement de répliquer le modèle de réussite des autres formations. En 2019-2020, les Bruins ont dominé la saison régulière et l’état-major montréalais doit impérativement s’inspirer de leur recette.

Si le Canadien souhaite connaître du succès, Carey Price doit briller. Son talent ne s’est pas envolé et il a joué au sommet de son art par intermittence cette saison. Pour faire en sorte que ce niveau de performance de Price redevienne la norme, l’entraîneur devra être en mesure d’utiliser son gardien auxiliaire sans crainte. Autrement, le présent scénario risque de se répéter.

C’est pourquoi la priorité de Marc Bergevin en vue du calendrier 2020-2021 doit être de dénicher un cerbère substitut de qualité. La semaine prochaine, les différentes avenues possibles à cet égard seront décortiquées, tant sur le marché des joueurs autonomes qu’à l’intérieur de l’organigramme du CH.