Le Canadien a arraché la première rencontre de la ronde qualificative l’opposant aux Penguins lorsque Jeff Petry est parvenu à faire vibrer les cordages en temps supplémentaire.

Ces quatre derniers mois, toutes les formations de la LNH avaient été mises à l’arrêt. Il s’agissait donc d’une première rencontre avec un enjeu réel pour le Tricolore et les Penguins depuis la mi-mars.

Forcément, en renouant avec la compétition, les joueurs doivent rapidement retrouver leur synchronisme et leurs sensations. Lors de ce duel inaugural, tant chez le Canadien que chez les Penguins, il y a inévitablement eu des ratés sur lesquels ces deux clubs devront travailler pour fignoler leurs performances.

À la lumière de la première rencontre opposant Montréal et Pittsburgh, quelles sont les principales améliorations que ces deux équipes doivent respectivement apporter à leur jeu?

À forces égales, les Penguins ont dicté le rythme de la partie.

Tableau 1

L’indice le plus probant en ce sens est que Pittsburgh a été en possession du disque pendant plus de quatre minutes supplémentaires comparativement au Tricolore, dont 1 minute et 32 secondes furent écoulées en zone offensive.

C’est principalement en raison de son efficacité en échec-avant que Pittsburgh est parvenu à générer un temps de possession aussi imposant en territoire adverse. Les Penguins ont récupéré 21 rondelles à la suite d’un rejet en zone offensive, comparativement à neuf pour le Tricolore.

Il en résulte que les joueurs du CH étaient constamment mis sous pression, alors que les attaquants de la formation américaine les pourchassaient inlassablement pour bondir sur le disque en fond de territoire. Conséquemment, la troupe de Claude Julien devait patiner à pleine vitesse, tout en se faisant frapper solidement le long des rampes, pour lutter pour chaque rondelle libre.

Ultimement, la pression exercée par Pittsburgh a fini par hypothéquer Montréal, qui est d’ailleurs devenu très indiscipliné en fin de rencontre, offrant trois avantages numériques et un lancer de punition aux Penguins en troisième période. Une fois fatiguée, une formation est plus susceptible de compenser son manque d’énergie en commettant des gestes d’indiscipline.

Quant à Pittsburgh, il n’a jamais été réellement inquiété par l’échec-avant du Canadien, alors que son taux de revirements en zone défensive a été d’à peine 8,7%. À titre de comparaison, le taux de revirements commis par Pittsburgh dans son propre territoire fut de 12,0% cette saison. Un joueur pressé est plus susceptible de précipiter sa prise de décision et ses gestes, ce qui est la recette pour provoquer des revirements.

À l’aube de la prochaine rencontre, le Canadien devra être plus incisif en échec-avant, tout en parvenant à neutraliser la pression appliquée par les attaquants de Pittsburgh. Autrement, le Tricolore risque, à nouveau, de manquer de souffle en troisième période. À force de jouer avec le feu, le CH pourrait bien finir par se brûler.

Même si Pittsburgh a dicté l’allure de la rencontre, il a dû s’avouer vaincu. Ce résultat est surtout attribuable à son manque d’opportunisme.

Tableau 2

Pittsburgh a dominé Montréal 28 à 11 au chapitre des tirs décochés depuis l’enclave à égalité numérique. Cependant, seulement 11 des 28 lancers de Pittsburgh provenant de la zone payante furent cadrés, soit 39,3%. Quant au Canadien, il a cadré 72,7% de ses tirs provenant de l’enclave à forces égales.

Pour marquer dans la LNH, il faut générer un large volume de lancers depuis l’enclave, emplacement d’où le tireur profite d’un angle de tir optimal pendant que le temps de réaction du gardien y est minimal. Toutefois, il est inconcevable d’espérer capitaliser sur un tir qui n’est pas cadré. Une opportunité de marquer qui ne frappe pas la cible est automatiquement jetée aux ordures.

Si Pittsburgh ne bousille plus une aussi grande proportion de ses chances de marquer à l’avenir, Carey Price devra être encore plus impérial qu’il ne le fut lors de la première rencontre.

En ce qui concerne le Tricolore, même pas 20% de ses tentatives de tirs à égalité numériques furent décochées depuis la zone payante. La troupe de Claude Julien devra impérativement s’approprier l’enclave et faire feu moins fréquemment depuis la périphérie si elle désire noircir la feuille de pointage avec régularité.

En troisième période, Pittsburgh a profité de plusieurs attaques massives, ce qui aurait pu lui permettre de prendre l’ascendant sur le CH.

Tableau 3

En avantage numérique, les Penguins ont délaissé la zone payante, préférant décocher un large volume de tirs depuis la périphérie. Pourtant, cette saison, Pittsburgh a inscrit 81% de ses buts sur l’attaque massive depuis l’enclave. Face à une boite défensive impénétrable du Canadien, les Penguins ont fini par s’impatienter, préférant tirer depuis une grande distance, ce qui a facilité le travail de Carey Price à court d’un homme.

Lors des prochaines rencontres de cette ronde qualificative, Pittsburgh devra faire preuve de sang-froid pour générer des chances de marquer de qualité en supériorité numérique. Les Penguins ne devront plus se contenter de tirer depuis la périphérie, s’ils ne parviennent pas à démanteler la couverture défensive du CH.  Autrement, le jeu de puissance de la Ville de l’acier pourrait rapidement devenir problématique.

En somme, pour le reste de cette ronde qualificative, le Canadien devra mieux contrer l’échec-avant des Penguins, harceler sans relâche ceux-ci dans leur propre territoire et attaquer plus fréquemment l’enclave pour générer davantage de chances de marquer. Quant à Pittsburgh, il devra cadrer ses chances de marquer à forces égales et parvenir à exploiter l’enclave sur le jeu de puissance.

Il sera intéressant de constater dans quelle mesure ces deux formations sauront s’adapter. L’équipe qui connaîtra la montée en puissance la plus rapide risque fort probablement de prolonger son séjour dans la bulle torontoise en remportant cette série.