MONTRÉAL – Michel Therrien a obtenu une réponse positive à l’audacieux pari qu’il avait pris en envoyant le jeune Dustin Tokarski dans la fosse aux lions pour le deuxième match de la finale de l’Association Est.

En son et images : Rangers-CH no 2

Ses joueurs, qu’il souhaitait voir se rallier derrière l’adversité occasionnée par les malheurs de Carey Price, ont vaillamment bataillé et offert une robuste opposition aux Rangers de New York. Mais sa tactique n’a néanmoins pas eu l’effet escompté.

Lundi soir, le vrai problème du Canadien se trouvait devant le filet adverse.

Henrik Lundqvist a été testé tôt et souvent, mais ses 40 arrêts ont permis aux Rangers de signer une victoire de 3-1, une deuxième en trois jours au Centre Bell, et d’ainsi s’emparer d’une avance de 2-0 dans la série qui se poursuivra dans la Grosse Pomme jeudi.

L’ampleur du défi auquel se retrouve maintenant confronté le Canadien n’est pas négligeable. Il faut remonter au printemps 2004 pour recenser la dernière fois où le Tricolore est parvenu à surmonter un déficit de 0-2 pour remporter les honneurs d’une série.

Pour répéter l’exploit, il devra solutionner l’énigme de Lundqvist, qui n’a concédé que six buts à ses cinq dernières sorties.

« J’ai aimé la façon dont on a joué ce soir. On était engagé. On provoquait beaucoup de choses. La raison pour laquelle on a perdu, c’est Lundqvist, a tranché Michel Therrien après la rencontre. Il faut lui donner le crédit, il a volé ce match-là. »

« C’est la différence ce soir, aucun doute, avait auparavant avancé son confrère Alain Vigneault. C’est lui qui nous a permis de rester dans le match en début de rencontre. On a mieux joué après avoir égalé la partie, mais il a fait de gros arrêts en fin de match quand on leur a donné un 6 contre 4. »

Max Pacioretty a été le seul à déjouer Lundqvist. En début de première période, il a profité d’une mauvaise tentative de harponnage du gardien suédois pour pousser malgré lui la rondelle dans le filet.

Une journée marquée par les gardiens

Des buts de Ryan McDonagh et Rick Nash ont toutefois envoyé les Rangers au vestiaire avec l’avance.

Martin St-Louis a profité d’un avantage numérique pour doubler l’avance des visiteurs en milieu de deuxième période. Il s’agit du quatrième but produit par le jeu de puissance des Rangers depuis le début de la troisième ronde.

Tokarski, qui n’avait pas vu d’action depuis un mois, jour pour jour, n’a pas à rougir de sa performance. Josh Gorges a affecté la trajectoire du tir de McDonagh sur le premier but des Rangers et deux Carey Price n’auraient rien pu faire devant le puissant tir de St-Louis. Le jeune gardien aimerait probablement revoir le tir de Nash, qu’il n’a que partiellement bloqué après un long déplacement latéral vers sa gauche.

Le cerbère de 24 ans a fini sa soirée avec 27 arrêts.

C’est la première fois en huit occasions que le Canadien s’incline après avoir inscrit le premier but d’un match depuis le début des présentes séries.

Une réplique rapide et déterminante

« Le momentum peut changer vite »

Rene Bourque a été le premier à tester Lundqvist, trois fois plutôt qu’une. Pacioretty a ensuite cogné à la porte, puis ce fut Brendan Gallagher. Les locaux ont décoché les cinq premiers tirs du match et presque chacun d’entre eux leur a procuré une bonne chance d’ouvrir la marque.

Tokarski a été mis à l’épreuve pour la première fois à la cinquième minute. Une mauvaise sortie de zone de Josh Gorges a fini par aboutir sur la palette de St-Louis, seul devant le vert cerbère, mais celui-ci s’en est sorti grâce à un habile geste de la jambière gauche.

Pacioretty, qui a connu son meilleur match depuis que David Desharnais et lui ont été réunis avec Brendan Gallagher, a été récompensé pour son ardeur au travail à 6:14, mais les célébrations furent de courte durée. McDonagh, qui avait amassé quatre points dans le premier match de la série, a créé l’égalité 17 secondes plus tard quand son tir de la pointe a dévié sur Gorges pour ricocher sur le poteau à la droite de Tokarski et terminer sa course derrière la ligne rouge.

« Henrik nous a gardés dans le match »

Pour Vigneault, il s’agit du point tournant du match.

« Le Canadien avait la rondelle depuis le début de la rencontre et on avait de la difficulté à trouver une réponse. Et puis on a eu un bond chanceux. À 1-1, ça calmait un peu les joueurs et les spectateurs. Ça nous a permis de revenir graduellement dans la partie », était d’avis le pilote des vainqueurs.

« C’est une simple malchance. Tu ne veux pas que ça t’arrive, mais ça arrive et il faut l’accepter, a philosophé Therrien. Malgré tout, on a continué à mettre de la pression, ça ne nous a pas trop affectés. Mais ça leur a donné un petit coup de pied. »

Responsable direct de la blessure subie par Price, Chris Kreider a tourné le fer dans la plaie du Canadien en préparant le but vainqueur à la toute fin du premier vingt. Sa longue passe à travers la zone offensive a permis à Nash de décocher un tir sur réception qui a battu Tokarski de vitesse.

Les échos de vestiaire

« Je m’attendais à ce qu’il garde la rondelle un peu plus longtemps, son lancer m’a surpris », a expliqué la victime.

Limité à cinq mentions d’aide dans les 14 premiers matchs dont ont eu besoin les Rangers pour traverser les deux premières rondes, Nash a fait bouger les cordages dans chacun des deux premiers chapitres de la finale de l’Est.

« Il sourit maintenant un peu plus, a cru remarquer Vigneault. C’est bien de le voir récompensé pour ses efforts. Il trouvait malgré tout d’autres façons de contribuer à nos succès, mais s’il fallait qu’il retrouve sa touche autour du filet… ça ne peut être qu’un bon signe pour nous. »

Une pénalité de trop

Imposant et autoritaire en première période, le Canadien s’est tiré dans le pied au retour de l’entracte : Lars Eller, P.K. Subban et Alex Galchenyuk ont tour à tour écopé de pénalités mineures dans les huit premières minutes de l’engagement médian.

La troisième était peut-être tirée par les cheveux – la reprise démontre que Carl Hagelin a mis un peu de moutarde pour qu’on accuse Galchenyuk de l’avoir fait trébucher – mais ce fut la plus coûteuse. St-Louis a profité de l’avantage numérique pour inscrire son cinquième des séries. McDonagh a récolté son sixième point en deux matchs sur la séquence.

Y croire sans Price?

« J’ai trouvé que c’était une décision un peu faible, a commenté Galchenyuk. Je crois qu’il (Hagelin) s’apprêtait à changer de direction et a tout simplement tombé. Mais de toute façon, ça n’a plus d’importance. Peu importe la décision, on a perdu, ça ne changera rien d’en parler. »

« Pour gagner un match de hockey, tu as besoin d’un peu de chance et tu as besoin d’obtenir les bonnes décisions aux bons moments, a diplomatiquement ajouté Therrien. Je suis sûr que si les arbitres avaient la chance de revoir le jeu, leur décision serait probablement différente. Mais présentement, la chance ne nous sourit pas. »

Le Canadien a obtenu une belle occasion de faire sa chance en fin de troisième période, quand Benoit Pouliot a été puni pour une mise en échec par derrière qui a ébranlé Alexei Emelin, mais même en ramenant Tokarski au banc à la faveur d’un attaquant supplémentaire, Therrien n’a pu empêcher Lundqvist d’avoir le dernier mot.

Les Rangers ont maintenant bâillonné le jeu de puissance de l’adversaire dans chacun de leurs sept derniers matchs (20-en-20).

Les joueurs du Canadien bénéficieront d’une journée de congé mardi et retourneront à l’entraînement en milieu de semaine en préparation pour le troisième duel de la série.  

SOMMAIRE DU MATCH

Première période

Canadien à 6:14 But de Max Pacioretty
Rangers à 6:31 But de Ryan McDonagh
Rangers à 18:58 But de Rick Nash

Deuxième période

Rangers à 8:03 But de Martin St-Louis

Troisième période

Aucun but