Le Canadien manque de punch à l’attaque. Je ne vous apprends rien ici.

 

Mais en dépit d’un manque de talent offensif évident, malgré un manque de profondeur tout aussi évident, un manque de profondeur que les blessures subies par les Drouin, Armia, Gallagher et Byron ont mis encore plus en évidence, le Canadien a marqué le premier but du match 28 fois jusqu’ici cette saison.

 

Considérant que les Bruins sont premiers avec 33 matchs au cours desquels ils ont pris les devants 1-0, que l’Avalanche du Colorado est deuxième avec 31, et que les champions en titre de la coupe Stanley complètent ce premier trio avec 29, il est surprenant de voir que le Canadien, en dépit toutes ses lacunes, ait trouvé le moyen de se hisser au quatrième rang. Une quatrième place qu’il partage avec les Flyers de Philadelphie et les Islanders de New York.

 

Cette statistique ô combien positive démontre que le Canadien trouve souvent le moyen de bien entreprendre ses parties. Qu’il est capable d’être combatif. Qu’il est en mesure de palier certaines des lacunes qui l’empêcheront d’accéder aux séries éliminatoires encore cette année.

 

L’envers de la médaille est toutefois moins scintillant. Beaucoup moins!

 

Car s’il est parmi les meilleurs clubs du circuit en ce qui a trait au nombre de matchs qu’il a amorcé en enfilant le premier but, le Canadien est aussi parmi les pires au chapitre des défaites encaissées malgré ces premiers buts marqués.

 

Lundi soir, contre les Capitals, le Canadien a encaissé sa huitième défaites en temps réglementaire de la saison après avoir pris les devants 1-0.

 

C’est beaucoup?

 

Seul les Red Wings de Detroit affichent un pire résultat avec 12 revers en temps réglementaire. Les Sénateurs d’Ottawa, les Ducks d’Anaheim et les Kings de Los Angeles ont, à l’image du Canadien, perdu huit fois après avoir pris les devants 1-0.

 

Cette statistique désolante n’aide certainement pas la cause du Canadien et des quatre autres clubs qui devraient aussi rater les séries. Mais cette statistique ne peut à elle seule expliquer une exclusion des séries.

 

Que non!

 

Marqueur du premier but (28 avances de 1-0) Nombre de fois
Phillip Danault et Brendan Gallagher 4
Nick Cousins 3
Joel Armia, Max Domi, Artturi Lehkonen, Victor Mete, Jeff Petry, Nick Suzuki, Jordan Weal 2
Jesperi Kotkaniemi, Tomas Tatar, Shea Weber 1

 

C’est très surprenant considérant leur force de frappe à l’attaque, leur défensive solide et la tenue de leurs gardiens Rask et Halak, mais les Bruins de Boston «dominent» la LNH avec un total de 15 revers après avoir enfilé le premier but d’une partie puisqu’en plus de perdre sept fois à la régulière, ils ont ajouté huit défaites en prolongations ou tirs de barrage.

 

Detroit suit avec 13 – 12 en temps réglementaire et un revers en prolongation – et le Tricolore est sur leurs talons avec 12 (8 revers en temps réglementaires, 4 en prolongation ou tirs de barrage).

 

Les Islanders et les Flyers qui ont eux aussi marqué le premier but 28 fois cette saison affichent un total de 10 revers, dont sept en temps réglementaire. Les Blues sont dans une classe à part avec seulement un revers en temps réglementaire et six défaites au-delà les 60 minutes réglementaire

 

L’efficacité de seulement ,571 associée à sa fiche (16-8-4) lorsqu’il marque le premier but, le Canadien occupe le 26e rang de la LNH à ce chapitre. De tous les clubs qui occupent les 11 dernières places, les Bruins de Boston – 28e rang avec un efficacité de ,545 – sont les seuls à être des séries. Le fait qu’ils affichent non seulement 18 gains lorsqu’ils marquent le premier but d’un match, mais qu’ils aient aussi «sauvé» un point en perdant en prolongation ou tirs de barrage leur donne un net avantage sur le Canadien et les autres laissés pour compte.

 

L’instinct du tueur…

 

Comment expliquer que le Canadien bousille si souvent de bons débuts de rencontres?

 

Le manque de punch offensif qui empêche le Tricolore d’aller chercher le but qui fait mal, qui coupe les jambes à ses adversaires, revient souvent dans les réponses des amateurs. Et c’est certainement un facteur.

 

Car seulement 12 fois depuis le début de la saison, le Canadien a ajouté un deuxième but avant ses adversaires pour s’offrir des avances de 2-0. Des avances qui l’ont propulsé vers huit victoires... seulement.
 

Marqueur du deuxième but (12 avances de 2-0) Nombre de fois
Shea Weber 2
Joel Armia, Max Domi, Brendan Gallagher, Jesperi Kotkaniemi, Ilya Kovalchuk, Artturi Lehkonen, Ryan Poehling, Nick Suzuki, Tomas Tatar, Nick Thompson 1

 

Sept fois, il s’est ensuite des avances de 3-0. Des avances qu’il n’a bousillées qu’une fois dans le cadre du tristement célèbre match du 23 novembre dernier alors qu’il a laissé les Rangers de New York combler un recul de quatre buts pour lui infliger un revers gênant, devant des partisans médusés et un brin dégoûtés, de 6-5 en temps réglementaire...

 

Protéger une avance

 

Le fait que le Canadien a perdu 12 fois lors des 28 matchs amorcés en marquant le premier but et qu’il a bousillé quatre des 12 avances de 2-0 qu’il s’est forgées jusqu’ici cette année témoignent aussi, et surtout, d’une défensive poreuse.

 

Le Canadien a perdu sept des 20 matchs (13-5-2) alors qu’il a retraité au vestiaire avec une avance après une période. L’efficacité de ,650 associée à cette fiche le laisse au 26e rang de la LNH.

 

Après deux périodes?

 

C’est pire encore avec que le Canadien glisse au 29e rang en raison de ses sept revers encaissés dans les 21 matchs qu’il menait au deuxième entracte (14-4-3).

 

Seuls les Red Wings (6-3-1) et les Devils (11-3-3) affichent de pires résultats lorsqu’ils profitent d’une avance avec deux périodes.

 

En prime, le Canadien est le seul des 31 clubs de la LNH affichant quatre revers encaissés en temps réglementaire alors qu’il menait après 40 minutes de jeu.

 

Six clubs n’ont pas encore perdu en temps réglementaire cette saison alors qu’ils menaient après 40 minutes. On retrouve bien sur des puissances comme le Lightning (20-0-4), les Blues (20-0-5) au sein de ce groupe, mais aussi des clubs moins dominants comme les adversaires du Canadien samedi au Centre Bell, les Panthers de la Floride (22-0-1), les Flyers de Philadelphie (17-0-2), les Jets de Winnipeg (17-0-0) qui sont pourtant minés par les blessures en défensive cette saison et même les Kings de Los Angeles (12-0-1).

 

Et attention! Les Sabres contre que le Canadien croisera ce soir à Buffalo, n’ont perdu qu’une fois (18-1-0) lorsqu’ils profitaient d’une avance après deux périodes. Tout comme les Hurricanes de la Caroline (21-1-0) et même les Maple Leafs de Toronto (20-1-2). Des clubs que le Canadien doit rejoindre et dépasser s’il veut accéder aux séries cette année, ou l’an prochain ou lors des saisons qui suivront.

 

Un défi déjà imposant qui devient pratiquement impossible à relever pour des clubs qui bousillent des avances aussi souvent que le Canadien le fait.

 

Il est clair que le manque de constance de Carey Price par moments cette saison et les blessures qui se sont multipliées ont empiré une situation déjà précaire chez le Canadien.

 

Mais au final, que ce soit en raison de son incapacité à ajouter les buts qui mineront la soif de victoire de ses adversaires que ce soit en avantages numériques ou à forces égales, ou en raison de ses lacunes défensives qui attisent l’appétit de ces mêmes adversaires, le Canadien ne peut se permettre de se tirer aussi souvent dans les pieds s’il vent au moins de donner une chance d’être dans la course aux séries.

 

Et je ne parle pas ici de ses chances de la gagner...