Jacques Martin n’a pas attendu très longtemps pour passer son message. Et le message est très clair. Ses hommes ont pris congé mercredi soir face aux Canucks. Il les a fait payer quelques heures plus tard.

La saison n’est même pas vieille d’une semaine, et déjà, l’entraîneur-chef du Canadien a convié ses troupiers à un entraînement punitif. Vite sur la gâchette, le nouveau coach! Plutôt que de panser les plaies en amenant son monde jouer aux quilles, Martin a fait suer ses joueurs à grosses gouttes. Dès les premières minutes, il était facile de percevoir que le patron n’avait pas le goût de rigoler. Déjà pas trop souriant de nature, Martin a commencé l’entraînement avec un visage qui en disait long. Visiblement, la nuit de sommeil ne lui avait pas fait oublier l’humiliante défaite de la veille.

Un chronomètre dans une main, un sifflet dans l’autre, il a regardé patiné ses hommes pendant les trente premières minutes. Outre les coups de sifflet, on n’entendait que le bruit des patins et des rondelles. Puis pendant la demi-heure suivante, les joueurs ont travaillé intensément à un contre un en terminant chaque exercice en patinant.

Mais Jacques Martin avait gardé le dessert pour la fin. Alors que ses hommes se défonçaient déjà depuis une bonne heure, il placé tout le monde à une extrémité de la patinoire et sans broncher, il leur a demandé de patiner pendant une bonne vingtaine de minutes. Accoté sur la bande, inébranlable, il sifflait la cadence pendant qu’à ses pieds, la plupart des joueurs étaient étendus sur la glace complètement exténués.



La scène ressemblait étrangement à celle que l’on retrouve dans l’excellent film Miracle on ice qui retrace le parcours de l’équipe américaine qui avait remporté la médaille d’or en 1980 à Lake Placid. Dans ce film, après une défaite des États-Unis face à la Norvège en match préparatoire, Herb Brooks garde ses joueurs sur la patinoire après le match et il les fait patiner très longtemps. Assez pour que le pauvre préposé à l’aréna prenne les joueurs en pitié et éteigne les lumières.

À Vancouver, jeudi après-midi, il n’y avait personne pour fermer les lumières. Et Martin de toute façon n’a fait durer le supplice que vingt minutes. Mais il y a des vingt minutes qui sont plus longs que d’autres. Et cette fois-ci, c’est un vingt minutes que les joueurs n’oublieront pas de si tôt. Même que Carey Price n’a pas été en mesure de terminer son entrevue avec nous. Je n’ai pas placé la séquence dans mon reportage par respect pour le jeune gardien qui a été obligé d’arrêter de parler car il avait trop le cœur sur le bord des lèvres. Et il n’était pas le seul.

C’était bien mérité nous on dit les joueurs. Là-dessus, ils étaient unanimes. Ils s’entendaient tous aussi pour dire qu’ils venaient de prendre part à l’un des pires entraînements de leur carrière. J’ai hâte de voir le match de samedi face aux Oilers…