Le 13 septembre dernier, le camp des recrues du Canadien se terminait et nous apprenions que Victor Mete était le seul joueur d’âge junior invité à poursuivre l’aventure avec les grands. Qui? Victor Mete, un petit défenseur de 5 pi 9 po repêché en quatrième ronde en 2016. C’était possiblement une récompense avant de le retourner aux Knights de London puisqu’il avait bien fait au tournoi des recrues à Toronto. Un mois plus tard, Mete est encore à Montréal et plus un seul partisan du Canadien se demande qui il est.

Pour l’instant, le jeune défenseur de 19 ans vit toujours à l’hôtel. Sa situation ne changera pas cette semaine puisque le club part aujourd’hui pour la Californie. Toutefois, au retour à Montréal, on lui signifiera sans doute qu’il pourra commencer à se chercher un appartement convenable, puisque de toute évidence, il ne retournera pas à London, dans la Ligue junior de l'Ontario (OHL). Ce jeune homme appartient à la LNH et il n’aurait rien à gagner dans un circuit inférieur. « Je ne peux pas arriver et faire des promesses. Pour le moment, il n’y a aucune raison de penser qu’il pourrait retourner jouer dans les rangs juniors », se contente de dire Claude Julien, qui l’an passé n’avait pas hésité à garder un défenseur de 19 ans avec lui, à Boston. Et Brandon Carlo a disputé toutes les parties des Bruins! 

 

Depuis le jour 1, Mete a franchi chaque nouvelle étape avec succès, que ça soit le premier entraînement aux côtés de Shea Weber, le premier match préparatoire face aux Capitals ou sa première vraie partie à Buffalo. En chaque occasion, on se questionnait à savoir comment il allait réagir face à un nouveau défi. Chaque fois, il n’a déçu personne. La semaine passée à Washington, l’entraîneur-chef a préféré le soustraire à Alexander Ovechkin. La décision de Julien était remplie de logique. Après seulement deux parties en saison régulière, il était inutile d’exposer le jeune à l’un des meilleurs joueurs au monde et de peut-être ruiner sa confiance. Ce soir-là, Jordie Benn a donc pris la place de Mete aux côtés de Shea Weber. On connaît la suite... Samedi, face à l’attaque dévastatrice des Maple Leafs, le coach n’a pas cherché à dérober Mete à Auston Matthews. Encore une fois, le jeune a été à la hauteur. En fait, il a été brillant.

 

Face à l’un des meilleurs trios de la LNH, Mete a joué avec aplomb. On remarque souvent ses passes vives et précises, de même que son coup de patin flamboyant et sa capacité à appuyer l’attaque au bon moment, mais c’est l’ensemble de son jeu qui est à point. Lorsqu’il hérite de la rondelle, chaque jeu semble déjà préparé de sorte que l’exécution se veut rapide. Mais ce qui m’impressionne le plus chez lui, c’est quand il n’est pas en possession de la rondelle. Son sens du hockey, son anticipation, et surtout, la fluidité de son coup de patin lui permettent de neutraliser la plupart des attaques que l’adversaire tente d’organiser. À 19 ans, son jeu défensif est drôlement impressionnant. Contre Toronto, Mete a passé 22:26 minutes sur la glace, son plus haut total depuis qu’il joue dans la LNH. Seul Weber a été utilisé plus souvent hier avec 27:16 et ses six tirs bloqués constituent le plus haut total de la partie, pour les deux clubs.

 

Mete est un an plus vieux que Mikhail Sergachev l’était l’an passé, mais les questions que l’on se posait en octobre dernier, on ne se les pose pas cette saison. Malgré son énorme potentiel, le jeune défenseur russe n’affichait pas la même assurance à la ligne bleue du Canadien. Mete joue avec confiance et surtout beaucoup de stabilité.

 

Le voyage en Californie constitue probablement le dernier examen avant que l’on dise au jeune qu’il peut se dénicher un endroit où vivre. Avec leurs lourds attaquants et leur style axé sur l’échec avant, les Sharks, les Kings et les Ducks représentent un défi différent. Et il n’y a aucune raison de penser qu’il va échouer. « Il possède un calme désarmant, c’est un patineur vraiment rapide et il joue avec beaucoup confiance, répond Jonathan Drouin quand on l’interroge sur son coéquipier. C’est difficile à dire, mais je le comparerais à Torey Krug », ajoute Drouin. Tiens donc, Torey Krug, un autre jeune défenseur développé sous la férule de Claude Julien à Boston, et lui aussi fait 5 pi 9 po...  

 

Samedi matin, on demandait à Mete si les partisans le reconnaissaient dans les rues de Montréal. En souriant, il a expliqué qu’on l’a arrêté une seule fois et qu’un restaurateur lui a offert un lunch sur le bras. J’ai l’impression que ça va changer bientôt!