BROSSARD – Marc Bergevin a profité de la tribune qui lui était désignée lors du bilan de fin de saison du Canadien pour réitérer sa confiance envers son entraîneur-chef Michel Therrien.

Même s’il a été incapable de reprendre le contrôle de son équipe après qu’elle eut amorcé une chute libre qui allait prendre des proportions historiques et qui l’a menée à une première exclusion des séries en quatre ans, Therrien entamera en octobre prochain sa cinquième saison consécutive à la barre du Tricolore.

« Le jour viendra où même moi, je ne serai pas ici. Mais aujourd’hui, ce n’est pas le temps pour Michel Therrien. Je suis derrière lui, je crois vraiment en lui et je sais que nos joueurs croient en lui », a clarifié le directeur général, lundi, lors d’un point de presse d’un peu plus d’une heure qu’il a donné entouré de Therrien et de leur patron, le propriétaire du club Geoff Molson.

« Tout virer à l'envers : non! »

« Quand je regarde notre équipe sur la patinoire et la façon dont elle se comporte, je dirais que pour la grande majorité des matchs, l’effort était là. Même dans les périodes plus difficiles, je parlais avec Geoff et on se disait à quel point l’équipe avait travaillé. Peut-être qu’on donnait un mauvais but au mauvais moment. C’est aussi vrai que le jeu de puissance ne fonctionnait pas. Mais les joueurs se donnaient. Ça, c’est gros pour moi. Michel Therrien, c’est un gars qui est ferme et stricte, mais juste. C’est ça que je regarde et il a encore ces qualités aujourd’hui. »

Therrien conserve non seulement son poste, mais aussi son groupe d’adjoints. Jean-Jacques Daigneault, Dan Lacroix, Clément Jodoin et Stéphane Waite ont tous conservé leur emploi en vue de la prochaine saison. Seul Craig Ramsay, qui avait été embauché à titre de conseiller en août dernier, a été relevé de ses fonctions.

Bergevin a aussi confirmé que Sylvain Lefèvbre demeurerait aux commandes des IceCaps de St. John’s, le club-école du Canadien dans la Ligue américaine.

« Beaucoup de choses sont arrivées au cours des six derniers mois, mais de là à tout changer et à paniquer, étant donné les circonstances, je ne suis pas prêt à faire ça aujourd’hui, a réaffirmé Bergevin. C’est certain que je vais regarder toutes les facettes de l’organisation pour l’améliorer et aller de l’avant, mais est-ce que je suis prêt à tout virer à l’envers? Non. »

Réembauché par le Canadien avant le début de la saison 2012-2013, Therrien a mené son équipe à la deuxième meilleure récolte de points de son association lors de la campagne écourtée par le lock-out. L’année suivante, l’équipe accédait à la finale de l’Est et à sa troisième campagne sous les ordres de Therrien, elle terminait le calendrier régulier à trois points du trophée du Président.

« J'ai du plaisir à travailler avec P.K. »

Mais la blessure subie par Carey Price en novembre dernier a fait « débarquer la chaîne », comme l’a formulé Bergevin, et ce dernier ne croit pas, en définitive, que son entraîneur devrait écoper pour les malchances qui ont frappé son effectif cette saison.

« Est-ce qu’on est une équipe de 110 points? Est-ce qu’on est une équipe de 82 points? On est peut-être une équipe dans le milieu, et dans le milieu, tu entres en séries. Et rendus là, avec une équipe en santé, je crois qu’on peut faire du dommage », semble croire fermement le patron hockey du CH.

« Personne ne quitte avec un dossier vierge, a toutefois rappelé Bergevin. Mais il faut analyser la saison sous toutes ses facettes. C’est mon travail et mes décisions sont prises en conséquence. »

« Nos entraîneurs reviennent l'an prochain »

Bergevin a lui-même reçu une tape dans le dos de la part de son supérieur. Geoff Molson continue de croire que l’homme qu’il a embauché il y a quatre ans pour remettre son équipe de hockey sur les rails et à qui il a accordé une prolongation de contrat de cinq ans cet hiver est qualifié pour mener sa mission à terme.

« L’une de mes priorités, c’était d’amener de la stabilité à cette organisation et c’est avec Marc que ça commençait. Les décisions qui sont prises après ça lui appartiennent, mais pour moi, j’ai un excellent DG qui, je pense, est parmi les meilleurs de la Ligue nationale. »

Une saison sans air climatisé

Les prochains mois permettront de confirmer s’il ne faisait que cacher son jeu, mais Bergevin a aussi fait part de son intention de garder son noyau de joueurs intact. Questionné à plusieurs reprises sur le cas particulier de P.K. Subban, Bergevin s’est dit étonné qu’on puisse suggérer avec autant d’insistance que son défenseur étoile soit sur le marché, mais a déclaré qu’il ne croyait pas à la notion d’un joueur intouchable dans le monde du sport contemporain.

« Est-ce que j’essaie de me départir de P.K. Subban? Non. Est-ce que j’essaie de me départir de Carey Price? Non. Est-ce que j’essaie de me départir de Max Pacioretty? Non. Est-ce que mon travail est d’améliorer cette équipe? Oui. Pour laisser partir un de ces gars, il faudrait que je reçoive une offre vraiment spéciale. Mais en tant qu’homme de hockey, je dois étudier toutes mes options. Sinon, je ne fais pas mon job. »

Bergevin a tenu à minimiser les rumeurs de dissension entre Subban et ses coéquipiers dans un vestiaire que plusieurs croient divisé, notant qu’une équipe était inévitablement composée de joueurs aux personnalités différentes et concédant que son numéro 76 était « différent ».

« Est-ce que P.K. est apprécié de ses coéquipiers? Je le crois. Est-ce que Max [Pacioretty] et lui sont comme les deux doigts de la main? On ne le sait pas ici, mais peut-être que Brendan Gallagher et Alex Galchenyuk se sont chicanés à quelques reprises cette année, c’est possible. C’est comme si tu t’en vas en vacances avec toute la famille, qu’il faut chaud et qu’il n’y a pas d’air climatisé. Ça va se chicaner un peu plus! »

« Probablement qu’il y a eu des périodes un peu plus difficiles, mais dans l’ensemble je ne vois pas ça comme un problème », a résumé Bergevin, qui a aussi mis un frein aux suppositions de mauvaise entente entre Subban et Therrien.

« Le travail d’un entraîneur n’est pas de se faire aimer par 23 joueurs. C’est de se faire respecter et parfois, il doit faire passer son message avec un peu plus de rigidité. C’était la même chose dans toutes les équipes dont j’ai fait partie. Je ne dis pas que P.K. aime ou n’aime pas Michel. Ce que je sais, c’est que depuis que Michel est ici, P.K. a été nommé deux fois pour le trophée Norris, a été le meneur de notre équipe au niveau du temps d’utilisation et plusieurs aspects de son jeu se sont améliorés. Dans l’ensemble, sous les ordres de Michel, P.K. est devenu un défenseur pas piqué des vers. »

Peu sollicité lundi, Therrien a lui aussi pris la parole pour noter la progression observée chez Subban au cours des dernières années.

« J’ai du plaisir à travailler avec P.K. C’est un gars qui vient jouer au hockey, un travaillant, un passionné. C’est le fun de travailler avec lui! »

Bilan des dirigeants (1re partie)
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