Ça doit bien faire deux heures que le match Canadien-Kings est terminé et je n’ai pas encore trouvé de réponses à mes questions :

Après avoir disputé une première période aussi lamentable, le Canadien méritait-il vraiment de quitter Los Angeles avec un point de plus au classement en marge de son revers de 4-3 en tirs de barrage?

Après avoir levé le pied en deuxième période, pris le Canadien à la légère et perdu le contrôle d’un match qui n’en était pas vraiment un tant ils dominaient outrageusement le Tricolore, les Kings, qui ont laissé filer une avance de 2-0, méritaient-ils vraiment les deux points accordés aux gagnants de ce match sans grand bon sens? Deux points qui les maintiennent au plus fort de la course pour une place en séries dans l’Ouest.

Les deux clubs méritent-ils leurs points ou, au contraire, auraient-ils dû être blanchis?

À défaut de trouver la bonne réponse, je vous propose ce matin d’y aller avec toutes ces réponses. Car dans le fond, elles se valent toutes les unes les autres.

Lamentable première

Écrasé par les Sharks à San Jose lundi, le Canadien a mieux joué mercredi à Anaheim. Mais il a quand même perdu aux mains des Ducks. Il fallait donc s’attendre à ce que le Tricolore amorce son duel face aux Kings avec force, caractère et un brin de fierté afin de sauver la face dans le cadre de sa tournée annuelle en Californie.

C’est tout le contraire qui s’est passé.

Après avoir vu les Flames de Calgary battre les Bruins à Boston lors de la huitième vague de tirs de barrage tout juste avant de sauter sur la glace pour l’échauffement d’avant partie, les Kings n’avaient pas le choix. Ils devaient eux aussi partir en trombe, assommer le Canadien et le gardien auxiliaire Dustin Tokarski en partant.

Les Kings ont réussi là où le Canadien a échoué.

Lors d’un premier tiers au cours duquel le Canadien n’a pas touché à la rondelle, les Kings ont pris les devants 2-0. Marian Gaborik a d’abord fait dévier un tir de la pointe pendant une attaque massive des Kings. Jeff Carter a ensuite profité d’une cascade d’erreurs défensives commises par P.K. Subban, Andrei Markov et David Desharnais pour doubler l’avance de son équipe.

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Après tout juste huit minutes, c’était 2-0 Los Angeles. Et on sentait que la catastrophe était proche.

Dominé 13-2 au chapitre des tirs au but – le deuxième tir est venu très tard à la fin du premier engagement – le Canadien ne faisait pas même acte de présence au Staples Center. Ça faisait pitié à voir. Ce n’était vraiment pas beau. C’était même très laid.

Au rythme où les choses allaient, on se disait qu’il ne faudrait qu’un ou deux buts de plus pour que Michel Therrien mette un terme hâtif à la soirée de congé qu’il avait décidé d’accorder à Dustin Tokarski. Le gardien auxiliaire n’avait rien à se reprocher. Même qu’il était complètement abandonné une fois encore par ses coéquipiers. Mais quand même, après les revers successifs à San Jose et Anaheim, Michel Therrien devait faire quelque chose pour éviter à son club l’affront d’un troisième revers consécutif en temps réglementaire. Un affront subi une seule fois cette saison au début du mois de décembre alors que le Canadien a perdu à Denver, au Minnesota puis à Chicago.

Poteau et dentelle…

Michel Therrien n’a pas eu à changer de gardien pour relancer son équipe. Il n’a pas même eu à piquer une sainte colère dans le vestiaire au cours du premier entracte.

« Il n’y avait pas grand-chose à dire », a d’ailleurs convenu Michel Therrien après la rencontre. « Les joueurs se sont pris en mains », a conclu l’entraîneur-chef du Canadien.

Vrai que le Canadien a été meilleur en deuxième période qu’en première. Bien honnêtement, il aurait été difficile, voire impossible, d’être pire qu’au premier tiers.

Mais les Kings ont grandement aidé la cause du Canadien. Avec leur avance de 2-0, avec Carey Price assis au bout du banc et un adversaire qui semblait battu, les Kings ont levé le pied. Ils ont semblé soudainement cesser de prendre le Canadien au sérieux. Remarquez que c’était compréhensible. Surtout que même en levant le pied, les Kings maintenaient leur domination du Tricolore.

Le CH avait renversé la vapeur

Jeff Carter a touché le poteau en tout début de période médiane. Marian Gaborik a vu Tokarski réaliser un très bel arrêt à ses dépens au terme d’une échappée. Kyle Clifford a perdu le contrôle de la rondelle pas longtemps après au terme d’une échappée partielle.

Puis, alors qu’ils étaient trois devant le filet du Canadien, prêts à marquer un troisième but, les joueurs des Kings se sont échangé la rondelle comme s’il s’agissait d’une grenade dégoupillée ou, pis encore, comme s’ils se croyaient en pleine séance d’entraînement, et leur attaque a avorté.

C’était alors 17-5 au chapitre des tirs au but. Pis encore, le Canadien avait tenté 15 tirs seulement – cinq bloqués, cinq hors cible, cinq cadrés – alors que les Kings en comptaient 36.

Puis, à la surprise générale, autant sur le banc du Canadien, dans les salons du Québec, que dans les gradins du domicile des Kings, Tom Gilbert a profité d’une mise en jeu remportée par David Desharnais pour mystifier la défense des Kings qui avait les patins dans le ciment en se faufilant jusqu’à Jonathan Quick qu’il a habilement déjoué.

Avant ce but, le Canadien n’avait obtenu qu’une seule occasion de marquer : un tir de l’enclave de Tom Gilbert justement.

À défaut d’être réveillés par le but de Gilbert, les Kings se sont dit qu’il ne s’agissait que d’un accident de parcours. Que le match était encore sous contrôle.

Brendan Gallagher s’est chargé de tout faire basculer. Après une bonne présence en fond de territoire des Kings, une présence au cours de laquelle il a plié plusieurs fois sans rompre toutefois sous les assauts du gros défenseur Jake Muzzin, Gallagher a complété un très beau jeu de Subban et Plekanec en enfilant son 18e de la saison pour créer l’égalité.

Une égalité bien inégale. J’en conviens.

Mais comme le Canadien a fait le coup à bien des clubs depuis le début de la saison – il l’a même fait aux Kings lors de leur escale à Montréal le 12 décembre dernier – on se doit de donner le crédit aux joueurs du Tricolore de ne pas avoir abandonné.

« On doit un gros merci à Dustin Tokarski qui a su empêcher les Kings d’enfiler un troisième but. Ce troisième but aurait été dévastateur. À 0-2, sur la route, tu te dois de garder confiance en tes chances de revenir dans le match. On l’a prouvé ce soir. Mais quand ça glisse à 0-3, ça devient très difficile à faire. Même difficile d’y croire », a commenté Brendan Gallagher.

Non seulement le Canadien a-t-il puisé dans ses ressources pour niveler les chances en période médiane, mais une passe brillante de David Desharnais à Max Pacioretty qu’il a rejoint habilement dans l’enclave, a permis au Canadien de prendre les devants 3-2.

C’était alors la consternation dans les gradins du Staples Center.

Juste retour des choses, qui sait, Lars Eller a écopé une pénalité avec moins de deux minutes à faire en troisième. Une pénalité justifiée en raison d’un coup de bâton asséné au visage de Drew Doughty. Le geste était accidentel. Il complétait une belle manœuvre défensive d’Eller qui ne jouait pas un vilain match du tout jusque-là.

Parce qu’une mauvaise nouvelle arrive rarement seule, Marian Gaborik, alors que les Kings jouaient à six contre cinq après le rappel de Quick au banc, a nivelé les chances avec son deuxième du match, son 19e cette année.

Tokarski s’écroule

Bien que les Kings l’aient complètement dominée, la prolongation n’a pas fait de maître.

Une fois en séance de tirs de barrage, les probabilités ont aussitôt basculé dans le camp du Canadien. Non seulement le Canadien présentait un dossier de six gains et deux revers en tirs de barrage, mais ses joueurs affichaient 13 buts marqués en 36 occasions.

Inversement, les joueurs des Kings n’affichaient que deux buts en 27 tirs. Deux! Une statistique désolante qui expliquait une autre statistique plus désolante encore alors que les Kings n’affichaient qu’un gain en huit séances de tirs de barrage cette année.

Les Kings ont renversé la vapeur.

Marian Gaborik a marqué sur le premier tir. Jeff Carter l’a ensuite imité après qu’Alex Galchenyuk eut perdu le contrôle de la rondelle avant de tirer.

David Desharnais n’avait pas le choix. Il devait marquer pour garder son équipe dans le coup. Il l’a fait. Avec un but superbe marqué à l’aide d’un tir du revers dans le haut du filet.

Tyler Toffoli a ensuite raté la cible.

Comme David Desharnais, Max Pacioretty n’avait pas le choix. Comme Desharnais, il a marqué. Un but aussi beau que celui de son joueur de centre alors qu’il a sorti Jonathan Quick sur un jeu qui est passé à un cheveu d’avorter quand l’as marqueur du Canadien a perdu la rondelle une fraction de seconde en amorçant sa manœuvre devant le gardien des Kings.

Comme Gaborik et Carter avant lui, Anze Kopitar a déjoué Dustin Tokarski avec un bon tir précis.

Lars Eller a suivi et il a frappé la barre horizontale.

Pourquoi Eller en tir de barrage malgré le fait qu’il n’affiche qu’un but depuis le 30 décembre, soit lors des 29 derniers matchs, alors que P.A. Parenteau qui a marqué les buts décisifs dans  4

« Lars a joué un autre bon match ce soir. Il était impliqué. Il était agressif. Il est engagé depuis quelques matchs et j’ai voulu profiter de cette occasion pour le récompenser. Pour aider à le relancer. Il a été malchanceux sur sa pénalité. C’était le bon jeu à faire, mais son bâton a dévié au visage du joueur des Kings. Lars a aussi fait un bon jeu en fusillade avant de frapper le poteau. »

Dans le vestiaire du Canadien, Dustin Tokarski n’a pas cherché d’excuse. « Les gars ont beau dire que j’ai tenu l’équipe au cours des trois premières périodes, mais en accordant trois buts sur quatre tirs en fusillade, je n’ai pas fait mon travail », a commenté Dustin Tokarski qui a toutefois reçu un vote de confiance de son entraîneur-chef. « Il n’est pas responsable de la défaite », a tranché Michel Therrien.

Bonnes et moins bonnes notes

Dans la défaite, le nouveau défenseur Jeff Petry a disputé son meilleur match avec le Canadien. Seul Subban a joué plus que lui dans le camp du Canadien (31:35 contre 26:25). Malgré cette utilisation abondante, Petry a terminé la soirée avec un différentiel positif de deux et cinq des 40 mises en échec distribuées par le Canadien.

De retour au sein du premier trio, Dale Weise a récolté une passe. Il a surtout été très efficace par le biais de son implication physique évidente lors de la rencontre de jeudi.

En dépit des huit mises en échec qu’il a distribuées, Devante Smith-Pelly a été bien discret sur le plan offensif alors qu’il a été, à nouveau, blanchi de la feuille de pointage. Après cinq matchs avec sa nouvelle équipe, DSP est toujours en quête d’un premier point.

Bien qu’il semblait loin d’être parti pour récolter un point, le Canadien a évité d’être blanchi en Californie avec son revers en tirs de barrage. C’est mieux que rien.

Il pourra éviter d’étendre à quatre sa série de revers consécutifs – Montréal n’a pas encaissé plus de trois revers de suite cette année – dès samedi à Glendale, où il croisera les Coyotes. Des Coyotes qui ont surpris le Tricolore  et Dustin Tokarski  2-1 le 1er février dernier au Centre Bell.