Sans appuyer sur le bouton de panique, je pense qu'il y a lieu de s'inquiéter de la tenue du Canadien depuis qu'il a confirmé sa place en séries, surtout au plan défensif.

Depuis le début de la saison, la défensive a été le pilier de l'équipe. Défensivement parlant, les joueurs contrôlaient le match et comme la défensive en arrache actuellement, on dirait que tout s'enchaîne. On voit que l'offensive est moins alerte et qu'on éprouve des ennuis à récupérer la rondelle. On voit maintenant les joueurs lancer la rondelle en territoire adverse plutôt que de la contrôler comme le Canadien le faisait si bien. Il reste six parties à Michel Therrien et ses adjoints pour trouver les bons ingrédients.

Une chose saute aux yeux depuis quelques matchs. Le jeune Nathan Beaulieu n'est pas encore prêt. On voit qu'il a de la difficulté et que le niveau de nervosité va monter avec la fin de la saison. Pour ajouter à ses difficultés, il est jumelé à Davis Drewiske, un septième défenseur.

Il faut savoir mettre les choses en perspectives, car toutes les équipes connaissent des passages à vide. Les Blackhawks aussi, après leur série de matchs sans défaite plus tôt dans la saison, ont connu des périodes creuses. Au-delà des défaites, il faut regarder comment une équipe perd et il faut surtout éviter de sombrer dans le doute. Quand le doute s'installe, ça peut devenir dangereux.

La défensive est l'une des principales raisons des succès du Canadien, mais on voit que certains vétérans semblent être fatigués. Andrei Markov éprouve des ennuis. Il affiche un différentiel de moins-10 depuis la perte de son partenaire Alexei Emelin. Josh Gorges semble fatigué aussi et moins efficace. Peut-être est-il surutilisé? Le seul qui semble frais comme une rose est P.K. Subban, mais il est plus jeune que les autres.

Il faut remettre les choses en place pour que l'équipe termine la saison en force pour bien amorcer les séries. Les Bruins de Boston aussi ont des ennuis. À quelques reprises, l'équipe de Claude Julien aurait pu devancer le Canadien au classement sans y parvenir. Ils sont affectés par les pertes de Brad Marchand et Patrice Bergeron, mais je dirais que c'est une formation qui se croit meilleure qu'elle l'est en réalité. Au plan physique, Milan Lucic est le même, mais il n'est pas le même au niveau de la patinoire où on le sent moins intense et moins agressif.

En défensive, Zdeno Chara se fait plus vieux et moins mobile. Il est encore efficace, mais il l'est moins quand on surtaxe son travail. Comme Gorges, lui aussi est peut-être surutilisé.

Le calendrier compressé aussi peut être à l'origine de cette fatigue. Chaque athlète réagit de façon différente, mais des séquences de six matchs en huit jours ou de cinq en sept, ce n'est pas facile pour personne. Certains ont besoin de plus de temps pour récupérer. Dans les circonstances, c'est parfois difficile de comparer un athlète à un autre. C'est comme le sommeil. Certains ont besoin de quatre heures pour recharger les batteries alors que d'autres ont besoin de douze heures.

Un repos pour Carey Price

Peter Budaj sera devant le filet du Canadien contre les Penguins de Pittsburgh, ce qui est une bonne décision, mais moi, je n'hésiterais pas à laisser Price de côté aussi contre Tampa Bay jeudi. Pour imager la chose, je dirais que c'est comme une voiture qui s'enlise tranquillement dans la boue. Plus tu pèses sur l'accélérateur et plus la voiture s'enfonce. C'est un peu la même chose pour les athlètes. Plus on veut le sortir du trouble, plus on le cale sans le vouloir.

On voit que les choses ne tournent pas rond actuellement pour le gardien numéro un. On a pu voir son expression faciale contre les Flyers lundi. Il regardait ses défenseurs et il cherchait des solutions. Je n'ai pas aimé qu'il présente ses excuses à ses coéquipiers après sa mauvaise première période contre Toronto, samedi dernier. J'aimerais voir Price enragé et plus déterminé que celui qui s'excuse pour être gentil envers ses coéquipiers. Je voudrais retrouver le batailleur qu'on a connu depuis le début de la saison et qui n'acceptait pas la défaite. Je n'aime pas le voir trop doux.

Nous sommes à deux semaines du début des séries et les deux dernières défaites pourraient avoir un effet sur le degré de confiance de Price. Contre les Maple Leafs et contre les Flyers, il a donné des buts très tôt dans la rencontre. Habituellement, c'est le gardien qui garde son équipe dans la partie quand les choses vont moins bien. Price n'a simplement pas trouvé le moyen de garder son équipe dans la rencontre et il a accordé neuf buts en 50 minutes de jeu. Il n'a pas été faible sur tous les buts, mais il aurait pu faire mieux.

Je pense qu'il voulait se présenter contre Toronto et voler la partie. Il voulait montrer aux Leafs, que le Canadien pourrait affronter en séries, qu'il était l'homme à battre, mais il a raté son coup. Ce qui est pire, c'est que Therrien lui a fait confiance lors du match suivant contre les Flyers, un club sans ressource et pratiquement éliminé, et le cirque s'est poursuivi. Ce n'est pas étonnant que l'entraîneur envoie Budaj mercredi contre les Penguins.

Ryan White court à sa perte

J'ai l'impression que Ryan White ne se rend pas compte de la chance qu'il a de jouer dans la LNH. Il pose des gestes qui sont difficiles à expliquer. Il aurait pu mettre Kent Huskins en échec sans viser la tête et sans le blesser comme il l'a fait. Kurtis Foster et Ryan White

D'un côté, le Canadien a White qui déborde d'intensité, et d'un autre côté, il a Travis Moen qui n'en donne pas assez. On dit que Moen a subi une commotion cérébrale l'an dernier, mais cette commotion ne l'a pas empêché de signer un contrat de quatre ans qui lui rapporte annuellement 1 850 000 dollars. Je pense que Moen est un athlète frustré parce qu'il évolue sur le quatrième trio. À une autre époque, Jacques Martin l'utilisait sur un troisième trio et parfois en avantage numérique. Brandon Prust et Francis Bouillon font tout le travail que Moen devrait accomplir et il doit se sentir mal dans sa peau. C'est Marc Bergevin qui lui a accordé un contrat à long terme, c'est à lui à avoir une discussion avec Moen.

Therrien pourrait devoir prendre des décisions, car il ne faut aucun doute que Moen ne veut pas faire le travail. On l'a vu contre deux adversaires qui préconisent un jeu robuste et physique. Brendan Gallagher se fait marteler devant le filet et David Desharnais aussi encaisse les coups, alors que Moen ne fait rien.

L'équipe devra aussi prendre une décision avec White qui est peut-être en train de se sortir de Montréal. Therrien lui a servi quelques avertissements concernant son indiscipline. Il reste à voir jusqu'à quel point le Canadien va étirer l'élastique avec lui. Lundi, il a voulu réveiller son équipe qui en arrachait, mais il l'a fait de la mauvaise façon. Il doit prendre conscience qu'il est un joueur de quatrième trio et que la ligne est mince entre la quatrième ligne chez le Canadien et les Bulldogs de Hamilton. J'ai l'impression qu'il est de moins en moins dans les plans de l'équipe.

*Propos recueillis par Robert Latendresse