OTTAWA – Vingt-quatre heures après avoir été sauvé par son nouveau premier trio et son attaque massive qui ont transformé un déficit périlleux de 0-2 en victoire inattendue de 3-2, le Canadien n’a pu être sauvé de la misère dans laquelle il s’est embourbé dès le premier tiers.

Très lent à se mettre à marche en début de rencontre, incapable de compter sur l’implication de l’ensemble de l’équipe et confronté à une équipe qui tente de sauver sa saison, le Canadien s’est incliné 4-1 dans un match qui n’aidera en rien le Tricolore à convaincre les sceptiques qu’il forme vraiment un club capable de viser les grands honneurs le printemps prochain.

Oui, Max Pacioretty a marqué un but. Un autre. Un 21e cette saison qui lui a permis de prolonger à six sa série de matchs consécutifs avec au moins un but. Une séquence au cours de laquelle il en a enfilé sept. Rien de moins.

Oui, l’attaque massive a généré sept tirs au but, dont quelques-uns très bons, lors des quatre attaques massives obtenues au cours de la période médiane. Mais en dépit de la qualité de ces tirs au but et des occasions qu’ils ont créées, aucune rondelle n’a touché le fond du filet.

Oui Carey Price, la pierre angulaire de l’équipe, était assis au bout du banc alors que son adjoint Dustin Tokarski avait la responsabilité de prolonger à sept la séquence de victoires consécutives sur la route du Tricolore. Tokarski n’est pas Carey Price. C’est évident. Et bien qu’il ait accordé trois buts sur les 34 tirs qu’il a affrontés, il serait malhonnête de lui imputer le blâme dans la défaite. Car ce blâme, c’est devant Tokarski qu’il doit être distribué.

Hormis Max Pacioretty (5), Brendan Gallagher (2) et Tomas Plekanec (3), Brandon Prust (2) et Manny Malhotra (2) sont les seuls autres attaquants du Canadien à avoir forcé le gardien Craig Anderson à réaliser un arrêt. Qu’il soit difficile ou non.

« Sept attaquants n’ont pas obtenu le moindre tir ce soir. C’est inacceptable. On ne peut pas seulement se fier à Max et à notre premier trio. Les autres attaquants doivent trouver une façon de contribuer offensivement. C’est clair », a convenu l’entraîneur-chef Michel Therrien dans son point de presse d’après-match.

De tous les attaquants qui n’ont pas obtenu le moindre tir, Jiri Sekac a été le plus menaçant avec deux belles poussées au filet des Sénateurs. Alex Galchenyuk a aussi réalisé une passe savante à Nathan Beaulieu en deuxième période pour lui offrir une occasion en or de marquer. Une occasion que le jeune défenseur a ratée. Mais Galchenyuk s’est surtout fait remarquer jeudi en essuyant une solide mise en échec de Bobby Ryan qui l’a envoyé cul par-dessus tête dans un coin de patinoire. Le genre de coup d’épaule qui rappellera au jeune joueur de centre qu’il est nécessaire de garder la tête haute une fois bien avancé en zone ennemie...

À plat en première

Si Therrien a mis le doigt sur une partie des ennuis qui ont coulé son club face aux ennemis d’Ottawa, il a mis le poing sur la raison principale qui a coulé son équipe hier : le début de match.

« La partie s’est jouée en première période. Ils ont pris le contrôle du match et on n’a pas réagi. Ce n’est jamais facile de jouer un deuxième match en deux soirs. La préparation mentale était faite. On avait avisé nos joueurs. Les Sénateurs nous ont offert exactement l’opposition qu’on attendait d’eux. Mais physiquement nous n’avons pas réagi en première. Je crois d’ailleurs que nous avons disputé notre pire période de l’année en première ce soir », a admis Michel Therrien.

Résultat : les Sénateurs ont obtenu pas moins de 20 tirs au cours du premier engagement. Ils en ont profité pour faire encaisser le premier but de la rencontre au Canadien pour une 25e fois cette saison.

Un but un brin ou deux bête alors que le Canadien s’est rendu coupable d’un dégagement refusé bien inutile qui a entraîné une mise en jeu à la droite de Dustin Tokarski. Lars Eller a perdu cette mise en jeu, lents à réagir, les joueurs du Canadien ont bousillé leur couverture des adversaires permettant à Mika Zibanejad de sauter sur un retour de lancer dans l’enclave pour inscrire le premier but de la rencontre.

En ajoutant un deuxième but en fin d’engagement – Tom Gilbert et Alexei Emelin ont été incapables de protéger leur gardien alors que la rondelle allait dans tous les sens dans l’enclave – les Sénateurs ont porté à 33, le nombre de buts accordés par le Tricolore lors des 43 premières périodes disputées cette saison. C’est beaucoup. Ça devient énorme quand on considère que le Tricolore a répliqué 17 fois seulement.

« Nous étions à plat », a candidement reconnu Max Pacioretty.

Catalyseur de l’attaque du Canadien, Pacioretty a défendu son équipe en soulignant qu’elle s’était remise en marche au cours des 40 dernières minutes.

« On a repris le contrôle du match par moment. Notre attaque à cinq n’a pas donné de but, mais elle est loin de nous avons couper les ailes. On a généré de l’attaque. Des occasions. On ne peut pas toujours juger la qualité d’une attaque massive simplement par les buts qu’elle marque. Ils nous ont donné beaucoup d’opposition et leur gardien a effectué de gros arrêts pour nous priver de buts qui nous auraient permis de revenir dans la partie », a ensuite plaidé celui qui agit à titre de capitaine depuis au moins un mois.

Et je parle bien sûr de Pacioretty.

Subban en dents de scie

Après une rencontre difficile à Columbus mercredi, P.K. Subban a amorcé le match de jeudi de la même façon. Des passes ratées, des revirements et une nonchalance qui n’a rien à voir avec le talent prodigieux de ce défenseur ont soulevé une fois encore un vent de critique à l’endroit du défenseur.

Subban a toutefois réalisé quelques belles pièces de jeu, il a cadré quatre de six tirs qu’il a tentés, a asséné une solide mise en échec, bloqué deux tirs tout en demeurant loin du banc des pénalités.

Mais contrairement à mercredi, à Columbus, il n’a pu complètement effacer ses erreurs avec un but capable de faire tout oublier aux yeux de ses partisans et d’une grande majorité d’amateurs et aussi d’observateurs.

Subban a terminé sa soirée de travail avec un différentiel de moins-2. Tout comme son partenaire de travail Andrei Markov, comme les membres du troisième duo (Emelin-Gilbert) et comme David Desharnais.

Jean-Gabriel PageauPageau, Pageau, Pageau!

De retour à la maison après un voyage difficile de trois revers en quatre matchs, un voyage qui les a écartés un peu plus loin encore d’une place en séries, les Sénateurs et leurs partisans se demandaient en chœur jeudi matin s’il ne valait pas mieux lancer la serviette et se tourner vers l’avenir en complétant quelques transactions pour renflouer l’équipe.

La victoire aux dépens du Canadien saura-t-elle les relancer? Ou retardera-t-elle seulement l’échéance? On verra.

Ce qui est clair toutefois, c’est que ce gain a permis de relancer le Gatinois Jean-Gabriel Pageau qui a profité de l’escale du Canadien à Ottawa pour relancer sa saison.

Ou la lancer en fait.

Pageau n’en menait pas large dans le vestiaire des Sénateurs jeudi matin. Limité à une petite passe lors des 12 matchs disputés depuis son rappel par le grand club, le petit Gatinois s’accrochait aux performances honnêtes qu’il a livrées sans pour autant avoir été récompensé en se disant que les choses finiraient bien par tourner en sa faveur.

« C’est toujours spécial pour moi d’affronter le Canadien. J’ai tellement d’amis qui sont des fans du Canadien que ça me motive c’est sûr », expliquait la première étoile de la rencontre après la partie.

Pageau, qui ne sait pas encore si les Sénateurs le voient comme un joueur offensif ou défensif, a excellé dans toutes les facettes du jeu hier.

En plus de marquer un but et de se faire complice d’un autre, il a été très solide en désavantage numérique. Il s’est aussi offert deux échappées au terme desquelles il a été incapable de marquer.

Celui qui avait inscrit un tour du chapeau dans le match qui a fait tourner la série éliminatoire Montréal-Ottawa en faveur des Sénateurs il y a deux ans en plus d’ajouter un but et une passe dans cette série de six parties, a pu se laisser bercer par les chants Pageau! Pageau! Pageau qui ont salué cette autre performance solide aux dépens du Tricolore.

Il ne lui reste qu’à répéter l’exploit contre quelques autres formations de la LNH afin de s’assurer de se tailler une place bien à lui au sein de l’alignement des Sénateurs.

Plus facile à écrire qu’à faire...

Le Canadien est rentré à Montréal par train immédiatement après son revers aux mains des Sénateurs. Michel Therrien et son équipe croiseront maintenant les Islanders de New York, samedi, et les Predators de Nashville mardi, au Centre Bell, avant de profiter de la pause du match des étoiles.

Si on peut s’attendre à un duel Carey Price – Jaroslav Halak samedi après le duel raté du 23 décembre dernier, le duel au sommet entre Carey Price et Pekka Rinne n’aura pas lieu mardi prochain en raison de la blessure au genou qui devrait garder le gardien des Preds hors combat pour une période de trois à cinq semaines.