Dans les 14 matchs que le Canadien a disputés entre le 31 janvier et le 28 février, Max Pacioretty (10), Alex Galchenyuk (4) et Alexander Radulov (3) ont marqué 17 des 26 buts du Canadien. Au cours de cette séquence, Pacioretty et Radulov jouaient presque exclusivement avec Phillip Danault.

Au cours des 10 matchs disputés depuis la reprise des activités au lendemain de la date limite des transactions et de leur réunification au sein du premier trio, Pacioretty, Galchenyuk et Radulov totalisent deux buts. Deux buts sur les vingt-deux que le Canadien a marqués lors de ces dix parties.

Deux bien petits buts qui sont tous deux venus de la lame du bâton du capitaine. Une fois en avantage numérique; une fois dans une cage déserte.

Mardi soir, contre Detroit, le premier trio du Canadien a une fois encore été tenu en échec. Malgré 6 tirs cadrés sur les 17 tentés, le premier trio a prolongé sa disette alors qu’un duel contre une équipe éliminée des séries et poreuse en défensive aurait facilement pu servir de tremplin vers des jours meilleurs.

Ça viendra peut-être jeudi alors que les Hurricanes de la Caroline feront escale au Centre Bell.

Le mot clef est peut-être.

Mais hier, le premier trio s’est contenté de frapper à la porte et le Canadien a encaissé un revers de 2-1 en prolongation. Une prolongation qui a récompensé Al Montoya, le meilleur joueur en uniforme pour le Tricolore mardi avec ses 34 arrêts. Une prolongation rendue nécessaire par Artturi Lehkonen, le meilleur attaquant du Tricolore face aux Wings.

La contribution de Lehkonen, l’éveil offensif de Paul Byron, de Brendan Gallagher, d’Andrew Shaw, Phillip Danault et dans une moindre mesure de Tomas Plekanec depuis le 1er mars est certainement une bonne nouvelle pour le Canadien et ses partisans.

Mais la panne du premier trio a de quoi inquiéter. Surtout qu’elle est associée au retour de Galchenyuk au centre de Pacioretty et Radulov.

À cause de son talent, de son agilité, de sa vitesse et de ses statistiques offensives qui sont plus qu’intéressantes, il est tout à fait normal de croire qu’Alex Galchenyuk devrait être le centre du premier trio.

J’étais d’ailleurs de ceux – et nous étions nombreux – qui réclamaient un retour de Galchenyuk avec Pacioretty et Radulov une fois son retour en santé et en forme après la blessure qui lui a fait rater 18 matchs en décembre et au début de janvier, sans oublier les trois autres parties ratées à la fin janvier.

Danault : un meilleur choix?

Mais voilà : la réalité est peut-être différente.

Et cette réalité est en train de nous démontrer que Phillip Danault, qui n’a pas le talent, l’agilité et les statistiques offensives de Galchenyuk, est peut-être un meilleur candidat pour orchestrer les poussées de Pacioretty et Radulov.

Danault, avec son travail, ses bonnes lectures du jeu, son échec-avant efficace et sa capacité de remporter des mises en jeu arrivait à mettre en valeur les qualités de ses ailiers. Ce que Galchenyuk peine à faire depuis qu’il a retrouvé « sa » place au sein du premier trio.

Parce qu’il aime tirer au but, Galchenyuk prive Pacioretty de bonnes occasions de le faire.

Parce qu’il aime manier la rondelle, Galchenyuk réduit le temps de possession de Radulov qui est pourtant un maître dans l’art de protéger le disque et de le distribuer en zone offensive.

Pis encore, Galchenyuk se rend souvent coupable de lectures boiteuses du jeu qui se déroule devant lui, autant en attaque qu’en défensive, sans oublier ses lacunes aux cercles des mises en jeu. Des lacunes tellement évidentes au cours des trois derniers matchs – 5 en 15 mardi contre Detroit et 10 en 33 lors des deux matchs de la fin de semaine contre Ottawa – que Claude Julien a plusieurs fois envoyé des centres en relève lors des mises en jeu avant de les rappeler au banc dès que possible à la faveur de Galchenyuk.

Trios chambardés

« Il n’a pas connu un bon match », a reconnu Claude Julien qui a d’ailleurs remodelé ses trios au dernier tiers afin de générer un brin ou deux plus d’offensive. « Je n’ai pas eu le choix de prendre ces décisions malgré la chimie remarquée au sein des autres trios lors des derniers matchs », a ajouté l’entraîneur-chef du Tricolore.

Phillip Danault a donc remplacé Galchenyuk au centre du premier trio. Andrew Shaw évoluait au centre de Paul Byron et Artturi Lehkonen lorsque le Finlandais a créé l’égalité avec moins de trois minutes à faire au match.

ContentId(3.1222967):« Ce n'était pas mauvais... mais ce n'était pas bon »
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Galchenyuk? Il s’est retrouvé à l’aile avec Gallagher et Plekanec.

Refusant d’étaler devant les journalistes ses doléances à l’endroit de Galchenyuk, Claude Julien a indiqué qu’il devrait travailler avec lui pour l’aider à comprendre ce qu’il doit faire pour mieux jouer au centre et aider ses ailiers à sortir de leur disette offensive.

Tout ça est bien beau. Mais avec neuf matchs encore à disputer en saison régulière, Claude Julien n’a plus beaucoup de temps pour analyser et effectuer des essais. Il doit trouver des combinaisons et leur donner la chance de créer un brin ou deux de chimie afin de maximiser les chances de victoires en séries éliminatoires.

« Le match vient de prendre fin. J’ai relevé comme vous certaines lacunes et il est clair que je devrai analyser tout ça et trouver des solutions », a convenu Julien.

Des solutions qui pourraient tomber dès l’entraînement de mercredi à Brossard.

S’il semble clair que la solution passe par le retrait de Galchenyuk du premier trio, il est permis de se demander si Claude Julien ira jusqu’à le muter à l’aile. Une décision qui relancerait un débat qui fait rage depuis la sélection de Galchenyuk au repêchage de 2012 : le jeune américain est-il vraiment un centre ou est-il plutôt un ailier?

On verra.

Ce qui est clair, c’est que le Canadien a besoin de relancer Pacioretty et Radulov pour maximiser ses chances de prolonger sa présence en séries. Et c’est peut-être bien Phillip Danault qui sera en mesure d’orchestrer cette relance.

Ça n’enlève rien au talent de Galchenyuk. Un talent qui pourrait d’ailleurs bien mieux servir le Canadien et du coup faire grand plaisir à ses partisans s’il était utilisé à l’aile au lieu d’être miné, voire gaspillé, comme c’est le cas présentement en étant confiné au centre.

Mantha a compris le message

S’ils ont été incapables de protéger leur avance d’un but au dernier tiers, les Red Wings ont malgré tout privé le Canadien d’une 12e remontée victorieuse en troisième période.

C’est le Québécois Anthony Mantha qui a scellé l’issue du match en déjouant Al Montoya à l’aide d’un puissant et précis tir des poignets décoché de l’enclave.

Avant de déjouer le gardien du Canadien pour inscrire son 15e but de la saison, Mantha a sorti Alex Galchenyuk de ses patins à l’aide d’une feinte magistrale aux dépens du joueur du Tricolore qui effectuait alors sa toute première présence en prolongation.

C’était le premier but de Mantha depuis que Jeff Blashill lui a fait subir l’affront de suivre deux matchs du haut de la galerie de presse au terme d’une séquence de 17 matchs sans but.

« Le coach avait un message à passer et je l’ai compris. Il me demande d’être plus actif sur la glace, de bouger mes pieds à toutes les présences. Il veut que ça devienne instinctif », a indiqué le premier choix des Wings (20e sélection) en 2012.

À 6'5" et 221 livres, Mantha a la taille et la vitesse pour être actif sur la patinoire. On l’a vu sur le but gagnant, son troisième de la saison. Un but qu’il a marqué sur son septième tir de la rencontre. Un sommet personnel cette saison. « C’est toujours spécial de jouer contre le Canadien, surtout ici à Montréal. J’ai passé la journée avec mes parents et des amis. Disons que j’avais une motivation supplémentaire », a convenu Mantha qui affiche trois buts en six matchs en carrière contre le Tricolore.

Si Mantha a finalement secoué sa guigne, Riley Sheahan a quant à lui prolongé à 70 matchs sa séquence de matchs sans avoir marqué. Premier choix des Wings en 2010 (21e sélection) Sheahan n’a pas encore de but cette saison en dépit des 95 tirs qu’il a dirigés sur les gardiens des 29 autres formations de la Ligue. Mince consolation, il revendique toutefois 10 passes.

En 203 matchs disputés dans la LNH avant les 70 de cette année, le joueur de centre de Ste Catherines en Ontario avait enfilé 36 buts.