Pacioretty s’élève enfin au rang de capitaine
Canadiens mardi, 27 févr. 2018. 01:37 samedi, 14 déc. 2024. 13:48Sept minutes après la défaite de 1-0 que le Canadien a encaissée aux mains des Flyers de Philadelphie, sept heures après que le couperet sur les transactions soit tombé et l’ait épargné alors que cinq, dix, vingt rumeurs plus folles les unes que les autres l’envoyaient aux quatre coins de la LNH, Max Pacioretty s’est élevé au rang de capitaine. De vrai capitaine.
Il était temps diront certains.
Il est trop tard répliqueront d’autres qui ont été amèrement déçus de voir que le Canadien n’a pas été en mesure de l’échanger et qui gardent espoir qu’une transaction viendra une fois la saison terminée ou avant que la prochaine ne commence.
Loin de moi l’intention de prétendre que les premiers ont raison et que les deuxièmes ont tort. Ou le contraire.
Ce que je sais toutefois, c’est que jamais encore depuis qu’il a accepté le titre de capitaine, je ne l’avais vu regarder les journalistes droit dans les yeux comme il l’a fait après le match. Jamais encore, ou pas assez souvent, je ne l’avais entendu répondre aux questions avec autant de franchise, de passion, de sérieux. Avec une émotion impossible à feindre. Avec conviction.
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«Si je suis soulagé d’être toujours ici? C’est évident. Je vous le répète depuis des semaines. J’ai cette équipe à cœur. J’ai à cœur la ville et nos partisans. Je vis à Montréal 12 mois par année et non seulement durant la saison. C’est chez nous ici», a lancé Pacioretty avant d’admettre que les spéculations et les insinuations reliées à ses intentions réelles quant à son avenir à Montréal l’ont atteint.
«Avec toutes les rumeurs qui flottaient, je me préparais au pire. J’ai trois enfants et mon fils Max portait un chandail du Canadien à l’école aujourd’hui. Je voulais qu’on puisse aller le chercher et qu’il se sente bien de l’avoir sur le dos. Dans ce genre de situation, tu penses d’abord à ta famille. À tes enfants. Je suis une personne émotive. J’assume pleinement mes responsabilités en ce qui a trait à mes contre-performances jusqu’ici cette année. Mais il est injuste de tout me mettre sur le dos. Je ne sais pas si certaines personnes ont mal interprété mes sautes d’humeur et mon impatience des dernières semaines à l’égard des questions qui revenaient sur les rumeurs de transaction, mais j’ai réagi avec émotion à tout ce qui se disait sur moi.»
«Je demeure loin des médias sociaux et je tente de porter le moins d’attention possible à ce qui se dit et s’écrit sur mon compte. Mais c’est impossible d’y arriver dans le cadre d’une journée comme aujourd’hui et des jours qui l’ont précédé. Je ne peux rester insensible à tout ce qui s’est dit sur mes intentions qui sont interprétées en fonction de la façon dont je joue. De la façon dont je me comporte. Il y a tellement de faussetés qui sont lancées. On dirait que c’est fait en espérant que l’une des théories tiendra. Je ne peux pas venir devant vous et tenter de détruire toutes les rumeurs. Tout ce que je peux faire c’est de venir vous répéter que je tiens à ce que les choses fonctionnent ici pour moi et pour l’équipe. Nous devrions être acheteurs tous les ans et non vendeurs comme nous l’étions cette année. Quand une équipe connaît une saison comme celle que nous connaissons, il est normal que nous soyons tous, du premier au dernier, analysés sévèrement et soumis à des remises en question. Nous avons tous un examen de conscience à faire. Nous avons tous une part de blâme à porter. Mais avec 20 matchs à faire, je sens que nous avons amorcé un changement dans la bonne direction. Il est temps de nous regrouper afin de profiter de ce qu’il reste de la saison pour déjà préparer celle qui s’en vient.»
Aucune transaction réclamée
Bien que rien dans les propos de Marc Bergevin – le directeur général n’a pas assuré comme il l’a fait dans le dossier de Carey Price qu’il tenait à offrir une prolongation de contrat à son capitaine l’été prochain, avant qu’il n’écoule la dernière année de son pacte actuel – ne démontre que le Canadien tienne vraiment à garder Pacioretty à Montréal, le principal intéressé lui tient à rester.
«Je n’ai jamais demandé une transaction», a assuré le capitaine.
Je n’ai pas de raison de mettre en doute Max Pacioretty lorsqu’il assure ne pas avoir réclamé de transaction. Mais dans le tourbillon des dernières semaines, il est clair que le capitaine a vécu des moments difficiles. Secoué par les rumeurs, il s’est résigné l’idée qu’il soit échangé.
La transaction n’est pas venue hier. Ça ne veut pas dire qu’il ne viendra pas un jour. Seuls le temps et les offres reçues par le Canadien répondront à ces questions. Car dans le cadre du dernier droit des transactions, le Canadien n’a jamais reçu d’offre concrète l’incitant à débattre du bien-fondé, ou non, d’échanger le capitaine.
Le «C» n’est pas trop lourd à porter
Parlant du titre de capitaine, Pacioretty assure qu’il n’est pas trop lourd à porter. Loin de là.
«J’entends souvent ce genre de remarque et en fait on me pose souvent la question en laissant entendre que ce rôle me cause des ennuis. Je vous assure que la réalité est tout le contraire. Le titre de capitaine et les responsabilités qui viennent avec m’incitent à me concentrer d’abord sur les questions reliées à l’équipe au lieu de me laisser affecter par mon rendement personnel. Le rôle de capitaine m’aide plus qu’il peut me nuire, je vous l’assure.»
S’il espère vraiment demeurer à Montréal, s’il tient à recommencer à marquer des buts et à aider le Canadien à gagner, Max Pacioretty doit maintenant transporter sur la patinoire le leadership qu’il a affiché dans le vestiaire en livrant son vibrant témoignage d’après-match.
Écarté des tirs de barrage
Pacioretty déploie des efforts depuis quelques matchs. Mais il semble tellement préoccupé par ce qui se passe autour de lui qu’il semble en perdre ses moyens.
Samedi, il a raté des occasions en or dont trois échappées. Il a tenté de manoeuvres osées au lieu d’avoir recours à son arme de prédilection : son tir des poignets.
La confiance de Pacioretty semble vraiment affectée depuis des semaines. En tirs de barrage après que les gardiens Charlie Lindgren et Petr Mrazek eurent bloqué tous les tirs affrontés au cours des 65 minutes, de jeu, Pacioretty est demeuré au banc. Claude Julien lui a même préféré David Schlemko lors de la sixième vague.
Brendan Gallagher aurait été préféré à Pacioretty qu’on aurait compris. Car Gallagher, même si cette statistique est trompeuse et qu’il n’a pas été envoyé en fusillade depuis quatre ans, est le meilleur marqueur du Tricolore cette année.
Hudon? On aurait pu comprendre aussi.
Mais Schlemko? Surtout qu’il n’a pas marqué!
«Si vous faites vos devoirs, vous comprendrez un peu mieux», a plaidé Claude Julien.
Les devoirs dont parlait l’entraîneur-chef du Tricolore sont les statistiques. David Schlemko a marqué deux fois en quatre tirs de barrage en carrière. C’est beaucoup (50 %), mais peu à la fois en considérant l’échantillonnage.
Max Pacioretty? Il a marqué huit fois en 34 tirs de barrage en carrière. Le hic, c’est qu’il est 0 en 4 cette année et 0 en 8 si on ajoute les quatre tentatives ratées de la saison 2016-2017. De fait, le capitaine n’a marqué que trois fois à ses 15 derniers tirs de barrage décochés lors des trois dernières saisons.
Je sais, les statistiques ne disent pas toujours la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Et dans les faits, j’aimerais davantage voir un marqueur comme Pacioretty s’élancer qu’un défenseur comme Schlemko. Surtout si on veut requinquer le moral du capitaine et mousser ne serait-ce qu’un peu sa confiance. Mais la décision de Claude Julien démontre à quel point Max Pacioretty doit maintenant revenir de loin.
Un but décisif en tir de barrage aurait certainement été un bon début.
Mais vous savez quoi? En se levant comme il l’a fait après la rencontre, en affrontant les questions et surtout en dévoilant ses sentiments en marge des jours difficiles qu’il vient de vivre avec sa famille parce que des rumeurs le chassaient de «chez lui», Max Pacioretty s’est enfin dressé comme un capitaine. Un vrai. Et je suis convaincu que cet éveil ne pourra qu’être bénéfique pour lui, pour ses coéquipiers, pour son équipe.
Est-ce que le «nouveau» capitaine pourra régner encore longtemps?
Impossible de le dire.
Mais à la lumière de ce qu’il a démontré hier, l’histoire nous apprendra peut-être dans quelques années que le règne du vrai capitaine Pacioretty a débuté le 26 février 2018 sept minutes après une défaite de 1-0 aux mains des Flyers de Philadelphie, une défaite au cours de laquelle il s’est fait remarquer dans le cadre d’une petite escarmouche en début de match et en étant écarté de la séance de tirs de barrage, mais surtout sept heures après avoir survécu au couperet mettant fin aux transactions.