Battre les Bruins de Boston, la meilleure équipe de la division Atlantique et l’une des bonnes de l’Association Est, ce n’est pas rien.

Venir à bout de la meilleure défensive de la LNH au grand complet malgré le fait que le Canadien disputait un troisième match en quatre soirs, un sixième en neuf alors que les Bruins revenaient au jeu après une pause de cinq jours relève même de l’exploit. Un exploit dont Michel Therrien, ses joueurs et leurs partisans ont raison d’être fiers ce matin au lendemain de leur victoire de 2-1.

Surtout que le Canadien, fort de cette victoire, se réveille au premier rang de la division avec 39 points, un de mieux que les Bruins, et au deuxième de l’association, deux points derrière les Penguins de Pittsburgh.

Quoi? Les Bruins ont deux matchs en mains sur le Tricolore. C’est vrai. Mais encore doivent-ils les gagner. Car le Canadien les a gagnés lui.

Les chiffres sont intéressants. Non! Impressionnants : quatre victoires de suite, huit victoires lors des neuf derniers matchs, dix victoires lors des treize dernières rencontres, une seule défaite en temps réglementaire lors de ces treize parties qui ont permis au Tricolore de soutirer 22 des 26 points à l’enjeu.

Sans oublier qu’après avoir stoppé à 11 sa séquence de matchs consécutifs au cours desquels il avait limité ses adversaires à deux buts ou moins, le Canadien a repris là où il avait laissé, limitant les Bruins à un petit but. Un exploit que Carey Price, Peter Budaj et la défensive du Canadien ont réalisé dix fois en 30 matchs depuis le début de la saison en limitant l’adversaire à un but à neuf reprises en plus de signer un jeu blanc.

Alors qui arrêtera le Canadien?

Qui arrêtera le Canadien? Certainement pas les Sabres de Buffalo qui feront escale au Centre Bell samedi. Des Sabres qui sont moribonds et que le Canadien a justement battus 3-1 il y a tout juste une semaine.

Les blessures pourraient freiner ce bel élan. Bien sûr. Car contrairement à plusieurs de ses rivaux, et contrairement aux hécatombes avec lesquels il a très souvent dû composer, le Canadien est épargné par les blessures comme rarement il l’a été au fil des dernières années. Vous n’allez quand même pas me dire que les pertes de Rene Bourque et Davis Drewiske minent les chances de victoires du Canadien match après match…

Mais le plus gros adversaire du Canadien demeure le Canadien lui même.

Car ce club qui semble imbattable, ou difficile à battre, disons, lorsque tous ses éléments sont en place et que son gardien joue à la hauteur de son talent et de sa réputation, devient vite fragile lorsqu’un grain de sable enraye l’engrenage.

« C’est plaisant d’être en première place, mais il faudrait s’assurer de le rester », a d’ailleurs reconnu Daniel Brière après la victoire.

Une victoire à laquelle le Gatinois n’a pas beaucoup contribué (14 présences, 9 min 33 s) puisque lui et son compagnon de trio Alex Galchenyuk (8 min 13 s en 13 présences) ont été gardés au banc plus souvent qu’ils ne l’auraient voulu.

Mais bon! Comme toutes les décisions que prend Michel Therrien sont couronnées de victoires, il est bien difficile de décrier le travail de l’entraîneur-chef même si on voudrait voir Brière et Galchenyuk plus souvent sur la patinoire. Surtout que Brière, avec ses mains habiles et sa vision perçante, a offert une passe savante à Galchenyuk en milieu de deuxième lors de la première vraie bonne séquence du Canadien dans le match.

Une séquence qui n’a pas donné de but. Mais une séquence qui a donné le ton et qui a été suivie, pas longtemps après, du but de Tomas Plekanec qui nivelait les chances.

Cette présence de Brière et Galchenyuk a été, à mes yeux, le tournant offensif de la rencontre. Avant cette présence, le Canadien respectait beaucoup trop les Bruins. Après, il s’est imposé beaucoup plus.

Quant au tournant défensif, je dirais au point tournant tout court, je l’accorde à l’arrêt effectué par Carey Price avec quelques secondes seulement à écouler en première période. Price, d’un geste vif de la jambe droite, a réalisé un arrêt crucial après un retour généreux accordé dans l’enclave. Sans cet arrêt, le Canadien aurait retraité au vestiaire avec un recul de 2-0. Le travail de motivation effectué au cours de l’entracte dans le vestiaire du Tricolore aurait alors été beaucoup plus ardu.

Mais Price, comme il le fait match après match depuis le début de la saison, a su garder son équipe dans le coup. Il a su lui donner une chance, ou deux, ou trois, de gagner.

Price n’a pas gagné ce match tout seul.

Ça non!

C’est d’ailleurs l’excellence du travail collectif du Canadien qui le guide vers la victoire depuis le début de sa séquence plus qu’heureuse.

Cela dit, il est essentiel de souligner le travail remarquable accompli par Tomas Plekanec encore hier. Non seulement Plekanec a-t-il muselé ses adversaires des Bruins en remplissant à la perfection sa mission défensive, non seulement a-t-il été impérial aux cercles des mises en jeu, mais Plekanec a enfilé son 10e but de la saison hier.

Bien que discret offensivement, Plekanec est rendu à 10 buts cette année. C’est juste un de moins que Max Pacioretty. Bon! Vous direz, avec raison, que Pacioretty a enfilé ses 11 buts en 22 parties – les neuf derniers lors des neuf dernières rencontres du Canadien – huit de moins que Plekanec, ce qui est bien vrai. Mais Plekanec s’impose toujours comme le centre le plus complet du Canadien. Comme le meilleur à mes yeux.

S’il pouvait mettre la rondelle au but plus souvent lorsqu’il décoche ses tirs, ses statistiques offensives ne s’en porteraient que mieux, mais quand on analyse l’ensemble du jeu de Plekanec, il est très difficile, et surtout complètement incompréhensible, d’entendre certaines critiques qui lui sont adressées.

Idem pour le capitaine Brian Gionta.

Souvenir de l’an dernier

Si le Canadien est sur une lancée, une très belle à part ça, il ne faudrait pas que les joueurs et les partisans laissent cette lancée les aveugler.

Car pas plus tard que la saison dernière, après les 30 premiers matchs d’une saison qui en comptait seulement 48, le Canadien affichait déjà 20 victoires et ne déplorait que 5  revers en temps réglementaire.

Avec six points de plus à sa fiche, il flirtait aussi avec les premières places de sa division, de son association et de la Ligue.

On sait ce qui s’est produit ensuite.

Même que plusieurs observateurs déplorant la petite taille du Tricolore prétendaient que si la saison s’était prolongée sur 82 matchs au lieu de prendre fin à 48, sa présence en séries aurait été sérieusement menacée.

Si plusieurs amateurs semblent avoir oublié, volontairement ou non, cette statistique positive après 30 rencontres et les résultats moins positifs qui ont suivi l’hiver dernier, je peux vous assurer que Michel Therrien ne les a pas oubliés.

Et qu’il s’assurera de les rappeler à ses joueurs pour qu’ils évitent de tomber dans le piège.

Cela dit, avec Carey Price qui garde les buts comme il le fait, avec Peter Budaj qui l’appuie comme il le fait, donnant au Canadien le meilleur – ou l’un des excellents – duo de gardiens de la LNH, avec une équipe en santé qui joue très bien défensivement et trouve le moyen d’être opportuniste à l’attaque, le Canadien donne l’impression d’être bien meilleur que l’an dernier.

Ça promet pour la suite…