BROSSARD – Les partisans du Canadien ont le droit de rêver aux Evgeni Malkin, Jordan Eberle et compagnie pour venir renflouer l’attaque montréalaise, mais le directeur général Marc Bergevin a tenu à préciser qu’il ne joue pas au Playstation quand il procède à une transaction.

C’est avec son humour habituel que Bergevin a répondu aux nombreuses questions par rapport aux amateurs qui l’implorent d’acquérir un attaquant de premier plan pour venir relancer l’offensive du CH.

« Ma réalité n'est pas la même que sur le Playstation. Ce matin, quand j’ai appelé le directeur général pour répéter la même transaction que j'ai réussie la veille sur mon Playstation... Il m'a raccroché la ligne au nez », a-t-il lancé en riant pour expliquer que son métier n’est pas aussi facile que certains peuvent le croire.

Pour l’instant, la plus grande lacune du Canadien au plan offensif se situe au centre. Évidemment, Bergevin serait le premier intéressé à dénicher un imposant et talentueux joueur qui pourrait rehausser le quatuor actuel de David Desharnais, Tomas Plekanec, Lars Eller et Torrey Mitchell (joueur autonome). Mais si les fidèles du Canadien l’ont remarqué, tous les homologues de Bergevin le savent et ils recherchent d’ailleurs la même chose.

« J'aimerais mettre la main sur un joueur de centre d'impact, mais ceux qui les ont ne veulent pas les échanger. Si je me souviens bien, Joe Thornton a été le dernier à être disponible et ça fait environ 10 ans. Ryan Kesler avait une clause dans son contrat sur les échanges et il a décidé qu'Anaheim était sa destination. C'est difficile parce que tout le monde veut mettre la main sur les mêmes éléments », a poursuivi Bergevin en précisant que le prix à payer serait rien de moins que Carey Price pour les meilleurs centres de la profession.

En se fiant sur ce constat, le dirigeant du Tricolore mise donc sur le développement à l’interne pour propulser son organisation au niveau supérieur. La première carte qu’il détient dans son jeu porte le numéro 27.

Mais n’allez surtout pas trop vite dans le cas d’Alex Galchenyuk, puisque Bergevin a pris soin d’insister à quelques occasions dans son généreux point de presse de plus de 50 minutes que l’attaquant de 21 ans pourrait bien poursuivre sa carrière à l’aile et non au centre.

« Je n’ai pas établi une date limite pour le voir au centre, mais dans le junior, à Sarnia, il avait été déplacé à l’aile. Il est confortable à cette position et il n’est pas encore un joueur de centre présentement. Est-ce qu’il le deviendra? Le temps nous le dira. En ce moment, il est plus à l’aise à l’aile. Je ne peux pas vous dire quand ou même s’il deviendra un centre », a détaillé Bergevin.

Une solution pourrait être d’accorder une longue période d’adaptation au centre à Galchenyuk, comme pendant plus d’une trentaine de parties, mais l’état-major du CH n’est pas enchanté par cette idée actuellement.

« Parce qu'on essaie de gagner des matchs de hockey. Si Michel pense que « Chucky » nous rend de meilleurs services à l'aile, c'est là qu'il va jouer. On aimerait tous qu'il soit un joueur de centre, mais jusqu'à maintenant, il n'a pas démontré qu'il pouvait être un centre d'impact dans cette ligue. Il faut beaucoup de travail pour être un joueur de centre. On n'est pas là pour faire des expériences, on est là pour gagner des matchs », a expliqué l’habile communicateur.

« Il ne sera peut-être jamais un joueur de centre. Jusqu'à présent, il n'a pas l'air d'un joueur qui va le devenir. C'est un bon jeune joueur qui a marqué 20 buts cette saison, mais évoluer au centre dans la LNH, ce n'est pas une tâche facile », a-t-il poursuivi quand il a été relancé sur le sujet.

De grands espoirs envers la relève

Si la solution ne provient pas du bâton de Galchenyuk et que les options sont minimes via le marché des transactions, Bergevin se tourne du côté des meilleurs espoirs de son organisation pour venir dynamiser l’attaque.

« Bien sûr, mon travail est de rendre cette équipe meilleure. Est-ce que j’aimerais avoir un marqueur de 25-30 buts? Oui, beaucoup, mais ils ne sont pas disponibles », a précisé Bergevin encore vêtu comme une carte de mode.

« En tant qu’organisation, on veut toujours regarder à l’interne. On a un paquet de bons jeunes dont (Nikita) Scherbak, (Charles) Hudon et (Sven) Andrighetto qui ont pu se développer cette année et c’est la meilleure façon d’aller de l’avant. On espère que l’un d’eux pourra se développer et prendre ce rôle », a souhaité Bergevin, faisant plaisir à ces jeunes qui ont été nommés.

Lancé sur le sujet de Michael McCarron qui gagne des points présentement avec les Generals d’Oshawa, Bergevin a démontré de l’optimisme envers le colosse de six pieds six pouces et 225 livres.

« Il connaît beaucoup de succès actuellement en jouant au centre à Oshawa. J’ai même reçu un rapport disant qu’il a remporté 70 % de ses mises en jeu. C’est un joueur qu’on voyait comme un ailier droit, mais il se débrouille très bien au centre. Ça peut être une option et c’est certain qu’on pense beaucoup à McCarron comme joueur de centre, mais le junior, c’est un niveau différent de la Ligue nationale ou la Ligue américaine », a exprimé Bergevin avec des propos qui auront écho jusqu’à Oshawa.

La carte handicapée du repêchage

Advenant que l’éclosion des Scherbak, Hudon, Andrighetto et McCarron ne répondent pas aux attentes, les cuvées des prochains repêchages pourraient venir garnir le coffre d’outils du Tricolore en attaque. À ce sujet aussi, Bergevin a tenu à rappeler que la situation n’est pas idéale.

« Comme je l’ai dit dernièrement, tu deviens un peu victime de tes succès quand tu repêches 25e, 26e, 27e et les gros joueurs de centre que les 29 autres équipes cherchent ne sont plus là.

Voilà pourquoi la progression du Canadien ne peut guère se comparer à celle des Penguins ou celle des Blackhawks, que Bergevin a vécu de l’intérieur.

« À Chicago, on a eu le privilège de repêcher Jonathan Toews et Patrick Kane! », a pointé le DG en parlant d’une dose de chance nécessaire en citant l’exemple d’Anaheim qui a sélectionné Ryan Getzlaf au 19e rang en 2003.

Pour ceux qui se posaient la question, le nom de Jarred Tinordi a également été mentionné dans l’allocution de Bergevin et le Canadien n’a pas jeté l’éponge dans son cas.

« Je ne dirais pas qu’il a pris un pas de recul, je dirais que (Nathan) Beaulieu et (Greg) Pateryn ont effectué un pas vers l’avant. Les gros défenseurs qui patinent bien et qui jouent avec hargne sont durs à trouver. Il cadre avec ce modèle, mais certains ont besoin de plus de temps et ça semble être le cas de Jarred, qui fait encore partie de nos plans », a-t-il proposé.

De l’autre côté de la médaille, Bergevin a annoncé à Sergei Gonchar, Manny Malhotra et Mike Weaver que leurs services n’étaient plus requis à Montréal après avoir souligné leur contribution.

« Il faut de la créativité et de la chance »
« Therrien a fait un travail exceptionnel »