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La différence entre ce début de saison du Canadien et celui des années antérieures, c’est qu’il est difficile, voire impossible, de tomber sur des observateurs sérieux qui accordent la moindre chance au Canadien de remporter la coupe Stanley. Plus important encore, pour une très rare occasion, et à moins que cela m’ait échappé, aucun dirigeant de l’organisation ne s’est aventuré à faire ce genre de prévision. On ne s’en plaindra pas.

Si on nous avait répété, par exemple, que le Canadien est toujours à un ou deux joueurs près de tout rafler le printemps prochain, personne ne les aurait crus. Toutefois, quand Marc Bergevin, les deux pieds dans la rosée du matin, devant le chalet du club de golf de Laval-sur-le-Lac, a déclaré, le regard sérieux, que son équipe jouit d’une défense supérieure à celle de l’an dernier, on a eu droit à une exagération d’un autre genre.

Les partisans, qui ont vu les défaites s’aligner lors des matchs préparatoires, semblent résignés. Il serait étonnant d’apprendre que les deux dernières victoires, les seules du camp d’entraînement, aient changé quelque chose à leur façon d’analyser les choses. La défense est encore pleine de trous et l’attaque reste un brin suspecte. Bien sûr, on compte sur un Carey Price en santé, mais est-ce que sa contribution jugée si importante a contribué à faire une différence ces dernières années?

Selon tout ce que j’ai entendu dans le public ces dernières semaines, les joueurs, sauf Alex Galchenyuk peut-être, ne sont pas les premiers blâmés. Pas plus que l’entraîneur, d’ailleurs, qui est intouchable avec son entente toute neuve de 25 millions $. Ce serait manquer de jugement que de croire qu’on peut déstabiliser un entraîneur qui commence à peine à se mettre au travail.

La présente situation oblige donc le directeur général à porter sur ses épaules le poids de tout ce qui est à venir. Je ne pense pas que Bergevin s’attendait à ce que ce soit facile quand on l’a choisi pour remplacer Pierre Gauthier, mais il commence à faire chaud dans son bureau.

Certes, il a accompli beaucoup de choses depuis cinq ans. Des bonnes et des moins bonnes, comme c’est le cas pour tous les directeurs généraux. Il a accumulé un nombre effarant de transactions mineures et réussi quelques coups de circuit : Shea Weber, Alexander Radulov, Jonathan Drouin,Thomas Vanek et Jeff Petry. Ajouter à cette liste des acquisitions qui, sans virer la ville à l’envers, ont permis d’obtenir certains résultats : Phillip Danault, Torrey Mitchell, Paul Byron, Andrew Shaw, Jordie Benn et Karl Alzner qui n’a pas vraiment impressionné durant le camp d’entraînement.

De l’équipe qu’on lui a confiée il y a cinq ans, il ne reste plus que Carey Price, Max Pacioretty et Tomas Plekanec. En acceptant cette mission, Bergevin s’était vu offrir la possibilité d’écrire sa propre partie de l’histoire du Canadien. On lui a fourni beaucoup de temps pour y arriver. Son contrat original de cinq ans a été suivi d’une autre entente de la même longueur après trois ans et demi seulement. Cela signifie que si jamais Bergevin se rend à l’expiration de son contrat actuel, il aura passé 10 ans à la tête de l’équipe. Seuls Frank Selke (18 ans), Sam Pollock (14) et Serge Savard (12) auront fait mieux. Il n’en demandait pas tant, sans doute. Après l’avoir protégé jusqu’en 2022, Geoff Molson avait dit apprécier la façon avec laquelle il avait relancé l’équipe au départ. Il faisait confiance à son jugement pour tout le reste.

Son équipe revendique trois championnats de division. Pas mal, mais ce n’est pas ce que le public attend d’une organisation dont les changements ont été teintés d’une certaine improvisation durant le dernier quart de siècle.

Voilà où on en est à la veille du premier match de l’an 6 de Bergevin. On ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir essayé, même si je me doute bien que ce point de vue ne sera pas populaire. A-t-il toujours posé les bons gestes, pris les bonnes décisions? Bien sûr que non. Toutefois, on ne peut pas douter du profond désir de ce Montréalais, issu d’un quartier modeste à Saint-Henri, de remporter une coupe Stanley à quelques rues de l’endroit où il a grandi. Cependant, ce n’est sûrement pas la formation actuelle qui va lui permettre de caresser cette ambition.

Il ne craint sûrement pas pour son job puisque son propriétaire, qui le tient en haute estime, devrait lui verser une tonne de millions s’il devait le remplacer. Néanmoins, Bergevin, qui a jusqu’ici été incapable de trouver une solution de rechange dans le cas d’Andreï Markov, n’aura pas la moindre marge d’erreur en utilisant les huit millions $ dont il dispose encore pour changer les choses. C’est très rare qu’une organisation riche puisse jouir d’un tel avantage sur des compétiteurs pratiquement égorgés par les contraintes du plafond salarial. S’il dépense tout cet argent (ce qu’il devra faire tôt ou tard) sans améliorer l’équipe d’une façon très importante, le Canadien sera en difficulté pour quelques années encore.

Bergevin n’a nullement besoin qu’on le lui rappelle. Zéro marge de manoeuvre au sein d’une formation déjà menacée de rater les séries éliminatoires, c’est plutôt stressant. Cependant, n’est-il pas grassement rémunéré pour trouver des solutions? Comme le disent familièrement les Anglos, ça vient avec le territoire.

Patrick Roy : aucune chance

Si j’ai bien compris, Patrick Roy ne s’ennuie pas du hockey, mais il serait prêt à tendre l’oreille si le Canadien lui offrait un poste au sein du personnel de direction. Je ne crois pas que ce message sera considéré en haut lieu.

Après avoir été promu directeur général, Bergevin s’est brièvement entretenu avec Roy dans sa recherche pour un nouvel entraîneur. C’était purement pour la forme car il n’a jamais eu l’intention de lui offrir le poste. Pourquoi un directeur général recrue aurait-il embauché un gars jouissant d’une personnalité aussi forte qui aurait fini par vouloir occuper toute la place?

C’est encore vrai aujourd’hui. Essayons juste d’imaginer ce qui se produirait si le Canadien traversait une période désastreuse avec Roy dans les parages. En peu de temps, les amateurs réclameraient qu’il remplace Bergevin.

Roy avec le Canadien? Oubliez ça tout de suite.

On perd les pédales

Le hockey perd-il totalement les pédales? Après deux saisons au cours desquelles il a récolté respectivement 56 et 57 points, Jack Eichel vient de parapher un contrat qui lui rapportera 10 millions $ par saison. Eichel a 20 ans. Quelle était l’urgence de l’enrichir à ce point aussi rapidement?

Pas grave, se disent sans doute les propriétaires qui savent parfaitement où se trouve la vache à lait. Les poches des amateurs sont une source intarissable de revenus.