Pas évident de trouver l'équilibre
BROSSARD – Kent Hughes reconnaît qu'il n'existe aucune réponse parfaite pour encadrer l'évolution de Juraj Slafkovsky ou bien l'utilisation des vétérans alors que le développement demeure la priorité. Tout devient une question d'équilibre.
Voici l'apprentissage retenu par Hughes qui célèbre son premier anniversaire comme directeur général du Canadien, un poste scruté à la loupe.
D'un côté, il y a le désir de rebâtir cette organisation avec une culture gagnante. De l'autre, il y a l'immense tentation d'ajouter un espoir extraordinaire comme Connor Bedard au repêchage.
« Je disais à Martin (St-Louis, l'entraîneur) que les victoires sont bonnes à un certain point, mais que les défaites ne sont pas bonnes jusqu'à certain point », a confié Hughes en souriant.
« Je crois beaucoup en la culture d'équipe contrairement à miser sur un club qui ne peut pas gagner, où l'imputabilité n'existe pas et que les joueurs ne savent pas comment gagner », a enchaîné le DG.
Ce dossier fait réagir les partisans alors que plusieurs prétendent que le Canadien offre trop d'utilisation à des vétérans au détriment de la relève.
« J'imagine que des discussions surviennent dans les 32 clubs de la LNH à ce sujet. J'ai parlé à plusieurs directeurs généraux expérimentés par rapport à ce qu'ils ont vécu. On en discute tous à l'interne, mais on va toujours permettre aux entraîneurs de prendre les décisions sur les joueurs et leurs partenaires. Tout comme qu'à la date limite des transactions (le 3 mars), on veut leur point de vue sur les joueurs, mais c'est le groupe de gestion qui fera les décisions sur les transactions », a exposé Hughes.
« On sait qu'on n'a pas une équipe pour gagner chaque partie, mais on s'attend à ce que les joueurs se présentent pour gagner à chaque match. Ce serait différent de leur dire, on n'est plus capable d'obtenir des victoires, on va juste faire jouer les jeunes. Je pense qu'on perdrait l'équipe, la chambre », a précisé le dirigeant.
Cela nous fait dire que les discussions doivent être intéressantes entre les départements hockey du Tricolore. D'ailleurs, Hughes retire sa plus grande fierté en voyant le groupe assemblé – tout en précisant qu'il a hérité de plusieurs employés – et les conversations qui se tiennent à l'interne pour argumenter sainement.
La gestion du club, c'est souvent via le coaching que les gens l'évaluent. Même avec son parcours de joueur, St-Louis n'échappe aux critiques. Certains trouvent qu'il ne soucie pas assez de la défense, que ses enseignements ne sont pas assez tactiques ou qu'il se tourne trop souvent vers des vétérans pour gagner des matchs.
« Je te dirais qu'on va traverser des phases en bâtissant ce club et on pourrait avoir des attentes différentes envers les entraîneurs (selon l'étape). Nos entraîneurs ont peu d'expérience, mais pas comme joueurs et ils sont tous très intelligents, on est en mesure d'avoir des conversations. Je dirais aux gens d'être patients et on défend mieux depuis la fin du voyage qui a été difficile », a commenté Hughes.
Aucune réponse parfaite pour Slafkovsky
Alors qu'on venait d'apprendre que la saison de Slafkovsky (genou gauche) est terminée, Hughes a expliqué sa vision par rapport à son développement.
De manière très franche, le DG avoue que personne ne connaît la recette puisque chaque athlète est différent. Hughes, un entraîneur dans l'âme, tenait notamment à le garder à Montréal afin de pouvoir observer ses progrès de plus près.
L'objectif ultime du CH demeure d'apprendre à Slafkovsky à adapter son jeu au style de la LNH pour y devenir une puissance. Sauf que c'est loin d'être facile de changer les habitudes d'un athlète et il a servi cette analogie.
« C'est comme demander à quelqu'un de changer sa manière de marcher, pendant qu'il jongle avec des balles sur l'autoroute sans se faire frapper par une voiture. Le hockey est un sport de réaction qui va si vite », a-t-il précisé.
En somme, l'organisation ne s'inquiète pas de sa production car il parvient à assimiler des enseignements, qu'il dispose d'une belle confiance et qu'il ne se laisse pas affecter de match en match par ses erreurs.