Performances significatives
Même s'ils rateront les séries encore cette année, Martin St-Louis et ses joueurs ont encore et toujours le mandat de disputer des matchs significatifs d'ici la fin de la saison.
Et c'est en plein ce qu'ils ont fait, jeudi soir, en Floride.
Après avoir été dominé par des Panthers bien plus forts et plus talentueux en début de rencontre, le Canadien s'est ensuite redressé; il a su tenir tête à une des meilleures formations de la LNH, a comblé deux fois des reculs d'un but, s'est même permis de prendre les devants (3-2) au dernier tiers avant de s'incliner (4-3) en tirs de barrage.
En jouant comme il l'a fait jeudi, le Tricolore a non seulement bien amorcé le voyage difficile qu'il poursuivra samedi, à Tampa Bay, avant de faire des escales à Nashville et en Caroline. Il a démontré qu'il peut donner un sens au dernier quart de sa saison. Qu'il peut offrir des performances significatives qui permettront, à défaut de gagner sur une base régulière, de préparer l'avenir meilleur qui se profile à l'horizon!
St-Louis avait donc pleinement raison d'insister sur le fait que son équipe n'avait rien à se reprocher. Qu'elle avait pris un « step » en rivalisant comme elle venait de le faire avec les Panthers. Il avait tout aussi raison de se dire encouragé par l'opposition que son club venait d'offrir à un rival qui, hier et avant-hier, avait l'habitude de le hacher finement. Ce qui est loin d'être arrivé jeudi alors que le Canadien jouait avec vitesse et émotion.
Comme quoi il est tout à fait possible de perdre sans se complaire dans la défaite.
Suzuki : pierre d'assise du CH
Impossible de ne pas louanger le travail du capitaine qui joue le meilleur hockey de sa carrière depuis le début du mois de février.
Au-delà les buts qu'il marque et ceux qu'il prépare, Suzuki remplit son rôle de leader avec brio. Il donne le ton. Il donne l'exemple. Les autres n'ont qu'à le suivre.
Après s'être laissés traîner par leur centre au cours des dernières rencontres, Juraj Slafkovsky et Cole Caufield lui ont donné un coup de main jeudi. Le trio, qui n'était que l'affaire de Suzuki dernièrement, a obtenu 15 des 31 tirs cadrés du club : cinq par Suzuki, six par Slafkovsky, quatre par Caufield. Il a décoché 20 des 55 tirs tentés.
Fort d'un but et deux mentions d'aide, Suzuki a obtenu son troisième match de trois points de la saison. Il l'avait fait le 6 février – victoire de 5-2 à Washington – et le 13 février – victoire de 5-0 contre Anaheim – avant de le faire encore hier.
C'était aussi son 14e match de deux points et plus cette saison. C'est bien sûr un sommet chez le Canadien. Et au fil de ces 14 rencontres productives du capitaine, le Canadien a signé huit victoires et récolté au moins un point dans 11 de ces 14 parties (8-3-2-1).
Ce n'est pas rien.
Entraîneur-chef des Panthers, Paul Maurice s'est montré très généreux en comparant Suzuki à Aleksander Barkov. Trop peut-être. Du moins pour l'instant puisque Suzuki n'est pas à la hauteur de Barkov qui, avec Anze Kopitar, est l'un des centres les plus complets de la LNH.
Mais Suzuki tend à suivre les traces de ces centres qui sont des références dans la LNH d'aujourd'hui.
« Il n'y a rien de nouveau dans les performances de Nick. Il affiche la constance d'un capitaine. Il n'y a rien qui l'impressionne. Rien qui le dérange. Il est en train de faire sa place dans la Ligue », que St-Louis a défilé en parlant de la pierre d'assise de son équipe.
Premier depuis Damphousse
Avec 24 buts et 59 points à son actif après 60 matchs, Suzuki démontre qu'il pourrait devenir un marqueur de 40 buts et un centre capable de flirter avec une récolte d'un point par match.
Ce qui lui permettrait de non seulement pleinement assumer son rôle à titre de premier centre du Canadien. Mais d'être considéré parmi l'un des 10, 12, 15 meilleurs centres de la LNH.
En passant, depuis que Vincent Damphousse a connu une saison de 81 points en 1996-1997, aucun autre centre n'a atteint le plateau des 80 points chez le Canadien.
De fait, un seul joueur – Alex Kovalev : 35 buts, 84 points en 2007-2008 – a atteint et dépassé le plateau des 80 points depuis que Damphousse a réalisé l'exploit.
Désavantage numérique solide
Dire que le Canadien a eu sa part d'ennuis en désavantage numérique cette saison serait un euphémisme. Car il s'est montré très généreux, très souvent. On pourrait même aller jusqu'à trop généreux, trop souvent.
Mais jeudi, en dépit d'un but marqué par Sam Reinhart – il domine la LNH avec 23 buts en attaque massive en passant – le Canadien s'est très bien défendu à court d'un homme.
Kaiden Guhle et Jake Evans ont été d'une grande efficacité. Ils ont sauvé le match pour le Canadien alors que de très vilaines pénalités – dont une écopée par Evans lui-même en toute fin de première pour permettre aux Panthers d'amorcer la période médiane à quatre contre trois – auraient pu faire tourner le match à la faveur des Panthers.
Grâce au travail effectué en désavantage numérique par le Canadien – Guhle a donné le ton – les Panthers ont dû se contenter de faire tourner la rondelle en zone du Tricolore sans jamais vraiment arriver – outre le but de Reinhart – de sérieusement menacer la cage de Samuel Montembeault.
Parlant du gardien, loin d'être responsable de la défaite, je suis convaincu qu'il aurait sérieusement apprécié une deuxième chance sur les jeux qui ont mené aux buts de Barkov (1-0) et au deuxième de Reinhart qui a nivelé les chances en fin milieu de troisième.
Barkov a décoché un bon tir, mais Montembeault en a bloqué de bien plus difficiles. Et bien que le tir de Reinhart était parfait, le gardien du Canadien lui a offert une cible parfaite dans la lucarne au-dessus de son épaule gauche alors qu'il s'est éloigné de son poteau.
Je le répète : pas question ici d'imputer à Montembeault le revers. Surtout qu'il a multiplié les performances solides cette saison en plus de réaliser quelques vols : comme il l'a d'ailleurs fait mardi dans le gain aux dépens des Coyotes.
Mais jeudi, il n'a pas affiché le même niveau d'excellence. Et c'est peut-être pour cette raison qu'il a quitté la glace en furie après avoir été déjoué habilement par Anton Lundell qui a marqué le but décisif – Barkov et Caufield avaient marqué avant lui – en tirs de barrage.
D'où l'importance de lui donner l'occasion de se reprendre, dès samedi, contre un autre adversaire de taille : le Lightning.
On verra!
Entre les lignes
– Le Canadien a été victime d'un but alors qu'il était en attaque massive dans un neuvième match cette saison. Il n'a gagné qu'une de ces neuf parties (1-6-1-1)...
– Le Canadien occupe le 32e rang de la LNH avec ses 10 buts accordés alors qu'il évoluait en supériorités numériques...
– Sam Reinhart occupe le deuxième rang dans la course au trophée Maurice-Richard avec ses 41 buts, 12 de moins qu'Auston Matthews...
– Reinhart est toutefois premier dans la LNH avec ses 23 buts en attaques massives, mais aussi bon premier avec ses cinq enfilés à court d'un homme. Un certain Mario Lemieux, en 95-96, est le dernier joueur de la LNH à avoir dominé la Ligue pour les buts enfilés en avantages et désavantages numériques au cours d'une même saison...
– Les Panthers de la Floride affichent maintenant un dossier de 26-1-4 lorsqu'ils enfilent le premier but d'une partie. Ils sont les seuls dans la LNH à n'avoir encaissé qu'un revers jusqu'ici cette saison en pareille circonstance...
– Le Canadien (15-10-9) partage le premier rang de la LNH avec les Stars de Dallas (19-6-9) pour le plus grand nombre de matchs (34) qui se sont décidés par un but jusqu'ici cette saison...