BROSSARD – Ted Condon ne peut pas encore y croire, il ne cesse de se pincer alors que son fils représente l’une des plus belles histoires de la LNH. 

Un mélange de fierté et d’émotion régnait dans l’enceinte du Complexe Bell de Brossard mardi alors que les pères des joueurs du Canadien étaient présents pour accompagner leur fils à Pittsburgh dans le cadre de la superbe tradition poursuivie par l’organisation montréalaise.

« Carey était un peu inquiet »

Bien sûr, la satisfaction ne manquait pas au sein de ce groupe de paternels qui ont pu admirer l’impressionnant début de saison du club. Le niveau de fierté était probablement plus relevé pour les pères des joueurs qui épatent jusqu’à présent comme Dale Weise, Carey Price, David Desharnais et Brendan Gallagher, mais rien ne pouvait atteindre le sentiment vécu par M. Condon.

Contrairement aux déclarations médiatiques de son fils, ce policier de carrière (sergent à la division des fugitifs violents) n’a pas hésité à admettre sa stupéfaction à plus d’une reprise.

« Je dois me pincer, c’est tout un parcours, je suis encore un peu sous le choc », a avoué le colosse avec l’accent typique de la région de Boston.

Le départ presque parfait de 5-0-1 de son fils le jette déjà par terre et il se prépare même à un retour à la normale éventuellement. À vrai dire, il était déjà assommé quand son fils a gagné son poste avec le Tricolore.

« J’étais aussi étonné, je ne m’attendais pas à cela du tout peut-être contrairement à lui », a-t-il mentionné avec les yeux humides.

Chose certaine, la victoire la plus précieuse a été celle acquise samedi aux dépens des Bruins.

« J’y suis allé de façon neutre en enfilant un chandail de Princeton au lieu de celui du Canadien ou des Bruins », a raconté M. Condon avec un visage illuminé pour ce sujet chaud.

« Ma copine portait un chandail du Canadien et nous en avons entendu parler passablement. J’étais très fier de voir ça », a poursuivi le sympathique monsieur.

En assistant à l’entraînement du Tricolore d’un siège privilégié comme celui-ci, Ted Condon n’a pas pu s’empêcher de repenser à tous les sacrifices et les moments ardus qui ont parsemé la carrière de son rejeton.

« Il a une grande éthique de travail, il a traversé des moments pénibles qui ont forgé sa force mentale pour l’aider à survivre dans le monde du hockey », a reconnu le père pour expliquer l’accomplissement de son fils.

« J’espérais seulement qu’il puisse aller à l’université et il a réussi à faire ses études à Princeton. C’est très difficile d’y arriver, vous pouvez me croire. Je suis très surpris de ce qui arrive », a évoqué celui qui a augmenté ses heures de travail pour subvenir aux besoins de ses deux fils.

Les dépenses étaient considérables particulièrement pour un fils évoluant au poste de gardien de but, mais il pouvait compter sur deux garçons fiables et reconnaissants.

ContentId(3.1161345):La pression sur Condon?
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« Ce n’était pas évident, Boston est un milieu très dispendieux pour vivre. J’ai beaucoup travaillé pour que ça fonctionne et je comptais sur eux pour prendre soin de l’autre. Ce n’est pas facile pour personne dans le contexte économique actuel », a témoigné M. Condon.

Croisé dans le vestiaire après la séance d’entraînement, Mike Condon avait bien hâte d’aller retrouver son père. Par contre, il a semblé un peu inquiet de ses commentaires surtout quand on lui a rapporté qu’il avait été émotif.

Plus sérieusement, Condon y est allé d’un beau témoignage envers celui qui n’a pas ménagé les efforts pour lui fournir tout le nécessaire et encore plus.

« Il a été très important dans ma vie, il a financé mes études et mon équipement. C’est lui qui m’a montré ce qu’on peut accomplir avec du travail acharné et de la détermination. J’essaie de reproduire son exemple », a remercié Condon.

« Je pense que tous les enfants doivent quelque chose à leurs parents, ils se sacrifient beaucoup pour nous. J’essaie de m’assurer que ses sacrifices aient valu la peine », a-t-il exprimé. 

Fier de l'homme qu'est devenu Carey

Nettement plus habitué des succès de son fils, Jerry Price n’était pas moins fier de son garçon. À vrai dire, il s’est dit particulièrement enchanté de l’évolution personnelle de Carey.

« Je suis évidemment fier de sa carrière, mais encore plus de l’homme très respectable qu’il est devenu. Il se soucie des gens autour de lui, de la ville et des partisans. Il se comporte très bien avec les autres », a témoigné M. Price avec émotion dans la voix.

Il n’a pas caché que cet accomplissement revêt encore plus de valeur en raison des épisodes troubles survenus.

« Je suis très fier parce qu’il a traversé des moments difficiles en étant hué ou des choses comme ça. Carey a une grande résilience, il a toujours pensé qu’il pouvait être à la hauteur. Ça le dérangeait quand ça n’allait pas bien ou que les gens huaient, mais il ne se voyait pas comme une victime et il pensait plus à devenir meilleur », a décrit son père.

Mais comment peut-il expliquer que son fils est devenu rien de moins que le meilleur gardien de la planète?

« Ça vient de sa nature, il a été choyé d’avoir le côté athlétique, le comportement adéquat et la confiance requise. Il a aussi été entouré par d’excellents entraîneurs en commençant par Roland Melanson et ensuite Stéphane Waite. »

Tout comme Carey, M. Price ne recherche pas l’attention et il n’est pas un amant des longs discours.

« Il est pareil dans la vie, c’est pourquoi on s’entend aussi bien. On n’a pas besoin de beaucoup parler pour bien s’entendre », a-t-il fait remarquer en riant.

Au fil du temps, M. Price s’est habitué à toute l’attention qui est dirigée vers son fils et Carey en a fait autant selon ses dires. Ces réflecteurs ne dérangent plus surtout que Carey est devenu un modèle et un exemple pour sa communauté native d’Anahim Lake en Colombie-Britannique.

Quelques pères exigeants, d’autres moins

Parmi le lot des paternels qui s’envoleront à Pittsburgh, certains connaissent très bien le tabac du hockey de haut niveau comme le père d’Alex Galchenyuk, celui de Nathan Beaulieu et celui de Brendan Gallagher.

Les échos de l'entraînement du CH

C’est toutefois bien différent dans le cas de Max Pacioretty.

« Le mien n’a jamais joué au hockey et il ne m’a jamais dit que j’avais joué un mauvais match », a révélé Pacioretty qui ressent moins le besoin de l’impressionner.

Pacioretty, Galchenyuk, Beaulieu et David Desharnais ont tous confirmé que leur présence constituera un facteur positif.

« Ça nous motive vraiment de voir les pères dans notre entourage. Ce ne sont pas seulement eux qui sont excités, nous le sommes aussi », a précisé Galchenyuk.

Impossible de prédire le résultat de la partie à Pittsburgh, mais il ne fait aucun doute que le vol se déroulera dans une ambiance plus détendue.  

« Disons que le vol avait été très calme en présence de nos mères (l’an dernier), tout le monde était très discipliné. On espère avoir une victoire pour nos pères », a confié Beaulieu avec le sourire.

Le mot de la fin est revenu à Michel Therrien qui a imposé, pour le plaisir, une pression aux accompagnateurs.

« Les pères ont eu un dossier de 0-2 il y a deux ans donc ils ont intérêt à mieux faire cette fois », a conclu Therrien qui a invité Jean-Claude Morrissette, son père spirituel, puisque son fils n’était pas disponible.