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MONTRÉAL - Il est bien difficile de dresser des analyses pertinentes tant le Wild du Minnesota est un club moribond en ce début de saison.

Trop vieux, trop lents, trop chers payés, les joueurs du Wild ne font qu’acte de présence lorsqu’ils sautent sur la patinoire. Ils semblent attendre avec plus d’impatience le congédiement de leur coach que leur prochaine victoire. Bruce Boudreau lui-même semble prêt à miser un huard ou deux sur le moment ou son nouveau directeur général, Bill Guerin, viendra lui annoncer qu’il le sacre à la porte. Ou qu’il met fin à ses souffrances. Car Boudreau semble souffrir le martyre derrière le banc de son équipe.

 

Après avoir lancé, mardi, dans les minutes qui ont suivi la défaite aux mains des Leafs que s’il pouvait servir une pastille à ses joueurs pour les rendre plus rapides, il le ferait volontiers, Boudreau a répondu ceci à Marc Denis lors d’une entrevue en cours de première période. Un premier tiers qui était à l’image du Wild : sans éclat, sans rythme, sans rien : « On doit jouer du hockey ennuyant pour se donner des chances de gagner ».

 

Quand un coach parle de cette façon de ses joueurs et du style qu’il doit leur imposer, ça en dit long sur ce qu’il pense de son club. Ça en dit plus long encore sur sa confiance de garder son job.

 

Mais aussi mauvais soit le Wild, et Dieu que ce club est mauvais, on ne peut rien enlever aux nombreux bienfaits que cette victoire facile à offerts au Canadien et à ses partisans.

 

À commencer par les premiers buts en carrière de Victor Mete et de Nick Suzuki.

 

La blague avait assez duré

 

Mon collègue Nicolas Landry partage avec vous dans le texte suivant les réactions des deux jeunes joueurs après ces premiers buts historiques. Des buts qui sont venus bien plus rapidement pour Suzuki que pour Mete qui patientait depuis son tout premier match en carrière dans la LNH. Une attente de 127 matchs qui confirme les proverbes selon lesquels tout vient à point à qui sait attendre et qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire.

 

Mais plus encore que les sourires des Mete et Suzuki, ce sont les réactions de leurs coéquipiers et celle de la foule qui a chaudement ovationné ces moments marquants dans la carrière des deux joueurs qui ont retenu mon attention.

 

« On savait que ça viendrait un jour et on s’amusait aux dépens de lui (Victor Mete) depuis déjà longtemps parce que ce premier but tardait à venir. On blaguait après toutes les occasions en or dont il n’avait pu profiter avant ce soir. C’était notre façon à nous de dédramatiser l’attente et de lui montrer qu’on était derrière lui », a lancé en riant Brendan Gallagher.

 

Tout ça est bien beau. Mais après 80, 100, 120 matchs, la blague devenait-elle lourde à porter? Gallagher et ses coéquipiers commençaient-ils à éviter le sujet parce que la blague avait assez duré et qu’elle frisait l’acharnement?

 

« Pas du tout! C’était toujours fait dans la bonne humeur et il composait très bien avec cette situation », a ajouté Gallagher.

 

Parrain de Victor Mete avec qui il partage chacune de ses présences à forces égales, Shea Weber semblait plus heureux encore que son « filleul » lorsque Mete a saisi une belle passe de Nick Cousins dans l’enclave pour marquer le premier but du match et son tout premier en carrière.

 

« J’étais très content pour lui. Nous l’étions tous et nous le sommes encore, mais je crois qu’il a simplement gardé ses émotions au lieu de toutes les laissé sortir. Après toutes les occasions dont il n’avait jamais réussi à profiter, je suis surtout content qu’il ait obtenu ce premier but sur un beau jeu. Il aurait pu profiter d’un bond chanceux ou de quelques ricochets sur son premier but. Et ç’aurait été bon quand même. Mais le fait qu’il ait marqué en appuyant l’attaque et en décochant un bon tir est encore plus valorisant. J’espère que ça lui donnera confiance et qu’il commencera à desserrer les mains sur bâton un peu. Ça l’aidera à en marquer plusieurs autres», a poursuivi le capitaine.

 

Est-ce que ce but aidera Mete et Weber à offrir du meilleur hockey qu’ils l’ont fait depuis le début de l’année? Ça reste à voir. Mais ce premier but aura au moins sorti le duo de l’œil inquisiteur de tous ceux et celles qui l’épiaient afin de relever les moindres erreurs de leurs parts.

 

Pour combien de temps?

 

Unités spéciales

 

En plus de n’afficher qu’une petite victoire en sept matchs (1-6-0), le Wild n’a marqué que 14 buts cette saison. Une moyenne de deux petits buts par parties. De ces 14, il n’en comptait que trois en attaques massives.

 

L’occasion était donc belle pour les spécialistes du Canadien de connaître enfin un match solide en désavantage numérique. Un premier sans accorder de but à court d’un homme.

 

Ils ont su en profiter. Vrai que l’opposition n’était pas forte, mais les spécialistes ont mieux joué. Ils ont été plus agressifs. Plus combatifs. Ils ont mieux coupé les passes; mieux appuyé leur gardien. Ce qui fait qu’après avoir muselé le Wild cinq fois en cinq désavantages, le Canadien passe de 61,1 % d’efficacité à 69,6 %. C’est encore loin du seuil de la respectabilité, mais c’est un bond dans la bonne direction.

 

Et ça devrait servir de source de confiance comme la victoire facile l’a été à plusieurs niveaux. Autant pour chez les joueurs que chez les partisans.

 

Et même pour Carey Price qui a signé son premier jeu blanc de la saison, son 45e en carrière, dans le cadre d’une partie très aisée au cours de laquelle il a fait face à deux, trois tout au plus, occasions de qualité de la part du Wild. Victime de 17 buts après ses cinq premiers matchs, des matchs au cours desquels il a réalisé bien plus de gros arrêts qu’il a accordés de « sapins », Price avait besoin d’une victoire ramassée dans le coin de la patinoire.

 

« Je vais en prendre aussi souvent que possible des matchs comme celui de ce soir », qu’il m’a d’ailleurs lancé en quittant son casier.

 

Quant aux entraîneurs, bien sûr qu’ils sont contents. Bon! Ils le sont sans doute moins que Mete, que Suzuki, que Price et leurs partisans parce qu’ils accordent plus d’importance à la faible opposition offerte par le Wild, mais ce genre de victoire est nécessaire. Car elle remonte le moral des troupes. Et elle évite surtout la catastrophe qu’aurait provoquée une défaite.

 

En bref

 

  • Dans le concert de fausses notes offert par le Wild au Centre Bell jeudi, on doit souligner et s’incliner devant les trois coups de grosse caisse que nous a offert Joel Eriksson Ek qui a bloqué, coup, sur coup, sur coup, trois boulets de Shea Weber pendant une attaque massive du Tricolore. « Je ne me souviens pas de la dernière fois qu’un joueur ait bloqué trois tirs de suite comme c’est arrivé ce soir. Il a certainement fait preuve de courage. Surtout que les deux premiers l’ont atteint à un pied avant qu’il ne bloque le troisième avec une jambière. Je ne suis pas fier de moi, car je dois trouver une façon de rendre la rondelle au filet, mais il a certainement été courageux. Ça devait être assez douloureux », a commenté Weber...

 

  • Après être tombé sur la patinoire après les trois tirs bloqués, Eriksson Ek a retraité au vestiaire dès l’arrêt de jeu suivant. Il a effectué une présence plus tard dans le match, mais on ne l’a pas revu ensuite.

 

  • Journalistes et partisans contestent souvent l’utilisation de joueurs au talent limité en attaques massives simplement parce qu’ils tirent de la droite. Pensons à Jordan Weal, Joel Armia, voire Glen Metropolit il y a quelques années avec le Tricolore. À cinq contre trois, jeudi, Joel Armia a donné raison à ses entraîneurs et servi une belle démonstration alors qu’il n’a eu qu’à rediriger une belle passe de Jonathan Drouin qui l’a rejoint à la droite du gardien Alex Stalock pour lui permettre d’enfiler son quatrième de la saison avant même que le gardien du Wild n’ait eu le temps de comprendre ce qui arrivait derrière lui...

 

  • Avec ce but d’Armia – un premier à cinq contre trois cette saison – le Canadien a maintenant marqué un but en avantage numérique dans six des sept matchs disputés jusqu’ici cette saison. Avec six buts marqués en 26 attaques à cinq, le Canadien affiche une efficacité de 23 %. Une bien meilleure moyenne que l’inefficacité de 13,2 % qu’il affichait en fin de saison l’an dernier...

 

  • Si le Canadien a remonté son moral et amélioré ses statistiques à court d’un homme aux dépens de l’ennemi venu du Minnesota jeudi, le Wild n’affiche maintenant que trois buts en 25 supériorités numériques cette saison. Ça donne 12 % d’efficacité...