MONTRÉAL – Devant les caméras, Carey Price est méconnaissable.

L’homme impassible et laconique qui se présentait à reculons aux journalistes au cours des dernières années répond maintenant aux questions de façon détendue et généreuse. Son sourire, jadis aussi rare qu’une coupe Stanley sur Sainte-Catherine, irradie de tous côté. Le gardien projette une sérénité qu’on ne lui connaissait plus et qui fait franchement bon voir.  

Coincé du mauvais côté d’un blanchissage pour la deuxième fois en autant de sorties depuis son retour au jeu, mardi, Price accepte son sort avec la grâce du rescapé qui n’a rien d’autre à exprimer que la reconnaissance d’avoir touché la terre ferme.

« C’était un peu moins émotif et je me suis plus confortable en général. Je me sentais plus en contrôle », a-t-il commenté après une performance de 28 arrêts dans une défaite de 2-0 contre le Wild du Minnesota.

« Ça s’en vient. Je commence à sentir que tout est un peu moins chaotique dans le feu de l’action. Quiconque a été à l’écart du jeu pendant une longue période peut me comprendre. On ne lit pas ce qui se passe devant nous aussi facilement qu’on le ferait normalement. Mais tranquillement, les choses ralentissent devant moi. »

Pour l’une des rares fois de sa carrière, les résultats sont secondaires pour Price. La désastreuse saison que ses coéquipiers ont subie en son absence tire à sa fin. Il enfilera les jambières encore trois, peut-être quatre fois, puis ensuite les remisera pour de longues vacances estivales. Mais il y a un monde de différence entre le repos qui l’attend et celui qui lui a été imposé au cours des derniers mois. Et ces quelques matchs en apparence anodins y sont pour quelque chose.

Les réponses que Price est en train d’obtenir devant le filet qu’il avait été forcé de déserter valent plus que tous les chiffres qui seront à sa fiche lors sa 15e saison sera officiellement complétée.

« C’est en grande partie pourquoi je tenais à revenir, pour gagner en confiance en jouant quelques parties. Il n’y a rien qui peut égaler les répétitions que j’obtiens présentement. Alors oui, je dirais que ce retour est assez bénéfique. »

« Je veux qu’on continue de se battre »

Martin St-Louis a affiché un léger rictus d’agacement lorsqu’on lui a rappelé que son équipe n’avait toujours pas marqué un but en deux matchs devant Price.

« C’est sûr que ça serait le fun de compter des buts pour Carey. Ce n’est pas qu’on n’essaye pas, l’effort est là. On aimerait avoir du support offensif pour lui », a répondu l’entraîneur.

Mais St-Louis était fier de ses joueurs après le match de mardi, fier de la performance livrée contre un club beaucoup mieux rodé qui pourrait veiller tard ce printemps. Malgré un écart évident entre les réserves de talent des deux clubs, ses hommes ont bien combattu après un mauvais début de match.

« On a prouvé que quand on est sur notre game, on peut jouer avec pas mal tout le monde. Mais il faut que toute l’équipe soit dans l’autobus. S’il manque du monde dans le bus, c’est tough. Mais à soir, on était tous là. Je te dirais que les quatre ou cinq premières minutes étaient difficiles, mais après on s’est replacés et on a joué un très bon match. On n’a juste pas marqué. »

Le Canadien a maintenant perdu six matchs de suite, mais St-Louis ne voit pas une équipe qui a abandonné. « Les gars continuent d’adhérer à ce qu’on demande et les jeunes comprennent la valeur de cette expérience », observe-t-il.

Il reste cinq matchs au calendrier, dont des rendez-vous contre les Bruins, les Rangers et les Panthers.

« Je vous qu’on continue de se battre. Ça serait facile de plier bagage, mais je n’ai pas vu ça encore. Si je regarde nos neuf dernières périodes, on a été bons du début à la fin contre les Islanders et on a joué une bonne moitié de match contre Washington. Personne n’aime perdre, mais je sens qu’on affiche une bonne mentalité. On continue de se battre et on bâtit pour l’an prochain. »

Tristes pour Byron

Paul Byron n’a effectué que six présences contre le Wild avant de quitter le match. On ne l’a plus revu. L’équipe a fait savoir qu’il souffrait d’une blessure au bas du corps.

C’est une saison difficile pour Byron, qui a raté les trois premiers mois de la saison pour se remettre d’une opération à une hanche. Il a aussi subi une blessure au haut du corps à la fin février. Le match de mardi était seulement son 27e et peut-être son dernier. St-Louis n’a pas voulu le confirmer après la rencontre, se contentant de dire qu’il sera évalué mercredi.

« C’est dur, a dit l’entraîneur. Il travaille fort à chaque jour pour pouvoir continuer de jouer, pour rester avec l’équipe. C’est une blessure qui l’embête depuis un certain temps, on voit qu’il essaie de jouer malgré ça. C’est un bon joueur, un joueur tenace et c’est difficile de voir qu’il ne peut pas revenir à 100%. »

« Ça me fait de la peine pour lui, a dit Price. C’est peut-être la personne la plus compétitive que j’aie rencontrée. Il y a un feu qui brûle à l’intérieur de lui, il apporte beaucoup d’énergie dans notre vestiaire. C’est devenu un ami très proche avec le temps, il a toujours été là pour moi. »