C’est fait! Carey Price a maintenant sa place bien à lui dans le grand livre d’histoire du Canadien.

Fort de sa 43e victoire de la saison, un gain de 4-3 arraché en prolongation aux dépens des Red Wings de Detroit, Price devance maintenant Ken Dryden et Jacques Plante (deux fois) qui en ont empilé 42 lors de leurs meilleures saisons devant la cage du Tricolore.

Est-ce que Price est meilleur que Dryden et Plante? Est-ce que son record a autant de valeur que les anciens détenus par Dryden et Plante qui ne pouvaient compter sur les victoires en prolongations et tirs de barrage pour gonfler leur fiche respective?

« Un exploit phénoménal »

Impossible de répondre à ces questions. En fait non! On peut répondre oui ou répondre non et avoir autant raison, car il est difficile, voire périlleux, de dresser des comparaisons justes et équitables quand on passe comme c’est le cas ici d’une époque à une autre, à une troisième.

Ce qui est clair, et ça personne ne peut le contester, c’est que Carey Price avait devant lui cette année une équipe nettement moins impressionnante que celles qui évoluaient devant Ken Dryden en 1975-1976 et Jacques Plante en 1955-1956. On pourrait débattre longtemps de la puissance du Canadien devant Plante en 1961-1962 en soulignant qu’elle n’était pas plus terrifiante de celle du Canadien d’aujourd’hui.

Mais encore!

Le rôle de premier plan joué par Carey Price dans la grande majorité de ses 43 victoires propulse à lui seul Carey Price aussi haut que ses illustres rivaux dans la hiérarchie des meilleurs gardiens – ajoutez Patrick Roy à cette liste – de l’histoire du Canadien.

En 65 départs cette saison, Carey Price a accordé deux buts ou moins à 41 occasions. Depuis le 9 décembre dernier, il a réalisé le même exploit 33 fois en 42 rencontres, dont une séquence de 15 matchs de deux buts ou moins en 16 départs entre le 9 décembre et le 31 janvier.

En passant, c’est Martin Brodeur avec 48 gains en 78 matchs disputés (2006-2007) qui détient le record de la LNH pour le plus grand nombre de gains signés en une saison.

MVP! MVP! MVP!

Témoins privilégiés de ce grand moment dans l’histoire du Canadien, de ce plus grand moment encore dans la carrière de Carey Price, les partisans qui ovationnaient avec frénésie la première étoile du match, la première étoile de la saison, ont résumé l’année de Carey Price de brillante façon en scandant des MVP! MVP! MVP! à l’unisson alors que le collègue et ami Marc Denis tentait de réaliser une entrevue d’après match avec le héros du moment.

« C’est difficile de trouver les mots justes pour décrire l’importance de Carey dans les succès de notre équipe. On ne parlait pas ouvertement de cette 43e victoire et de l’importance de l’offrir à Carey, mais chacun dans notre coin nous savions à quel point c’était important et surtout à quel point Carey la méritait cette 43e victoire », a convenu Tomas Plekanec dans le vestiaire du Canadien après le match.

Demeuré seul sur la patinoire pour réaliser l’entrevue offerte par la première étoile de la rencontre, Price a ensuite été rejoint par ses coéquipiers venus saluer les amateurs pour la dernière partie de la saison au Centre Bell.

Dernière partie, en saison régulière on s’entend.

Car dès mercredi ou jeudi prochain, le Canadien amorcera des séries qu’il voudra prolonger le plus longtemps possible. Contre qui? Impossible de le déterminer pour l’instant. Le Canadien pourrait se retrouver contre ses adversaires de jeudi, contre les Penguins de Pittsburgh, les Sénateurs d’Ottawa qui ont encore gagné jeudi et les Bruins de Boston qui doivent toutefois battre le Lightning de Tampa Bay pour garder des espoirs d’accéder aux séries.

Tarte et éloges

Entouré de ses coéquipiers, Price a reçu une tarte de crème à raser au visage en guise de cadeau personnel du défenseur Alexei Emelin. Il a aussi reçu les accolades de l’ensemble de ses coéquipiers.

Price a aussi reçu les éloges de son entraîneur-chef Michel Therrien, qui n’a ménagé aucun effort pour mousser la candidature de son gardien dans la course au trophée Hart.

« Carey est le meilleur joueur de la LNH en ce moment. À mes yeux, il n’y a pas un autre joueur qui ait le même impact que lui dans les succès de son équipe. C’est évident qu’à mes yeux il mérite le titre de joueur le plus utile. Je ne lui ai pas parlé de cette victoire. Je suis toutefois convaincu qu’il est soulagé que ce soit atteint. Nous le sommes tous un peu, car nous avions à cœur cette victoire. La réaction des joueurs après le match vous a d’ailleurs donné une bonne idée de l’importance qu’ils lui accordaient et qu’ils accordent à Carey », a mentionné Michel Therrien.

En défilant autant d’éloges à l’endroit de son gardien, Michel Therrien a fait preuve d’une belle humilité. Car plus il accorde de crédit à son gardien dans les succès de son équipe, moins il en fait rejaillir sur son système et la qualité de son travail derrière le banc.

Après avoir été entarté, Price, comme tous ses coéquipiers, a remis à un partisan chanceux son chandail du match. Le héros du jour, de la saison, pour ne pas dire des cinq dernières années a ensuite imité P.K. Subban qui venait d’autographier les 19 autres chandails remis aux fans.

Questionné à savoir quelle place occupait Carey Price dans la liste des plus grands joueurs qu’il avait eu la chance de diriger, Michel Therrien a une fois encore été élogieux à l’endroit de son gardien. Avec raison. « J’ai eu le plaisir de diriger de très grands joueurs – Sidney Crosby et Evgeni Malkin entre autres – et Carey est tout en haut de la liste avec les meilleurs », a soutenu l’entraîneur-chef du Canadien.

Huit buts en deux matchs

Si le Canadien a relevé la première partie du double défi qui se dressait devant lui en offrant à Carey Price sa 43e victoire de la saison, il a aussi relevé la deuxième partie en générant de l’offensive malgré l’absence de son fer de lance à l’attaque : Max Pacioretty.

« On a perdu Max dans les premiers instants du match de dimanche dernier en Floride. On peut donc dire que c’était notre deuxième match sans lui. On a marqué quatre buts en Floride et quatre autres encore ce soir. On doit être satisfait de ce qu’on a accompli. Pour y arriver, ça nous prend la contribution de tout le monde : des défenseurs, des attaquants, de l’attaque à cinq », a plaidé Michel Therrien.

C’est exactement ce qui est arrivé jeudi.

Andrei Markov et Jeff Petry ont marqué les deux premiers buts du Canadien aux dépens des Wings. Les deux arrières ont aussi ajouté une passe chacun. P.K. Subban en a obtenu deux pour atteindre le plateau des 60 points.

Tomas Plekanec a marqué son 25e de la saison lors d’une attaque massive – son 7e de l’année en avantage numérique, soit le même nombre que Max Pacioretty – et Lars Eller a clos la rencontre en prolongation.

La 43e victoire de Carey Price, la 49e du Canadien cette saison et 26e à domicile n’a pas été facile à obtenir. Ça non. Même que le Tricolore a eu besoin de deux cadeaux – sur les buts de Plekanec et Eller – offerts par un Jimmy Howard qui n’a pas été l’ombre du gardien qu’il peut être et devra être si les Wings veulent au moins avoir une chance de franchir la première ronde des séries.

Le Canadien a aussi reçu un beau cadeau de la part de Brendan Smith qui, assis au banc, a touché à une rondelle égarée pour la sortir du territoire des Wings alors que le Canadien était déjà en avantage numérique. Témoin de la scène, P.K. Subban a pris les grands moyens pour attirer l’attention des arbitres. Une stratégie tout à son honneur puisque les officiels, comme tous les partisans qui n’avaient pas les yeux rivés sur la scène de crime, se sont rendus compte que quelque chose de cloche venait de se dérouler sans pour autant savoir ce qui venait vraiment d’arriver. Après une bonne minute de discussion, l’arbitre Chris Rooney a fait signe à Smith de quitter le banc des Wings pour celui des punitions.

Le Canadien n’a pas raté sa chance. Tomas Plekanec malgré qu’il était pratiquement à cheval sur la ligne rouge, a décoché un tir vers le filet, tir que Jimmy Howard a fait dévier derrière lui.

Cette pénalité a fait virer le match de bord.

Car le but de Plekanec a permis de propulser la rencontre en prolongation, prolongation au cours de laquelle Lars Eller a marqué le but de la victoire sur un tir qui a fait mal paraître une fois encore le gardien des Wings.

Eller a reçu ce 15e but marqué cette saison – son 7e but gagnant – en cadeau. Mais ça n’enlève en rien le mérite d’avoir relancé sa saison au cours des deux ou trois dernières semaines. Plus combatif, plus incisif, plus impliqué, Eller a encore des choses à se faire pardonner. Il doit apprendre à mieux gérer ses efforts sur la glace, à mieux contrôler ses élans – il s’est barré les patins sur la ligne bleue en début de troisième pour se priver d’une échappée – alors que ses débordements minent son rendement. Comme si à trouver vouloir en faire, Eller multipliait les erreurs. Mais depuis deux semaines, on ne peut lui reprocher grand-chose. Ce qui est très positif à l’aube des séries.

En plus des cadeaux de Howard et de Smith, les Wings ont bousillé les cinq attaques massives offertes par le CH. Le défenseur Niklas Kronwall a obtenu la seule bonne occasion de marquer des Wings qui n’ont tiré que quatre fois en 9 minutes 36 secondes d’attaque à cinq.

Au-delà de son balayage (4-0) aux dépens des Wings cette année, le Canadien a malgré tout été victime de deux pièces de jeu sensationnelles de Pavel Datsyuk qui a mystifié Brendan Gallagher à deux reprises pour lui voler des rondelles en zone du Tricolore.

La troupe de Michel Therrien a aussi encaissé un but marqué par Darren Helm alors que les Wings jouaient à court d’un homme. Helm a intercepté une passe dangereuse d’Andrei Markov à la ligne bleue des Wings pour filer en échappée jusqu’à Carey Price.

Bien que les Wings ne soient plus la force qu’ils étaient il y a quelques années, ils accèdent aux séries pour une 24e saison de suite. Le Canadien devra donc se méfier des Datsyuk et Zetterberg s’il tient à éviter une mauvaise surprise dans l’éventualité ou les deux clubs se croiseraient à nouveau en séries.