J’avais donné une victoire au Canadien en marge d’un vol de grand chemin de Carey Price et une autre attribuable aux fantômes du Forum qui reviendront hanter les Bruins à un moment donné au cours de la série pour expliquer ma prédiction donnant Boston gagnant en six matchs.

En son et images : Canadiens - Bruins no 1

Le vol est fait. Et comment! Avec ses 48 arrêts, Carey Price a volé le match. Carrément. Il a permis à son équipe de l’emporter 4-3 en tout début de deuxième période de prolongation.

En plus de guider son club vers la victoire, ce qui était déjà pas mal, Carey Price a fait mieux. Beaucoup mieux. Il a su déstabiliser les joueurs des Bruins qui ont multiplié les feintes et les passes inutiles au lieu de prendre son filet d’assaut. En jouant ainsi, les Bruins ont confirmé ce que bien des observateurs croyaient : qu’ils craignent le gardien du Canadien comme la peste. Et vous savez quoi? Carey Price leur a donné raison. Pleinement!

N’eût été de ses 48 arrêts, dont plusieurs sensationnels qu’il a réalisés aux dépens des Marchand, Krejci, Lucic, Bergeron et autres, le Canadien n’aurait jamais gagné. Jamais! De fait, le Tricolore n’aurait jamais poussé cette partie en prolongation. Pour être bien honnête, il n’aurait jamais même été dans le coup tant les Bruins ont dominé la majorité des facettes du jeu dans le cadre de cette partie.

Les Bruins ont dominé les tirs cadrés 51-33. Ce n’est pas rien. Mais quand on réalise qu’ils ont dominé les tirs décochés 98-58 on se rend compte pourquoi, par moment, on pensait qu’il n’y avait qu’un club sur la glace et un gardien pour l’affronter.

Subban et les fantômes

Carey Price a beau être l’unique raison qui explique le fait que son club se réveille vendredi matin en avant 1-0 dans la série qui l’oppose aux Bruins, mais il n’a pas marqué.

P.K. Subban avec deux buts en avantage numérique, Rene Bourque qui a profité d’une largesse de Tuukka Rask et Francis Bouillon ont enfilé les buts dont le Canadien a eu besoin pour gagner.

Et c’est là que les fantômes entrent en scène. Ces fantômes, c’est à Montréal que je croyais les voir resurgir pour s’offrir un brin ou deux de plaisir aux dépens des Bruins.

Mais voilà qu’on a senti leur présence à plusieurs occasions dès le premier match. Deux fois, en prolongation, les Bruins sont passés si près de marquer qu’on se demande encore comment il se fait que la rondelle a glissé à l’extérieur des poteaux au lieu de glisser de l’autre côté de la ligne rouge.

Je sais, ce ne sont pas les fantômes, mais Brendan Gallagher qui a plongé tête première pour pousser dans le coin de patinoire une rondelle libre qui n’attendait qu’à être poussée dans le fond du filet. Et ce ne sont pas les fantômes qui ont guidé le tir de Dougie Hamilton sur le poteau en fin de deuxième période et celui de Loui Eriksson sur la barre transversale en première prolongation.

Je sais aussi que les fantômes n’ont pas décerné les pénalités à Matt Bartkowski qui était au cachot lorsque P.K. Subban a marqué les premier et dernier buts du match.

Mais les 33 premiers affrontements entre le Canadien et les Bruins sont marqués d’histoires du genre qui, une fois mises les unes derrière les autres, nous donnent des situations comme celle que les deux clubs – et leurs partisans – ont vécu hier.

Les échos de vestiaire

Est-ce que les Bruins méritaient de gagner? Mettez-en! Bon : ils n’ont pas été aussi incisifs qu’on s’attendait qu’ils le soient. Surtout en début de rencontre. Ils n’ont pas été aussi physiques qu’on s’attendait non plus. Mais en ce qui a trait au contrôle de rondelle, au contrôle du jeu, ils ont complètement dominé le Canadien. Surtout que le Tricolore était privé de ses meilleurs éléments alors que Thomas Vanek s’est offert une autre soirée de congé; que Max Pacioretty a perdu beaucoup plus de batailles qu’il n’en a remportées; que Tomas Plekanec (13-17), David Desharnais (7-12) et Daniel Brière (2-6) ont perdu plus de mises en jeu – et des importantes – qu’ils en ont gagnées; que Brandon Prust semble avoir le haut du corps en charpie et que Travis Moen, à son retour au jeu, ne pouvait pas suivre le rythme de Daniel Brière au centre du quatrième trio. Et ce n’est pas parce que Brière est rapide…

À la ligne bleue, ça n’a pas été beaucoup mieux. Andrei Markov a eu les mains pleines bien souvent. Trop souvent. Son compagnon de jeu Alexei Emelin aussi. Et bien que P.K. Subban ait volé la vedette en marquant deux très gros buts lors d’attaques massives, il a peiné plus souvent qu’à son tour autour du filet de son copain Price. De fait, que diable faisait Subban devant Price sur le tir de la pointe de Johnny Boychuck? Pas question de s’acharner sur Subban qui a été l’étoile offensive du match, mais dans le cadre d’un revers, les mauvais jeux effectués auraient beaucoup plus de place dans les analyses que ses buts.

Rask dans l’ombre de Price

Le Canadien et ses fans ont toutes les raisons au monde d’être heureux de se réveiller en avant 1-0 dans la série. Car au fond, le Canadien vient de faire ce qu’il se devait de faire en remportant une victoire à Boston. Surtout la première, puisque du coup les Bruins se retrouvent avec une pression encore plus lourde sur leurs larges épaules.

Mais le Canadien et ses partisans seraient bien maladroits et imprudents de voir dans cette victoire un signe évident que cette équipe peut rivaliser avec les Bruins.

Si elle l’a fait dans le cadre du premier match, c’est d’abord et avant tout parce que Carey Price a été sensationnel. Rien de moins. Qu’il a éclipsé son vis-à-vis Tuukka Rask qui s’est imposé à quelques occasions, c’est vrai. Mais qui, une fois encore, n’a pas été face au Tricolore à la hauteur de sa réputation et des performances qu’il multiplie contre les autres équipes de la LNH.

Les statistiques ne disent pas toujours toute la vérité, rien que la vérité. Mais elles donnent toujours des indications claires sur certaines tendances.

« Peu importe la manière, c'est un accomplissement »

En 29 matchs de saison régulière face aux Bruins, Carey Price affiche un dossier de 17-8-3. Une statistique assombrie un brin en séries alors que Price remportait jeudi son 9e gain en 20 matchs éliminatoires contre Boston.

Mais dans le cas de Tuukka Rask, sa fiche de 3-10-3 contre le Tricolore suscitait un peu d’inquiétude avant le match. Sa première défaite dès son premier départ en séries face au Canadien ne fera rien pour apaiser cette inquiétude…

La bonne nouvelle pour les Bruins et leurs partisans est que Rask peut certainement être meilleur qu’il ne l’a été hier. Il est toutefois permis de se demander s’il arrivera à être aussi bon que Carey Price.

Dans le camp du Canadien, la victoire, bien qu’attribuable simplement à la performance de son gardien, représente une très bonne nouvelle.

Autre très bonne nouvelle : le fait que l’attaque à cinq du Canadien ait fait mouche deux fois en trois occasions obligera les Bruins à être plus prudents encore sur la patinoire. Ce faisant, les Bruins perdront une partie de leur identité et les joueurs du Canadien pourront patiner avec un peu plus d’aisance.

La moins bonne nouvelle maintenant, c’est qu’au lendemain de ce premier match, on peut se demander si le Tricolore a eu besoin du vol de grand chemin de son gardien et de l’aide de ses fantômes dans une seule et même rencontre.

Si c’est le cas et qu’il a ainsi brûlé rapidement trop de cartouches, ça pourrait compliquer les choses.

On le saura dès samedi.