Un mélange de combativité et de générosité de la part de Sergei Bobrovsky a permis à Brendan Gallagher de marquer le premier but du match.

 

Parce que Bobrovsky est rarement aussi généreux et que ses coéquipiers surfaient sur une séquence de six victoires consécutives, on savait que ce but ne serait pas suffisant pour déstabiliser les Blue Jackets. Encore moins pour les battre.

 

On en a eu une bonne idée moins de deux minutes plus tard lorsque Phillip Danault a écopé la première pénalité de la rencontre. Les Jackets ont beau croupir au dernier rang – oui, oui, ils sont derniers – de la LNH en avantage numérique, ça ne veut pas dire qu’ils ne sont pas capables de marquer des buts. Et comme le Canadien est plutôt perméable à court d’un homme depuis le début de l’année, Columbus avait une belle occasion de niveler les chances. De fait, Nick Foligno a eu une très belle occasion d’y arriver lorsqu’il a tenté de glisser la rondelle sur la gauche de Carey Price.
 

En début de saison, Foligno aurait marqué.

 

Lundi soir, c’est Price qui a eu le dernier mot en glissant sa jambière plus rapidement que Foligno a glissé la rondelle.

 

Cet arrêt a confirmé le retour de Carey Price. Son retour en forme, en santé, en confiance. En grande confiance est-il nécessaire d’ajouter.

 

Samedi contre Buffalo, Price a stoppé les 36 tirs des Sabres pour signer son 40e jeu blanc de la saison. Plusieurs ont diminué cette sortie en raison de la piètre qualité des Sabres. Mettons qu’ils avaient raison et que le match de samedi n’était rien de plus qu’un bon entraînement. Eh bien l’entraînement a payé, car deux jours plus tard, contre l’un des bons clubs de la LNH, Price a stoppé 37 des 38 tirs des Blue Jackets.

 

Ses 73 arrêts sur les 74 tirs affrontés lui donnent une efficacité de 98,6 %. Et un but en 120 minutes de jeu, ça donne ,5 but alloué par rencontre.

 

Pas question de partir en fou après deux matchs, mais disons que le Price qui est revenu au jeu samedi et bien plus à l’image du gardien qui a fait du Canadien un meilleur club qu’il ne l’est en réalité au cours des dernières années que celui qui affichait une efficacité ô combien inefficace de 87,7 % et une moyenne de 3,77 buts alloués par partie après 11 rencontres.

 

Plus encore que les statistiques, c’est l’impact de l’arrêt que Price a réalisé aux dépens de Foligno qui a dicté le cours du match de lundi. Cet arrêt a protégé la mince avance du Canadien. Avance que Jonathan Drouin a vite doublée avec un rare but en avantage numérique pour le Tricolore.

 

À 2-0 – le Canadien a marqué sur ses deux premiers tirs – Price a encore réalisé de bons et de très bons arrêts. Surtout en période médiane alors que les Jackets se sont réveillés et ont dirigé 18 tirs contre sept seulement pour Montréal.

 

Et finalement, on a eu droit au duel de gardiens qu’on anticipait à l’aube de l’affrontement Canadien-Blue Jackets. Car s’il a été un brin, voire deux, généreux sur le premier but accordé à Gallagher, Bobrovsky s’est dignement repris en volant un but certain au meilleur marqueur du Tricolore en sortant son bouclier de nulle part.

 

Ce ne sont pas tant les 37 arrêts réalisés par Price lundi ou les 73 multipliés devant sa cage en deux matchs qui m’impressionne. C’est son attitude devant le filet. La justesse des déplacements, le niveau de compétition, d’implication, la façon dont Price défie ses adversaires n’a rien à voir avec le gardien perméable du début de saison. Lors de ses 11 premiers matchs, Price n’intimidait personne. De fait, avec les buts accordés dans les cinq premières minutes des périodes, avec les buts successifs accordés en moins d’une minute, il était clair que Price inquiétait bien plus ses coéquipiers et les partisans de son équipe qu’il n’intimidait ses adversaires.

 

Lundi, après son premier arrêt aux dépens de Nick Foligno, il était clair que les joueurs des Blue Jackets réalisaient que le vrai Carey Price était de retour devant la cage du Canadien. Parce que les angles étaient mieux couverts, parce que Price prenait plus de place devant sa cage, les Jackets se devaient d’être plus précis. Ce n’est pas pour rien qu’on a entendu trois rondelles frapper les poteaux et que quelques belles poussées se sont terminées avec des tirs hors cible.

 

Carey Price n’a pas battu les Blue Jackets à lui seul. C’est évident. Mais Carey Price a largement compliqué la tâche des Blue Jackets en réalisant de gros arrêts à leurs dépens. Ce faisant, il a grandement aidé la cause de son équipe en insufflant une confiance qui faisait cruellement défaut en début de saison.

 

Combien de temps ça durera? Les prochains matchs nous le diront.

 

Mes observations sur cette victoire qui ravive la confiance des partisans en vue des séries alors que le Canadien se rapproche à deux points des Red Wings et du troisième rang de la division atlantique avec deux matchs consécutifs contre les Wings, jeudi, à Detroit, et samedi au Centre Bell.

  1. Jeff Petry : le jour et la nuit...
  2. Contestation refusée... mais justifiée
  3. Pourquoi Plekanec joue-t-il autant?
  4. Où diable se cache Pacioretty?
  5. Étoile méritée pour Dubois

Chiffre du match : 10 – Brendan Gallagher a peut-être profité de la générosité pour marquer le premier but du match lundi. Mais en déjouant Sergei Bobrovksy, la bougie d’allumage du Canadien a atteint le plateau des 10 buts. Dix buts en 25 matchs pour un gars qui en a marqué 10 en 64 rencontres l’an dernier, c’est encourageant. Et s’il est vrai que le gardien des Jackets a mal paru sur le but, il est impératif de souligner que Gallagher a récolté ce qu’il sème une fois encore. Car c’est avec combativité qu’il a bloqué un tir pour amorcer la poussée qui a mené à son but. Et avec ses six rondelles cadrées sur les huit tirs qu’il a décochés, on ne peut pas dire que Gallagher a volé son 10e but de la saison. On peut même avancer qu’avec la conviction qu’il affiche dans son jeu, le petit numéro 11 pourrait bien dépasser son record personnel de 24 buts enfilés en 2014-2015…

 

Jeff Petry : le jour et la nuit...
 

Jeff Petry ne sait pas s’il joue actuellement son meilleur hockey depuis qu’il porte l’uniforme du Canadien. Mais il admet sans retenue qu’il joue et de loin son meilleur hockey de la saison.

 

C’est le jour et la nuit dans les performances du vétéran défenseur. En fait non, il est passé de la nuit où il se tapissait depuis le début du calendrier préparatoire au grand jour où il brille depuis trois matchs. Un changement important et surtout opportun alors qu’il coïncide avec l’absence de Shea Weber qui ratait un 4e match de suite lundi.

 

Après son éveil remarqué à Nashville mercredi dernier, Petry a été très solide contre Buffalo samedi et plus encore lundi contre les Blue Jackets. Un bien meilleur club que les Sabres. Petry a disputé plus de 29 bonnes minutes de hockey. Il a récolté une passe sur le but de Jonathan Drouin à qui il a refilé la rondelle reçue d’Alex Galchenyuk. Il a asséné quatre mises en échec, a bloqué trois tirs, dont un, en  désavantage numérique, alors que la rondelle l’a frappé sur un patin. Oui ça fait mal! Il s’est encore rendu coupable de trois revirements, mais il a su bien les racheter et lorsqu’il s’est fait déborder, on l’a vu reprendre le dessus en utilisant son bâton avec précision pour faire perdre la rondelle à des adversaires.

 

Comment expliquer pareil changement? Pareille métamorphose? La confiance retrouvée ne peut à elle seule tout expliquer.

 

« C’est important la confiance et ça ne revient pas du jour au lendemain. Ça prend du temps à rebâtir. Jeff ne jouait pas du bon hockey en début de saison. On lui a beaucoup parlé, on a insisté pour qu’il se concentre sur différents aspects de son jeu. Depuis Nashville il est vraiment bon. On voit du grand Jeff Petry », a expliqué Claude Julien.

 

Le coach et ses adjoints ont insisté sur quoi au juste?

 

« Sur l’importance de bouger les pieds, de bouger la rondelle », a défilé Claude Julien.

 

« Mon patin est mon meilleur atout sur la glace. Je me suis concentré sur l’importance d’être toujours en mouvement. D’être impliqué. Quand tu effectues de bons jeux, la confiance revient et quand la confiance revient, tu te sens mieux sur la patinoire. C’est lié tout ça. En ce moment, je me sens très bien sur la patinoire. Le retour en forme de Carey est aussi très encourageant pour tout le monde. Ça donne de la confiance à l’ensemble de l’équipe », expliquait Petry après la rencontre. Une deuxième rencontre de suite au terme de laquelle il a été exclu des trois étoiles alors qu’il aurait facilement pu en décrocher une.

 

S’il assure ne pas avoir été victime du départ d’Andrei Markov qui n’était pas son partenaire de jeu habituel, le vétéran défenseur droitier admet que les chambardements nombreux apportés à la brigade défensive ont eu des répercussions en début de saison. « Peut-être que moi comme d’autres avons senti le besoin de prendre plus de responsabilités en raison des places disponibles. Nous devions tous en faire un peu plus, mais maintenant que la saison est plus avancée nous comprenons mieux nos rôles et les assumons d’une meilleure façon. »

 

Peu importe les raisons, ou la nature des messages livrés par Claude Julien et Jean-Jacques Daigneault, il semble vraiment qu’ils portent fruit.

 

Contestation refusée... mais justifiée

 

Lorsque Pierre-Luc Dubois a profité du fait que Carey Price avait perdu son bâton et son équilibre à la suite d’un impact avec son défenseur Joe Morrow pour marquer le premier, et seul, but des Blue Jackets, Claude Julien en a appelé du but.

 

Prétextant une obstruction aux dépens de Price, Julien a demandé aux arbitres de revoir leur décision initiale. Après quelques vérifications, les arbitres Dean Morton et Tim Peel ont rejeté l’appel du Canadien.

 

Avec raison.

 

Oui Carey Price a été déstabilisé devant son but, mais l’impact dont il a été victime était bien plus attribuable au fait que Morrow a été incapable de se dresser devant Josh Anderson. L’attaquant des Jackets a poussé Morrow légalement et si ce dernier n’a pu résister à l’impact et s’est retrouvé sur son gardien, ce n’était pas une raison valable pour rejeter le but.

 

Cette constatation était évidente.

 

Pourquoi alors Claude Julien a-t-il décidé d’en appeler quand même au risque de perdre le temps d’arrêt en cas de rejet de l’appel?

 

Premièrement la décision d’en appeler vient de la galerie de presse où des membres de l’état-major analysent rapidement la situation et décident d’en appeler ou non. «On se disait qu’il était possible de gagner et en cas de rejet, la période d’analyse permettait de briser le rythme après le but. Ça ne me dérangeait pas de perdre mon temps d’arrêt en fin de deuxième période», a convenu Claude Julien après la rencontre.

 

Avec la fâcheuse habitude de son équipe d’accorder des buts successifs en moins d’une minute depuis le début de l’année, l’idée d’en appeler et d’avoir à se contenter en fin de compte d’un temps d’arrêt valait le coup. Car avec moins de quatre minutes à faire en période médiane, le Canadien se devait de maximiser ses chances de retraiter au vestiaire avec une avance d’un but au lieu d’encaisser un deuxième but en fin d’engagement.

 

Pourquoi Plekanec joue-t-il autant?

 

Plusieurs partisans ont souligné leur désarroi quant au temps d’utilisation démesuré obtenu par Tomas Plekanec lundi soir. Malgré son âge et ses capacités offensives qui ne sont plus ce qu’elles ont déjà été, Plekanec a passé 22:11 sur la patinoire. Il a été, et de loin, le centre le plus utilisé par Claude Julien alors que Jonathan Drouin (14:39) et Philipp Danault (14:15) sont passés loin derrière.

 

Pourquoi?

 

Premièrement, Plekanec affronte les meilleurs éléments adverses et encore hier, avec la complicité de Charles Hudon et Brendan Gallagher, Plekanec a encore eu le dessus sur le premier trio de l’équipe adverse. En plus, Plekanec a gagné 15 des 22 mises en jeu qu’il a disputées ce qui l’assure plus de présences sur la patinoire. Danault s’est aussi bien débrouillé avec six mises en jeu gagnées en 9, mais Jonathan Drouin a encore peiné avec 25 % de réussite (2 en 8).

 

Ajoutez à cela le fait que Plekanec a écoulé six des 10 minutes que le Canadien a passé à court d’un homme et vous avez l’explication complète.

 

Et si l’explication ne vous convient pas, voici les commentaires de Brendan Gallagher sur son joueur de centre. « On dirait qu’il rajeunit. Il est intense à chacune de nos présences. Il nous guide bien et il est en grande partie responsable des succès que je connais cette saison», a indiqué Gallagher. « On forme un trio efficace. On a les moyens de générer de l’attaque, mais on est responsable défensivement. Et je peux t’assurer que « Pleky » me donne des conseils chaque fois qu’on revient au banc. Il m’encourage quand je fais des bons jeux, et me critique de façon positive quand je dois améliorer certaines choses. C’est un vrai leader », a ajouté Charles Hudon.

 

Plekanec, à qui Claude Julien a fait confiance en fin de match en raison de la qualité de ses mises en jeu et de son jeu défensif, a récolté une passe « prime » sur le but d’assurance marqué par Andrew Shaw dans un filet désert.

 

Où diable se cache Pacioretty?

 

Tomas Plekanec méritait le point prime obtenu sur le but dans un filet désert d’Andrew Shaw. Shaw méritait ce but également pour l’ensemble de son œuvre.

 

De fait, Shaw n’a pas récolté de passe sur le but de Jonathan Drouin au premier tiers, mais il en aurait mérité une, car sans sa présence pour voiler la vue du gardien des Jackets, Sergei Bobrovsky aurait sans doute bloqué le tir. Ou ses chances auraient été bien meilleures de réaliser l’arrêt.

 

Max Pacioretty peut toutefois se compter chanceux d’avoir été envoyé sur la glace en fin de match alors que Bobrovksy avait été rappelé au banc à la faveur d’un sixième patineur. Et d’avoir ainsi pu ajouter une passe à sa fiche personnelle.

 

Car encore hier, le capitaine n’a pas été assez visible et impliqué pour justifier pareille récompense. Nicolas Deslauriers et même Jacob de la Rose auraient mérité ce genre de récompense avant Pacioretty tant ils ont offert du hockey de meilleure qualité que le capitaine contre Columbus.

 

Pacioretty ne joue pas mal. Mais il ne joue pas assez bien. Il se contente de trop peu. Je suis peut-être trop sévère. Ou pas assez. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je sais simplement que ce marqueur devrait être bien plus impliqué pour être aussi redoutable qu’il le devrait. Ou qu’il en est capable…

 

Étoile méritée pour Dubois

 

Pierre-Luc Dubois en est à sa première saison dans la LNH, mais il affiche une confiance qui dépasse les paramètres habituels d’une recrue. Peut-être qu’il était moins intimidé par le Centre Bell à sa deuxième visite en deux semaines, mais il a été impliqué du début à la fin de la rencontre. Avant de marquer, il s’est frotté à Carey Price qui a ajouté le nom du Québécois à la liste de ses victimes.

 

Et non seulement Dubois a enfilé son quatrième but de la saison – le même total que Jonathan Drouin en passant – mais la troisième sélection du dernier repêchage a obtenu trois tirs cadrés sur les six qu’il a tentés et il a surtout distribué neuf des 50 mises en échec assénées par les Jackets. C’est son coéquipier Boone Jenner, avec 11, qui a mené le bal à ce chapitre.

 

Une 2e belle prestation d'affilée pour les Canadiens
Point de presse de Claude Julien
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