Primeau! Primeau! Primeau!

MONTRÉAL – Le 13 février dernier, les joueurs du Canadien ont uni leurs efforts pour offrir à Cayden Primeau son premier blanchissage en carrière.

Non seulement avaient-ils marqué cinq buts aux dépens des pauvres Ducks venus d'Anaheim, mais ils les avaient limités à 13 petits tirs : six au premier tiers, trois en période médiane et quatre en troisième alors que l'issue du match était scellée depuis longtemps.

De ces 13 tirs, un, deux peut-être, avaient mené à sérieuses occasions de marquer.

Et encore!

Heureux pour le jeune gardien, les partisans venus au Centre Bell avaient applaudi poliment le jeune gardien ne serait-ce que pour l'encourager à composer avec le ménage à trois qui le confinait derrière Samuel Montembeault et Jake Allen.

Ce soir du 13 février, les fans du Tricolore n'en avaient eu que pour Nick Suzuki, Cole Caufield et Juraj Slafkovsky. Avec raison! Ils avaient disputé un match du tonnerre : fort d'une sortie de deux buts et une passe, le capitaine avait prolongé à huit sa séquence de matchs consécutifs au fil desquels ils avaient enfilé sept buts et récolté 14 points. Slafkovsky avait connu lui aussi un match de trois points (2 buts) pour étirer à six sa série de matchs consécutifs avec au moins un point (4 buts, 4 passes).

Les 13 arrêts de routine réalisés ici et là par Primeau au cours de la rencontre étaient loin d'avoir suscité le même genre de passion.

Une forme d'initiation...

Mardi soir, c'est tout le contraire qui est arrivé. Loin de faire cadeau à Cayden Primeau de son deuxième jeu blanc en carrière, ses coéquipiers lui ont grandement compliqué la tâche.

Peut-être pas au cours des six premières minutes du match alors qu'ils ont marqué pas un, pas deux, mais bien trois buts en 348 secondes.

Mais après avoir offert ce coussin confortable à leur gardien, les joueurs du Canadien se sont assis dessus et ont regardé Primeau se démener devant sa cage. 

Du haut de la galerie de presse, on pouvait se demander s'ils n'avaient pas décidé d'initier le jeune gardien maintenant qu'il était officiellement le gardien numéro deux du Tricolore.

C'est une figure de style en passant. Quoique...

S'il n'avait eu qu'à effectuer 13 arrêts en 60 minutes aux dépens des Ducks, Primeau a dû en réaliser 22 au cours de la seule première période pour empêcher les Blue Jackets d'orchestrer une remontée. Il en a ajouté huit en période médiane et 11 au dernier tiers. Pour un total de 41.

Quarante-et-un tirs, c'est déjà pas mal. Ça étourdit son homme masqué.

Mais les Jackets l'ont fait tourner plus encore en prenant le contrôle total de la zone défensive du Tricolore. Un contrôle qui se confirme avec les 98 tirs qu'ils ont décochés.

Vous aurez deviné que c'est le plus haut total accordé par le Canadien jusqu'ici cette saison.

Vous ne serez sans doute pas le moindrement surpris d'apprendre que le manque à gagner de 54 tirs tentés du Canadien (98 contre 44) est aussi le plus imposant de la saison.

N'eût été les arrêts de Primeau, inutile d'écrire que l'issue du match aurait été pas mal différente. 

Discrets lors du premier jeu blanc de Primeau, les partisans ont salué le deuxième avec plusieurs ovations et par des Primeau! Primeau! Primeau! alors que les dernières secondes s'écoulaient au cadran.

Des Primeau! Primeau! Primeau! qui n'étaient pas sans rappeler les Carey! Carey! Carey! qui ont souvent résonné au Centre Bell alors que Price, comme l'a fait Cayden Primeau mardi soir, multipliait les arrêts pour offrir à ses coéquipiers une victoire qu'ils ne méritaient pas vraiment.

Pas question ici de partir en peur et de prétendre que Cayden Primeau est le nouveau Carey Price. Pas question, non plus, de lancer une controverse sur l'identité du gardien numéro un. Ça viendra bien assez vite.

Mais il est important et même essentiel de souligner à quel point Primeau a été solide dans des circonstances difficiles. Ses coéquipiers l'ont d'ailleurs fait à l'unisson dans le vestiaire après la rencontre, comme le souligne ici le collègue Éric Leblanc.

Le Canadien décoche régulièrement moins de tirs que ses rivaux. C'est arrivé 44 fois en 65 matchs cette saison.

Et il s'est souvent bien tiré d'affaire en dépit des manques à gagner imposants, comme il l'a fait mardi soir avec son gain de 3-0 en dépit d'un différentiel de moins-54.

Il a signé trois autres victoires malgré des différentiels de moins-40 et plus :  le 27 février, 4-2 contre Arizona malgré un différentiel de moins-41; le 25 janvier, 4-3 contre New York (Islanders) malgré un différentiel de moins-45; le 2 janvier, 4-3 à Dallas malgré un différentiel de moins-46.

Il a aussi encaissé trois revers : 7 mars, 4-1 en Caroline, différentiel de moins-43; 18 novembre, 5-2 à Boston, différentiel de moins-42; 16 novembre, 6-4 contre Las Vegas, différentiel de moins-42.

Elvis has left the building!

Dans le vestiaire des Jackets, on essayait de se remonter le moral comme on pouvait.

À commencer par Pascal Vincent qui, bien que déçu des six premières minutes du match, a apprécié les 54 suivantes, même si son équipe a été incapable de marquer le moindre but.

« On a travaillé plus qu'eux, on a obtenu plus de tirs. On a obtenu plus d'occasions de marquer. Si on joue comme on l'a fait dans les 55 dernières minutes du match, on va gagner des matchs de hockey », a indiqué Vincent qui a retiré Elvis Merzlikins après qu'il eut accordé trois buts sur les quatre premiers tirs du Canadien.

« C'était d'abord et avant tout pour changer le rythme du match. Il y avait un peu d'incertitude sur le deuxième but. S'il n'avait pas été accordé, je n'aurais pas remplacé Elvis. La défaite ne lui est pas du tout imputable », a ajouté l'entraîneur-chef québécois.

Daniil Tarasov a été solide en relève stoppant les 19 tirs qu'il a affrontés. Mais Cayden Primeau lui a été de beaucoup supérieur à l'autre bout de la patinoire.

« Il a été très bon, a indiqué Pascal Vincent en parlant de Primeau. On aurait peut-être pu compliquer son travail un peu en étant plus présent devant son but, mais il a très bien contrôlé les retours. Il ne nous a pas donné grand-chose. »

Entre les lignes

-    Le Canadien a obtenu moins de tirs que l'adversaire pour la 48e fois en 65 matchs mardi soir... 

-    C'était la 9e fois qu'il accusait un recul de moins-18 ou plus. En dépit ce manque à gagner important, le Tricolore a récolté des points dans six de ces neuf matchs (3-3-1-2)...

-    C'était la deuxième fois de suite, mardi, que le Canadien ouvrait la marque dès la première minute du match. Mike Matheson l'avait fait samedi (38e seconde du match) aux dépens des Maple Leafs de Toronto...

-    Le Canadien a marqué lors de la première minute d'une période dans un 10e match cette saison. Trois fois lors du premier tiers. Il présente un dossier de 6-3-0-1 lors de ces dix rencontres...

-    Le Canadien a gagné 14 des 20 matchs au cours desquels il s'est offert des avances de 2-0 jusqu'ici cette saison (14-2-0-4)...

-    Le Canadien n'a pas encore perdu cette année (8-0-0-0) lorsqu'il s'offre une avance de 3-0...