BROSSARD – Ce n’est peut-être pas la nouvelle d’envergure que les partisans attendaient en priorité pendant la valse des joueurs autonomes, mais Marc Bergevin a complété un dossier majeur sur son bureau en prolongeant le contrat de Carey Price de huit saisons.

Le directeur général du Canadien a donc confirmé ses intentions de poursuivre son chemin avec Price en tant que la pièce maîtresse de son organisation. Il lui a accordé une prolongation contractuelle – qui s’amorcera en 2018-2019 – de huit ans pour 84 millions (10,5 millions annuellement et 70 millions versés en bonis à la signature).

Du même coup, Price est non seulement devenu le gardien, mais le joueur le mieux payé de la LNH à égalité avec Jonathan Toews et Patrick Kane des Blackhawks de Chicago.

« Depuis mon arrivée ici, en 2012, on l’a identifié comme LE joueur de notre franchise. C’est un joueur exceptionnel. Tous les joueurs de niveau dans leur métier sont payés à leur juste valeur. C’est pour ça qu’on a pris cette décision avec Carey », a expliqué Bergevin qui attend toujours des nouvelles des clans d’Alexander Radulov et Andrei Markov auxquels il a proposé des offres alléchantes selon ses dires.

Justement, en misant d’abord sur lui, Bergevin a foncé avec une vision qui n’est pas répandue dans le circuit Bettman. Le Canadien devient l’équipe qui investit le plus dans son gardien numéro un et il devra prouver que cette stratégie peut mener à la conquête de la coupe Stanley.

« Aucune équipe n’a un gardien comme Carey Price. Tant qu’ils n’en auront pas un, ils ne sauront pas ce que c’est. Les gardiens ne sont pas importants tant que tu n’en a pas un. Regardez ce qui passe à travers la ligue quand des équipes se mettent à la recherche d’un gardien. Ça devient très difficile. C’est une position difficile à combler. Nous avons un des meilleurs de l’industrie, sinon le meilleur, donc on va le garder et s’assurer qu’il passera le reste de sa carrière ici », a répondu Bergevin qui dit avoir été rassuré par les médecins par rapport aux blessures subies par Price durant sa carrière.

Le DG du club montréalais le reconnaît, il aurait préféré ne pas s’engager de manière aussi colossale. 

« Price et Weber attirent des joueurs comme Alzner »

« Dans un monde idéal, on lui aurait donné moins. Mais ça fait partie des négociations. Tu regardes les performances des gardiens de but dans les séries comme un Pekka Rinne à 35 ans. Carey a encore beaucoup de bon hockey devant lui », a-t-il confié.

Par conséquent, Bergevin hérite d’une situation complexe en accordant 14% de son enveloppe salariale.

« Pour moi, ce n’est pas nécessairement une question de position. C’est certain qu’en donnant un gros montant à un joueur, ça rend les choses plus difficiles, mais ça fait partie de mon travail de gérer ça. À mes yeux, gardien de but, c’est une position très importante. Sans gardien, on a vu ce qui est arrivé ici il y a deux ans, ç’a mal été. On voit l’importance de Carey pour l’organisation et la ville de Montréal », a exposé le dirigeant.

Comme il le dit si bien, il doit composer avec ce défi alors ses homologues ont d’autres défis à gérer. Reste à voir s’il a choisi la bonne orientation.

Excité à sa manière

Price a beau avoir signé le contrat le plus important de l’histoire de la prestigieuse organisation du Canadien, mais ça lui montera pas à la tête.

En fait, le gardien du CH a donné l’impression qu’il aurait préféré continuer de tondre son gazon au lieu de célébrer son entente quand il s’est adressé aux médias à partir de sa résidence d’été à Kelowna en Colombie-Britannique.

« Je suis évidemment enthousiaste par rapport à l’idée de terminer ma carrière à Montréal. Ma famille est également bien excitée par cette nouvelle », a lancé Price sur un ton qui ne laissait pas deviner le tout.

La balle est dans les camps de Alexander Radulov et Andrei Markov

On peut donc confirmer que Price n’imitera pas certains athlètes qui auraient célébré cette grande journée en ouvrant la meilleure bouteille de champagne disponible ou en se payant un magnifique souper au restaurant.  On imagine plutôt Price en train d’esquisser un petit sourire en taquinant les poissons à la pêche ou en jouant avec son enfant.

« C’est la raison pour laquelle on possède un agent, ça permet de le laisser gérer le tout et d’attendre la nouvelle. Je n’avais aucun doute qu’on parviendrait à s’entendre donc je n’étais pas vraiment stressé par la situation », a indiqué Price en faisant référence à Gerry Johansson.

Même s’il est demeuré timide dans la joie exprimée, Price a répété à deux occasions qu’il ne se voyait pas jouer pour un autre club.

« Je n’ai jamais vraiment pensé à jouer ailleurs. Je n’ai jamais songé à enfiler un autre uniforme, je présume que ce serait trop étrange », a-t-il déclaré.

Venant de l’Ouest canadien, il aurait bien pu souhaiter se rapprocher de son coin natal.

« Il n’y a pas de meilleur endroit pour jouer au hockey. Je suis honoré de porter cet uniforme pour le reste de ma carrière. C’est tout ce que j’ai connu et j’espère que ce sera tout ce que je vais connaître », a confié Price qui a reconnu qu’un coéquipier, et ami, comme Shea Weber aide à s’engager à long terme avec une formation.

Mieux adapté que jamais pour Montréal

Le dénouement autour de Price demeure fascinant puisque le gardien aux origines amérindiennes n’a pas toujours filé le parfait bonheur à Montréal. Ce marché unique l’a parfois dérangé au point de donner l’impression qu’il le quitterait un jour.

« J’ai traversé beaucoup de hauts et de bas à Montréal. Dans les 10 dernières années, je crois que j’ai acquis assez d’expérience pour composer avec n’importe quelle situation. Je trouve que je suis bien adapté que pour vivre dans ce milieu. C’est difficile par moments, mais quand ça va bien, il n’y a rien qui se compare à jouer à Montréal », a admis celui qui fêtera son 30e anniversaire le 16 août. 

« Je crois que le tout a beaucoup à voir avec moi-même. Avoir une famille et être beaucoup à la maison, ça fait changer les perspectives sur les choses. La ville de Montréal a toujours bien traité ma famille et les partisans ont toujours respecté notre espace personnel ce qui est grandement apprécié », a précisé le numéro 31 confirmant la maturité acquise évoquée par Bergevin. 

En terminant, on peut croire que Price considère que le Canadien lui offre des chances intéressantes de remporter un championnat.

« J’ai beaucoup de confiance envers Marc pour qu’il trouve des moyens d’améliorer le club. C’est un DG très intelligent », a maintenu Price qui ne pouvait quand même pas dire le contraire.

Une bénédiction pour Stéphane Waite

Même s’il ne touchera qu’une fraction du salaire de Price pendant cette période, l’entraîneur des gardiens, Stéphane Waite, avait plusieurs raisons de se réjouir.

L’entraîneur québécois ne risque pas de travailler avec un athlète différent. Price serait sans doute le dernier à se laisser enfler la tête par un tel contrat.

« Price t'amène en séries à chaque année »

« Cibole, c’est la dernière de mes inquiétudes. C’est un pro de A à Z, c’est pour ça que la durée du contrat n’est pas préoccupante, il fait attention à lui et on fera aussi attention à lui. C’est un élément important quand tu accordes un contrat de longue durée », a lancé Waite en parlant de son alimentation, son repos, ses traitements et son conditionnement physique.

Mais qu’en est-il de la relève derrière Price qui pourrait être affectée par l’horizon peu dégagé. Waite a dressé un parallèle avec Corey Crawford qui a mangé son pain noir dans les mineures alors que Nikolai Khabibulin prenait toute la place à Chicago.

« On a une belle profondeur devant le filet avec Al (Montoya) qui revient et Charlie Lindgren qui a connu toute une saison. Il est très important pour nous et même Zach (Fucale) qui a probablement été le meilleur gardien de la ECHL. Il va être dans le décor pour Laval. Il y a aussi Michael McNiven qui a été le meilleur gardien en Ontario et (Cayden) Primeau qui a tout un gabarit. On a toute une profondeur à cette position », a conclu Waite en rappelant l’importance du rendement du gardien réserviste pour accéder aux séries.

 

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