BROSSARD – On pourrait être tenté de parler d’un voyage de routine, d’un inoffensif aller-retour. Après tout, quand le seul club toujours invaincu dans la LNH prend la route pour aller se frotter à l’une des pires formations de l’Association Est, on est en droit de s’attendre à duel inégal.

Mais prudence et humilité étaient les mots d’ordre jeudi midi chez les joueurs du Tricolore, pressés de quitter le centre d’entraînement de Brossard pour aller prendre un avion en direction de Buffalo, où ils allaient affronter les Sabres le lendemain.

« C’est la Ligue nationale. Il n’y a rien de tel qu’un match facile. On a intérêt à être prêt ou on risque de trouver la soirée longue », se méfiait Brendan Gallagher.

Les Sabres ont connu une saison médiocre l’année dernière, terminant dans la cave du classement général du circuit Bettman avec une récolte de 54 points. Mais pour une raison difficile à saisir, ils ont causé toutes sortes d’ennuis à la troupe de Michel Therrien, remportant trois des quatre matchs entre les deux équipes.

« Condon jouera demain »

Ce récent historique permet d’amplifier la notion que le Canadien, qui finira bien par en perdre une, se dirige tout droit vers l’un de ces fameux matchs « pièges » qui agrémentent souvent le cours d’une saison d'une équipe de pointe.

« Ce n’est jamais facile d’aller chercher deux points sur la route, peu importe l’identité de notre adversaire », souligne Gallagher, peu intéressé à fouiller dans ses souvenirs pour expliquer les déconvenues des siens contre cet adversaire précis la saison dernière.

« C’est juste une autre opportunité pour nous de continuer d’avancer avec le vent dans les voiles », ajoute Torrey Mitchell, qui refusait de voir les Sabres comme une menace sournoise.

Therrien s’est quelque peu répété, décidant de réutiliser son analogie automobile pour illustrer l’importance du moment présent.

« Quand je conduis ma voiture, je ne regarde pas trop souvent dans mon miroir pour voir ce qui passe en arrière. Je regarde bien plus ce qui se passe en avant. On est un peu dans cette situation lorsqu’on dirige une équipe de hockey. À l’occasion, on regarde ce qui s’est passé dans les matchs précédents, mais le plus important, c’est le prochain match. »

Les échos de l'entraînement du CH

Les Sabres, qui ont perdu quatre de leurs six premiers matchs, ne montrent plus le même visage que l’année dernière. Les recrues Jack Eichel et Sam Reinhart, deux choix de première ronde, font maintenant partie intégrante de la reconstruction de l’équipe. Evander Kane, acquis dans une transaction avec les Jets de Winnipeg en février dernier, est un autre des principaux nouveaux visages de l’équipe. Et derrière le banc, Ted Nolan a été remplacé par Dan Bylsma, celui qui avait succédé à Therrien à la tête des Penguins de Pittsburgh.

« Ils ont fait des changements quand même importants au cours de l’été, constate le pilote du CH. Ils comptent sur un jeune prodige en Eichel. C’est une équipe qui joue avec plus d’énergie qu’elle l’a démontré dans le passé. »

« Ils jouent avec acharnement et accordent peu de buts, note Gallagher, qui a lui aussi remarqué une vigueur renouvelée chez ses prochains adversaires. On ne l’aura pas facile. »

La pression? Quelle pression?

Le début de saison sans tache du Canadien force les observateurs à garder un œil sur le livre des records de la LNH. Montréal a besoin de trois autres victoires pour égaler la marque établie par les Maple Leafs de Toronto en 1993-1994 et les Sabres en 2006-2007.

Mais ce souci d’écrire l’histoire ne semble pas trop préoccuper ceux qui tiennent le crayon entre leurs doigts.

« Je ne sens pas cette pression, dit Therrien. Honnêtement, je ne sens pas un groupe qui joue avec de la pression. Au contraire, je trouve qu’on démontre beaucoup d’enthousiasme, d’énergie et de plaisir. Ce sont des signes qui m’indiquent qu’on ne sent pas de pression. On veut juste connaître un autre bon match demain. »

« Je ne pense pas que les gars y pensent tant que ça, lance Gallagher. Notre mentalité n’a pas changé depuis le tout premier match. On se concentre sur les défis que proposent notre prochaine partie et on se prépare en conséquence. On est conscient qu’il n’y en aura pas de facile, mais en même temps on est confiant que si on fait notre boulot, ça continuera de bien aller. »

Therrien a confirmé que Mike Condon obtiendra son deuxième départ de la saison vendredi soir. Il s’agira du seul changement que l’entraîneur apportera à sa formation toujours invaincue.

Le Canadien n’a concédé que sept buts en autant de matchs pour façonner son parcours parfait. Il a été particulièrement radin au cours de ses trois dernières sorties, alors qu’il a limité un impressionnant trio d’équipes formé des Rangers de New York, les Red Wings de Detroit et les Blues de St Louis à un seul petit but.

Autre signe annonciateur d’un possible match à sens unique : les Sabres marquent moins de deux buts par match (11 buts en 6 rencontres) depuis le début de la saison.

Après son arrêt à Buffalo, le Canadien reviendra à la maison pour y accueillir les Maple Leafs de Toronto samedi.