Alors que nous entamons le dernier droit de la saison 2017-18, l’exercice consiste à déterminer ce qui a cloché chez le Canadien. La responsabilité est partagée à parts égales entre la défensive et l’attaque. Offensivement, Brendan Gallagher devrait finir la saison avec la meilleure récolte offensive du club, soit une production de 51 points s’il poursuit à ce rythme pour toutes les parties restantes.

 

Si cela se concrétise, ce sera la première fois, depuis la saison 2010-11, qu’aucun joueur du Canadien n’atteint le plateau des 60 points lors d’une saison de 82 parties. Ce serait aussi la plus faible récolte pour le meilleur pointeur du club depuis qu’Oleg Petrov et Saku Koivu ont été les meneurs, sur un pied d’égalité, chez le Tricolore avec une récolte de 47 points lors de la saison 2000-01, bien que Koivu n’avait joué que 54 parties cette année-là.

J’ai déjà analysé les faiblesses précises des joueurs du Canadien et comment celles-ci ont eu un impact sur l’équipe cette année. Cependant, un problème encore plus important que l’alignement ou que les contre-performances est que Carey Price a objectivement été atroce.

 

Ce n’est pas une situation facile pour l’organisation, considérant que le Canadien vient de lui faire parapher un contrat garanti de huit ans d’une valeur de 84 millions de dollars. Toutefois, lorsque l’on décortique la saison du Canadien, c’est un élément qu’il est impossible d’ignorer.

 

Malgré les problèmes des défenseurs, qui ne sont pas en mesure d’intercepter les passes dans l’enclave et qui ont dévié beaucoup de rondelles derrière lui, Price a fait face aux lancers les moins dangereux depuis le début de sa carrière. Le Canadien est la quatrième équipe accordant le moins de chances de marquer à haut risque à cinq contre cinq dans la LNH, étant également la neuvième formation accordant le moins de chances de marquer.

 

Limiter le mouvement de la rondelle est encore problématique pour le Canadien qui alloue le huitième plus grand nombre de passes complétées dans l’enclave et en contre-attaque. Pour un gardien du calibre de Price, dont les principales forces sont son coup de patin et son positionnement, recevoir beaucoup de tirs de la périphérie précédés par un peu plus de passes qu’à l’habitude ne devrait pas poser problème.

 

Et pourtant, comparer Price à ses pairs, tant à travers la ligue que chez le Canadien, est un exercice désastreux cette saison.

 

Carey PriceEn comparaison avec les performances de Price avant qu’il ne manque la majorité d’une saison en raison d’une blessure au genou, son pourcentage d’arrêts face aux tirs du bas de l’enclave comparé à ses gardiens substituts a chuté de 16 points de pourcentage. Cela l’a fait passer de l’un des meilleurs gardiens partants de la LNH à l’un des pires.

 

Son pourcentage d’arrêts face aux tirs du haut de l’enclave ne pose pas problème comparativement à la moyenne de la ligue, mais il est significativement moins bon que celui de ses gardiens substituts cette année. C’est la même chose pour son pourcentage d’arrêts global à cinq contre cinq.

 

Antti Niemi et Charlie Lindgren présentent des chiffres fantastiques comme gardiens substituts, ce qui fait certainement encore plus mal paraître Price. Une partie de l’explication est que ces gardiens évoluent pour une équipe qui n’accorde pas une tonne de chances de marquer de qualité, ce qui est aussi applicable à Price.

 

En s’attardant aux trois dernières saisons de Price, au premier coup d’œil, il semble connaître un déclin rapide. Malheureusement, il y a une réelle possibilité que ce soit le cas, même si cette possibilité demeure faible. Au-delà de sa baisse de rendement la saison dernière, il est davantage important de noter qu’après une blessure majeure, il a tout de même été dominant à égalité numérique. Globalement, il a été le deuxième meilleur gardien dans la LNH après Sergei Bobrovsky.

 

Normalement, vous ne passez pas du meilleur de votre profession, puis deuxième meilleur à en être le pire du jour au lendemain. Ainsi, quelque chose cloche assurément avec Price.

 

Plus tôt cette saison, quand il paraissait avoir quelque peu retrouvé son niveau, j’ai écrit qu’il semblait toujours jouer en dépit d’une blessure. Malgré que ce ne soit qu’une spéculation, je crois encore qu’un pépin physique le dérange.

 

Paul Campbell de l’Athletic a écrit au sujet du changement étrange au jeu de pied de Price cette saison. Je ne crois pas que Price fasse un tel changement, à moins que quelque chose ne le retienne d’effectuer avec explosion ses déplacements latéraux.

 

Malgré ses problèmes au moment d’effectuer les arrêts, Price demeure l’un des meilleurs gardiens de la LNH quant au contrôle des retours, étant bien meilleur à cet égard que ses gardiens substituts. Il a encore les habiletés lui permettant d’amortir les lancers et de bien de se positionner face aux tirs venant d’un tireur statique. Cependant, il a été maintes fois exposé à des mouvements de rondelle précédant les lancers, quelque chose qui ne l’avait jamais dérangé par le passé.

 

Peu importe ce qui se passe avec Price, ce sera probablement corrigé par le principal intéressé et l’organisation lors de la saison morte. Je ne m’attends pas à ce qu’une personne aussi compétitive que Price connaisse une autre saison comme celle-ci. Il demeure une raison importante expliquant que le navire du Canadien ait coulé.

 

Ce qui est difficile à comprendre est comment un joueur qui a pratiquement mené à lui-seul son équipe en séries éliminatoires à trois reprises lors des quatre années précédentes puisse être l’une des principales explications à cette année manquée.