Marc Bergevin reste fidèle à tout ce qu'il a démontré depuis le jour où il a pris place sur le podium en compagnie de Geoff Molson.

Dès le premier point de presse terminé, il s'est mis au boulot d'une façon étonnante. On connaît la suite. Au fil des jours, il a appuyé plusieurs fois sur la gâchette.

Des têtes sont tombées. Plusieurs autres sont apparues dans la famille du Canadien. Rick Dudley, Scott Mellanby, Michel Therrien et ses adjoints Jean-Jacques Daigneault, Gerard Gallant et Clément Jodoin. Puis, Patrice Brisebois, Martin Lapointe et Donald Audette ont complété ce défilé de nouvelles figures.

C'était bien parti. Quand Bergevin avait fait la promesse de redonner au Canadien son entité francophone que les administrations précédentes avaient carrément négligée, on ne s'attendait pas à ce qu'il tienne parole d'une façon aussi massive. La suite des évènements a clairement démontré qu'il n'avait pas agi dans l'unique but d'épater la galerie ou de se faire rapidement un nom comme directeur général. Cet homme, qu'on ne connaissait pas, suite à un exil de 28 ans aux États-Unis, est beaucoup plus solide qu'on l'avait imaginé.

Grâce à la complicité financière d'un propriétaire pressé de gagner, Bergevin n'a pas jonglé avec le puck. Pour purifier l'ambiance, il a mis Scott Gomez à la porte.

Pour faire comprendre à P.K. Subban que personne n'est plus important que le chandail qu'il porte, il l'a fait plier dans sa négociation de contrat. Plus tard, quand Erik Cole a été envoyé à Dallas, les joueurs ont tous compris que les traîne-savates ne seraient pas tolérés, ce qui explique aussi pourquoi les services de Michael Ryder ne sont plus requis.

Ce qui nous amène à la situation de Pierre Groulx. Durant son association de quatre ans avec l'un des joyaux du Canadien, on n'a pas remarqué une amélioration progressive dans le jeu de Carey Price. Dans son bilan de fin de saison, les journalistes avaient d'ailleurs questionné Bergevin à ce sujet. Groulx était-il le conseiller dont son gardien avait besoin? Songeait-il à revoir cette situation?

Bergevin avait patiné autour de la question. Le moment n'était pas bien choisi pour montrer du doigt un homme qui appartenait à un personnel d'entraîneurs qui avait participé au bond prodigieux de l'équipe au classement.

Le directeur général, qui est généralement d'une certaine clarté dans ses explications, n'avait pas envoyé les médias dans le champ gauche, cependant. «Je suis très satisfait de ce que nous avons accompli, mais il y aura néanmoins une évaluation du travail de tous les entraîneurs», avait-il dit. Cette remarque ne concernait qu'un homme, Pierre Groulx, une bonne personne, discrète et qui ne brouille pas l'eau. Tous les autres pouvaient dormir tranquille.

Un homme de détails

En sortant Groulx de l'organisation, remerciements à l'appui, Bergevin a encore une fois fait la démonstration qu'il est un homme de détails. Dès qu'il n'aime pas ce qu'il voit, dès que ça ne fonctionne pas, il agit.

À son arrivée à Montréal, il n'avait aucune raison valable d'inclure Groulx dans le ménage qu'il a effectué derrière le banc. Le chien de Randy Cunneyworth et de Randy Ladouceur était mort bien avant le dernier match du calendrier pour des raisons très évidentes. Dans le cas de Groulx, un spécialiste au service de son meilleur joueur, il devait s'accorder du temps pour y voir clair. Price et lui formaient-ils un duo aussi efficace qu'ils en donnaient l'impression? Price était-il sur le point d'arriver à maturité? Bergevin arrivait de Chicago; il n'en savait rien. Une saison, même écourtée, allait lui apporter des réponses. Au cours des derniers mois, il les a observés. Il n'a pas été impressionné par les résultats, sans quoi Groulx aurait obtenu un nouveau contrat.

Qui lui succédera?

Quand on avait demandé d'une façon détournée à Bergevin si la sécurité d'emploi de Groulx était assurée, on lui avait suggéré du même souffle le nom de François Allaire qui a contribué à faire de Patrick Roy ce qu'il est devenu.

En choisissant le Colorado, Allaire est allé là où on le voulait vraiment. Il a parlé vaguement d'un entretien exploratoire avec le Canadien. Or, si Bergevin avait voulu lui confier l'avenir de Carey Price, il n'aurait pas fait qu'en jaser avec cet entraîneur réputé. Il lui aurait fait une offre concrète sur-le-champ. Et peut-être qu'il ne se serait pas fait prier pour accepter la proposition de l'organisation qui lui a accordé sa première chance et qui lui a permis d'atteindre un haut degré de notoriété.

Les candidats sont peut-être nombreux à frapper à la porte du Canadien pour remplacer Groulx. Une bonne part d'amateurs croient que le meilleur homme pour le job était Allaire parce qu'ils l'ont eu sous les yeux pendant plusieurs années. Ils ont vu ce qu'il a fait du gardien de but qui a gagné les deux dernières coupes Stanley du Canadien et qui a révolutionné son sport tout en donnant naissance à plusieurs carrières chez nous.

Le patron du Canadien a peut-être un candidat en tête depuis un bon moment. On pense évidemment à Stéphane Waite qu'il a vu travailler à Chicago. Pendant les sept années qu'il a passées au sein du personnel de direction des Hawks, il a pu observer Waite qui a dirigé Nikolai Khabibulin, Cristobal Huet, Patrick Lalime, Antti Niemi et Corey Crawford, notamment. Niemi a gagné la coupe il y a trois ans et Crawford a actuellement la possibilité d'en faire autant.

Waite sera sans contrat dans un mois et il n'y a rien qu'un directeur général aime mieux que de travailler avec des gens qu'il connaît déjà. Pourquoi pensez-vous que Rick Dudley et Scott Mellanby ont été parmi les premiers hommes embauchés par le successeur de Pierre Gauthier?