Des nombreux facteurs qui mousseront les chances du Canadien de non seulement avoir retrouvé une place en séries, mais d’y demeurer, l’éveil de l’attaque massive et la relance de Jonathan Drouin occupent des places importantes tout en haut de la liste.

 

Pas loin derrière l’excellence de Carey Price devant le filet, le leadership contagieux de Brendan Gallagher et le leadership silencieux de Shea Weber.

 

Ces cinq facteurs ont été mis en évidence dans la victoire convaincante de 4-0 du Tricolore aux dépens des Islanders de New York. Une victoire qui, combinée au revers de 4-1 que les Blue Jackets ont encaissé tard jeudi soir, à Edmonton, permet au Tricolore de reprendre sa place en série à titre de club repêché, un point devant Columbus et un point derrière la Caroline qui a perdu aux mains du Lightning de Tampa Bay jeudi soir.

 

  • Carey Price dont les 28 arrêts ont pavé la voie à son quatrième jeu blanc cette saison et son 44e en carrière a une fois de plus prouvé qu’il a non seulement retrouvé sa forme et sa confiance, mais qu’il a recommencé à intimider des adversaires tant il est imposant devant sa cage.

 

  • Shea Weber a fait plus que sa part avec son 13e but de l’année, ses 12 tirs décochés en direction de la cage des Islanders, ses trois mises en échec, ses deux tirs bloqués et sa présence rassurante autour du filet de Price.

 

  • Bien qu’il n’ait pas marqué, Brendan Gallagher a donné le ton en jouant de la seule manière qu’il connaît : à fond!

 

  • Jonathan Drouin a secoué sa léthargie en enfilant un premier but en 18 matchs et en ajoutant une passe.

 

  • L’attaque massive est aussi sortie de sa torpeur alors que Joel Armia a inscrit le tout premier but de sa carrière en supériorité numérique.

 

Jonathan Drouin a affiché des signes évidents de soulagement lorsqu’il a marqué son 18e but de la saison à la suite d’un très beau jeu en troisième. Il s’est aussi signalé en préparant le but d’Armia. Mais même avant de récolter cette passe et de marquer ce but longuement attendu, Drouin jouait beaucoup mieux. Il prenait une part active dans l’action au lieu de la suivre de loin. Il s’est impliqué et les résultats ont suivi.

 

Visiblement atteint par les critiques dirigées à son endroit depuis quelques jours, voire quelques semaines, Drouin assurait ne rien avoir changé à sa façon de jouer dans le match qu’il venait de disputer. « C’est vous – les journalistes – qui voyez des différences, pas moi », que Drouin a répondu lorsque je lui ai demandé ce qui avait contribué à cette bien meilleure performance de sa part.

 

Drouin peut prétendre tant qu’il veut qu’il a joué un match comme tous les autres jeudi. C’est son droit. Mais le suivant tout simplement sur la patinoire, son implication bien plus active sautait aux yeux.

 

Et cette implication, autant sinon plus que son but et la passe qu’il a ajoutée, a certainement contribué au fait que ses coéquipiers lui ont offert la cape remise au joueur du match.

 

Car ses coéquipiers savent à quel point il est bon. À quel point il est nécessaire pour eux et pour l’équipe que Drouin joue comme il l’a fait hier. Parce qu’en jouant comme il l’a fait hier, ses chances de produire seront multipliées par dix et elles feront fluctuer d’autant les chances du Canadien de rester en séries.

 

« Jonathan était frustré parce qu’il ne marquait pas, mais les efforts étaient là. S’il peut débloquer, ça arrivera à un bien bon moment », a indiqué l’entraîneur-chef Claude Julien qui, du moins publiquement, offre un appui évident à son jeune attaquant vedette.

 

Brio défensif de Thompson

 

En plus des cinq facteurs énumérés plus haut, trois jeux ont aussi grandement contribué à la victoire du Canadien.

 

Nate Thompson est l’auteur du premier. Victime de deux pénalités écopées coup sur coup par Jeff Petry et Shea Weber, le Canadien a ouvert la porte aux Islanders très tôt dans le match. Acquis par Marc Bergevin pour ses qualités défensives, Thompson a été rien de moins que sensationnel lors de ces désavantages. Non seulement a-t-il stoppé les Islanders et écoulé des secondes précieuses, mais Thompson s’est même offert une occasion de marquer en prenant tout le monde par surprise en fond de territoire ennemi.

 

Lui le premier!

 

« J’ai été surpris de me retrouver comme ça devant le filet avec la rondelle, mais ça complétait une très bonne présence », a indiqué Thompson qui a abattu du gros travail avec ses compagnons d’armes du quatrième trio : Paul Byron et Jordan Weal.

 

« Nous devions nous reprendre ce soir après une sortie très ordinaire contre eux la semaine dernière. Nous étions motivés et cela a paru du début à la fin du match. Nous voulions prendre le contrôle du jeu et de la patinoire en début de match et c’est ce que nous avons fait », a ajouté le vétéran joueur de centre.

 

Les 25 mises en échec distribuées par le Canadien – contre huit seulement par les Islanders – en première période donnent amplement raison à Thompson. Les Islanders se sont réveillés par la suite, mais le mal était fait.

 

Les acquisitions de Thompson et de Jordan Weal donnent à Claude Julien le quatrième trio – Paul Byron complète le trio – qu’il recherchait depuis le début de la saison.

 

« Ces trois gars nous donnent un mélange d’expérience, de vitesse, de talent et d’efficacité aux cercles des mises en jeu. Avec Weal et Thompson on compte sur un droitier et un gaucher qui peuvent maximiser nos chances de réussite dans toutes les circonstances. Ce soir, ils ont surtout été opposés au quatrième trio de l’autre côté, mais en raison des qualités que j’ai énumérées tantôt je suis très à l’aise de les utiliser dans toutes les circonstances et contre des trios de plus haut niveau. »

 

L’entraîneur-chef du Canadien assurait lui aussi que le brio de Thompson en début de rencontre avant joué un rôle de premier plan dans la victoire.

 

« Les Islanders auraient pu prendre les devants et cela nous aurait forcés à jouer du hockey de rattrapage. Ce qui n’est jamais facile. Le fait d’avoir évité le pire lors de ces deux pénalités – les Islanders ont évolué à cinq contre trois pendant 21 secondes – a vraiment donné le ton au match. »

 

Bonnes mains, bon œil

 

Si Joel Armia a été en mesure de marquer le premier but de sa carrière en attaque massive et que le Canadien en a ajouté un troisième à ses 18 dernières parties, c’est en grande partie grâce à Shea Weber.

 

Mais attention! Weber n’a pas aidé la cause de son équipe avec un tir frappé foudroyant comme il le fait habituellement. Il l’a fait grâce à sa grande habileté à intercepter des rondelles en plein vol avec la lame de son bâton.

 

La séquence qui a mené au but de Armia débute avec une mise en jeu gagnée par Kotkaniemi. Elle se poursuit avec un puissant tir de Weber. Mais voilà : bien posté devant le défenseur, Casey Cizikas a bloqué la rondelle tirée par le capitaine. Un gros jeu. Il a ensuite tenté un dégagement qui aurait annulé toute chance de but du Canadien puisqu’on écoulait alors les dernières secondes du premier tiers.

 

Mais Weber a intercepté la rondelle au vol, il l’a gardé en zone offensive, Weal et Drouin ont effectué de belles passes pour rejoindre Armia dans l’enclave d’où ce dernier a tiré et a déjoué Thomas Greiss entre les jambières.

 

Weber nous surprend souvent avec des interceptions du genre. Et ce n’est pas seulement le fruit de la chance.

 

Que non!

 

« J’ai pratiqué beaucoup d’autres sports que le hockey au cours de ma jeunesse et cette coordination entre les mains et l’œil est certainement le résultat de mes années comme joueur de base-ball. Mais je pratique aussi beaucoup cet aspect du jeu. Surtout dans les semaines qui précèdent le camp d’entraînement alors que je patine seul ou que je le fais avec quelques coéquipiers. Je passe beaucoup de temps à frapper des rondelles au vol avec la lame de mon bâton », m’a expliqué le capitaine après le match.

 

Un gros arrêt à un bout, un but à l’autre bout

 

Il est très fréquent au hockey qu’une équipe récompense son gardien pour un gros arrêt réalisé à son bout de patinoire avec un but marqué dès la poussée suivante à l’autre bout.

 

C’est d’ailleurs ce scénario qui a mené au deuxième but du Canadien. Le but de Jonathan Drouin.

 

Solide devant sa cage, Price a effectué un arrêt solide – son deuxième de suite – aux dépens de Jordan Eberle.

 

Pendant que la foule célébrait cet arrêt, le Canadien s’est vite mis en marche et Drouin a marqué alors que les partisans scandaient encore le nom de Price et que les joueurs des Islanders se demandaient comment il avait bien pu effectuer l’arrêt.

 

Le Canadien a été non seulement bon, mais très bon, dans toutes les facettes du jeu jeudi. C’est pour cette raison qu’il a su dominer des Islanders qui n’en menaient vraiment pas large sur la patinoire du Centre Bell.

 

Bien qu’il soit de retour en séries ce matin, le Canadien est condamné à jouer du hockey aussi efficace que celui qu’il a joué face aux Islanders lors de ses huit derniers matchs s’il veut demeurer au sein des équipes repêchées.

 

Car les Blue Jackets, qui compléteront à Vancouver leur tournée dans l’Ouest canadien, ont un calendrier plus « facile » que celui du Tricolore. Columbus jouera trois fois seulement lors de ses huit derniers matchs contre des équipes actuellement en séries – dont un, jeudi prochain, contre Montréal – alors que le Canadien ne jouera que trois fois sur huit contre des équipes exclues des séries : Buffalo et la Floride, samedi et mardi prochain, au Centre Bell, et les Blue Jackets à Columbus jeudi prochain.

 

Les autres adversaires du Tricolore sont : les Hurricanes – dimanche, en Caroline – les Jets, le Lightning, les Capitals et les Maple Leafs quatre gros clubs que le Canadien croisera coup sur coup lors de sa dernière semaine.

 

D’où l’importance que l’éveil de l’attaque massive et de Jonathan Drouin ne soit pas que temporaire.