Quand l’engagement mène à la victoire
Canadiens mardi, 22 févr. 2022. 11:21 samedi, 14 déc. 2024. 07:36MONTRÉAL - Le Canadien vient de gagner trois fois de suite. On ne rit plus.
En fait oui! Les partisans qui occupaient la moitié des sièges du Centre Bell affichaient leurs plus beaux sourires lundi soir. Ils riaient à belles dents. Incapables de la faire en raison des contraintes sanitaires associées à la lutte contre la COVID et surtout par les performances lamentables de leurs favoris depuis le début de la saison, ils ont même pu chanter, danser et célébrer comme ils le faisaient l’été dernier alors que le Canadien, contre toute attente, s’est rendu en finale de la coupe Stanley.
Bon! Le Canadien est encore loin de sa 25e coupe Stanley. Très loin même.
Mais lorsque Josh Anderson a donné les devants 4-0 au Tricolore en fin de période médiane, les partisans se sont même permis de chanter les Olé! Olé! Olé! associés aux victoires du Canadien.
Des Olé! Olé! Olé! en deuxième période? Je ne me souviens pas d’en avoir entendus. Était-ce trop tôt? Était-ce dangereux de réveiller des Leafs qui étaient totalement dominés jusque-là et de transformer la fête en cauchemar? Peut-être. Mais après avoir encaissé autant de frustrations au fil d’une saison historiquement mauvaise, personne n’en voudra aux partisans de célébrer à la moindre occasion offerte par leurs favoris.
Surtout que les Olé! Olé! Olé! résonnaient encore aux quatre coins du Centre Bell lorsque Rem Pitlick a marqué le cinquième but consécutif du Tricolore. C’était assez pour assurer la victoire de 5-2 aux dépens des rivaux venus de Toronto.
Le Canadien vient donc de battre coup sur coup deux clubs que plusieurs considèrent des prétendants à la coupe Stanley – les Blues et les Leafs – en plus de renverser des Islanders qui sont meilleurs que leur fiche ne l’indique.
Au-delà ces trois victoires, le Canadien a disputé de bien meilleurs matchs à ses six dernières sorties soit depuis que Martin St-Louis est venu en relève à Dominique Ducharme.
Après six matchs à la barre du Canadien, qu’est-ce qui satisfait le plus le nouvel entraîneur-chef? Les trois victoires consécutives? Le retour du plaisir dans les gradins alors qu’il y a deux semaines à peine les joueurs du Canadien se braquaient en attente des huées nourries qu’un peu tout le monde anticipait?
« C’est l’engagement » que Martin St-Louis a répondu lorsque je lui ai demandé ce dont il était le plus heureux jusqu’ici.
« Et quand je parle d’engagement, je ne parle pas seulement d’engagement physique. Je parle surtout de l’engagement mental. Et c’est très exigeant pour les gars qui doivent comprendre ce que je leur demande et l’appliquer. On a grossi en tant qu’équipe depuis 10 jours. Et je ne compare pas avec l’équipe qui jouait avant que j’arrive. On a grossi depuis que je suis arrivé. Je leur impose beaucoup de vidéo pour qu’ils comprennent. Ils font ce qu’ils doivent faire pour comprendre. Ils sont engagés », a expliqué St-Louis.
Cet engagement de tous les joueurs se traduit par des victoires. Parce que cet engagement de tous les joueurs permet au Canadien de déployer plus d’efforts sur la glace que ces adversaires.
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Les Leafs ont perdu face au Canadien parce que comme les Islanders et les Blues avant eux, ils ont été dominés en matière de travail. En matière d’engagement.
« Ils ont travaillé plus fort que nous et ont surtout mieux travaillé que nous l’avons fait lors des deux premières périodes. Ils ont été plus rapides. Nous leur avons offert bien trop d’attaques en surnombre et ils ont su en profite r», que l’entraîneur-chef Sheldon Keefe, le capitaine John Tavares, la grande vedette Auston Matthews, le défenseur numéro un Morgan Rielly et le gardien Petr Mrazek ont tour à tour convenu dans des mots différents.
Mrazek aurait pu ajouter qu’il a été ordinaire devant son filet, mais peu importe la générosité affichée sur le premier but du Caufield – affreux déplacement sur sa droite – et sur le but de Hoffman – affreux tout court – ça n’enlève rien au fait que le Canadien, à défaut d’être meilleur que les Leafs sur papier, était le meilleur club sur la glace du Centre Bell lundi soir.
Écouter au lieu d’entendre…
Au lieu de se contenter de prêter une oreille distraite aux directives de Dominique Ducharme, les joueurs du Canadien écoutent ce que Martin St-Louis leur dit. Ils achètent son plan au lieu de répéter qu’ils peinent à le mettre en application. Ils ne se contentent pas de jouer, ils jouent pour gagner. Ils affichent de la confiance.
« Pas de l’arrogance, mais de la confiance », comme s’est assuré de préciser Martin St-Louis.
Sans cette confiance, une équipe est condamnée à faire acte de présence sur la patinoire. Elle est condamnée à perdre plus souvent qu’elle ne gagne. Bien plus souvent!
« On joue l’un pour l’autre », comme l’a souligné Josh Anderson après son premier match de deux buts de la saison. Son deuxième match de trois points de la saison.
Sans cet esprit de corps décrit par Anderson, une équipe est condamnée à faire acte de présence sur la patinoire. Elle est condamnée à perdre plus souvent qu’elle ne gagne. Bien plus souvent!
Cette confiance, cet esprit de corps et ce nouvel engagement sont à la base du hockey bien meilleur que le Canadien offre à ses partisans depuis six matchs. Le genre de hockey qui rend le Canadien bien plus difficile à affronter depuis six matchs. Le genre de hockey qui vient de lui permettre de gagner trois fois de suite pour la première fois de l’année; pour la première fois depuis une séquence de 7 gains consécutifs entre le 27 mai et le 7 juin l’été dernier.
Le Canadien adopte de nouvelles habitudes de travail. Il adopte de nouvelles habitudes sur la glace. Des habitudes qui sont bien meilleures que celles qui l’enlisaient dans la vase depuis le début de la saison.
Le Canadien a marqué le premier but lors de ses trois derniers matchs. Trois matchs qu’il a gagnés. Il a aussi marqué des buts qui coupent les jambes des adversaires en fin de période.
Plus souvent qu’à son tour cette saison, le Canadien était non seulement victime des premiers buts, mais il les accordait rapidement, souvent en séries et il arrivait rarement à s’en remettre. Ses deux victoires seulement en 33 matchs (2-27-4-0) amorcés avec un but accordé à l’adversaire sont là pour en témoigner.
Dans les 45 premiers matchs de la saison, le Canadien a marqué le premier but 15 fois. Il vient de le faire trois fois en six parties.
Le plus bel exemple des conséquences positives associées au fait qu’il écoute et achète les directives du coach au lieu de se contenter de les entendre et de les contester vient de Jeff Petry.
En plus de jouer affreusement mal dans toutes les phases du jeu, Petry a marqué un but, récolté six points et maintenu un différentiel de moins-9 dans les 38 parties dirigées par Dominique Ducharme cette saison.
Non seulement affiche-t-il deux buts et cinq points en six matchs dirigés par Martin St-Louis, mais il joue du bien meilleur hockey. Il est plus impliqué sur la patinoire. Il a recommencé à mousser l’attaque du Tricolore en plaçant des rondelles au filet adverse au lieu de les perdre à la ligne bleue ou de les envoyer bêtement dans les coins de patinoire.
Caufield : de Laval à un vrai premier trio
Jeff Petry n’est pas le seul joueur transformé par le changement de coach. En fait, ils le sont tous. Mais le jeune Cole Caufield l’est plus encore que tous ses coéquipiers.
Il y a deux semaines à peine, j’étais convaincu que Caufield devait être retourné dans la Ligue américaine pour y compléter la saison avec le Rocket. J’étais convaincu qu’il devait aller à Laval pour y retrouver sa confiance et sa touche.
Aux dépens des Leafs, lundi, Caufield a marqué son cinquième but en six matchs depuis l’arrivée de Martin St-Louis. Il a récolté ses deuxième et troisième passes. Il affiche huit points en six matchs alors qu’il s’était contenté d’un maigre but et de huit timides points à ses 30 premières parties.
Caufield semble avoir retrouvé, avec le grand club, ce que je croyais qu’il devait aller retrouver à Laval. Il est passé d’un éventuel renvoi dans la Ligue américaine à une place au sein de ce qui donne l’impression d’être un solide premier trio piloté par Nick Suzuki et complété par Josh Anderson qui donne quelques livres et quelques pouces à ses deux petits compagnons de trio.
Martin St-Louis aurait pu prendre le crédit pour le revirement à 180 degrés des performances de Cole Caufield.
Il ne l’a pas fait. Loin de là.
« Je n’ai pas fait grand-chose, a-t-il même convenu. Il profite d’un nouveau départ. Il joue plus librement. Les gars ont le droit de faire des erreurs. Je vais toujours accepter ça, si c’est fait alors qu’ils tentent des choses et qu’ils font ce qu’ils doivent faire pour les corriger ensuite. Ce que je vois de Cole c’est qu’il donne à l’équipe bien plus de bonnes choses que de mauvaises. C’est ça qui compte. J’en ai fait des erreurs au cours de ma carrière. Mais je m’assurais de me reprendre. J’ai toujours eu comme philosophie d’aller rejoindre mes coachs à mi-chemin : ils voulaient ci de moi, je voulais ça d’eux. On arrivait à se rejoindre. »
Parlant de son premier trio, Martin St-Louis assure qu’il lui donnera tout le temps pour développer de la chimie. Même si Caufiled, Suzuki et Anderson sont tous droitiers.
« Le fait d’avoir trois droitiers prive ce trio d’un tir sur réception d’un côté de la glace. Je le sais. Ce n’est pas idéal. Mais on joue avec les cartes qu’on a en mains. Et je trouve que ce trio offre bien plus d’avantages que l’inconvénient qu’il soit composé de trois droitiers.
« Les trois gars sont tous différents. Ils se complètent très bien. En plus, Andy (Josh Anderson) les rend plus gros sur la patinoire. J’ai bénéficié de ça dans le temps avec Vincent Levacalier. Je gagnais quelques pouces quand on était les deux sur la glace. Je devais même faire attention de ne pas me plaindre de coups salauds parce que je le perdais lors de la présence suivante parce qu’il oubliait de jouer au hockey le temps de replacer les choses. Josh est rapide; il est gros; il est physique. Mais il joue aussi très bien. C’est le fun de les voir aller », a expliqué St-Louis qui sera patient avec ses quatre trios, pas seulement avec le premier.
« Des fois les coachs bougent trop vite quand les résultats ne viennent pas. Ça prend de la continuité pour développer de la chimie. Il ne faut pas juste attendre les résultats », a conclu le nouvel entraîneur-chef du Canadien.
Un entraîneur-chef dont plusieurs ont douté lors de l’annonce de son embauche. Un entraîneur-chef dont plus personne ne doute aujourd’hui alors que l’intérim associé à son titre semble être bien superflu.
C’est congé pour le Tricolore aujourd’hui.
On verra si les nouvelles bonnes habitudes du Canadien se prolongeront mercredi soir alors que les Sabres de Buffalo feront à nouveau escale au Centre Bell.