MONTRÉAL - Les espoirs soulevés par les trois victoires consécutives de la semaine dernière et par la séquence de neuf gains en 12 rencontres qu’elles ont auréolée tournent lentement, mais sûrement au désespoir.

 

Il fallait s’y attendre.

 

Car aussi intéressante était-elle, cette séquence de neuf victoires en 12 matchs tenait bien plus d’un mirage que d’une base solide de laquelle le Tricolore aurait pu se propulser vers les séries.

 

Pourquoi un mirage? Parce que de ces neuf gains, le Canadien a battu des clubs qui en arrachent plus que lui : Ottawa, New Jersey, Anaheim et Buffalo. Le Tricolore a eu besoin de la prolongation pour battre les Sénateurs et les Ducks. Il a eu besoin d’un but en tirs de barrage d’Ilya Kovalchuk pour battre les Devils.

Il a aussi eu besoin de la prolongation et de tirs de barrage pour surprendre les Leafs et les Golden Knights qui sont de bons clubs.

 

Pas question d’enlever au Canadien la portion du mérite auquel il avait droit lors de ce passage intéressant malgré ses cinq victoires en prolongations ou tirs de barrage et les quatre aux dépens de clubs faibles, voire très faibles. Mais les trois matchs disputés cette semaine remettent les choses en place. Ils remettent le Canadien à sa place.

 

Surtout que cette semaine a bien mal débuté avec une défaite crève-cœur aux dépens de Coyotes qui ne sont pas beaucoup meilleurs que le Canadien qui s’était même permis de prendre les devants 2-0 dès les premières minutes de la rencontre.

 

S’il a raté une belle chance face aux Coyotes, le Canadien n’avait aucune chance, ou si peu, face aux Bruins et aux Penguins. Le peu de chance dont ils disposaient, les joueurs du Canadien l’ont bousillé en multipliant les revirements, les mauvaises passes, les mauvais jeux, les mauvaises décisions.

 

Comme il l’avait fait mercredi à Boston, le Canadien a encore travaillé fort, vendredi, à Pittsburgh.

 

Comme mercredi face aux Bruins, il a obtenu plus de tirs que les Penguins (35-28). Comme mercredi face aux Bruins, il a décoché plus de tirs que les Penguins (57-51). Comme mercredi face aux Bruins, il a gagné plus de mises en jeu que les Penguins (24-21).

 

Mais comme mercredi face aux Bruins, le Canadien a perdu. Il a perdu 4-1.

 

Il a perdu parce que contre les Bruins et les Penguins, le Canadien ne pouvait se permettre de commettre autant d’erreurs qu’il l’avait fait face aux Sens, Ducks, Devils et Sabres et croire qu’il pourrait s’en tirer.

 

Contre des adversaires aussi forts que les Penguins – remarquez qu’il devrait toujours jouer de cette façon –, le Canadien ne peut se permettre de faire dans la dentelle à la ligne bleue adverse. Il y perd la rondelle bien trop souvent et offre tout de suite après des contre-attaques qui se déroulent souvent en surnombre.

 

Le duo Drouin-Domi a offert un des trois buts marqués par David Pastrnak en raison d’un revirement du genre mercredi.

 

Domi a répété la même erreur vendredi. Seul à la ligne bleue, il a tenté de déjouer un défenseur des Penguins au lieu de tirer la rondelle en fond de territoire. Ce qui était le seul jeu à faire dans cette circonstance puisqu’il était seul de son camp pendant un changement de joueurs. En jouant avec le feu, il s’est brûlé en offrant une contre-attaque rapide aux Penguins.

 

Domi n’a pas été le seul coupable vendredi. Bien au contraire. Mais cette erreur illustre très bien les mauvaises décisions, les mauvais jeux, les revirements multipliés par les joueurs du Canadien.

 

Avec comme conséquences les trois buts accordés par Carey Price qui a été abandonné par ses coéquipiers encore hier et le quatrième marqué dans un filet désert.

 

Bien qu’ils assurent toujours croire en leurs chances d’accéder aux séries, qu’ils donneront toujours leur maximum et qu’ils croient en leurs moyens et ceux de leurs coéquipiers, les joueurs du Tricolore sont d’appuyer leurs belles paroles par leurs performances sur la patinoire.

 

Au contraire : ils multiplient les jeux individuels, les décisions égoïstes, les relâchements en défensives avec toutes les conséquences négatives que toutes ces lacunes entraînent.

 

Et ça risque de s’empirer lorsque, dès la semaine prochaine, le Canadien sera officiellement éliminé de la course aux séries.

 

Ce qui n’augure rien de bon pour les 20 dernières parties de la saison. À moins bien sûr qu’on soit heureux de voir le Canadien piquer du nez pour mousser ses chances de gagner la Loto-Alexis.

 

Mais bon...

 

Du talent, mais beaucoup de cœur et d’intensité

 

Les Penguins sont puissants, c’est un fait. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont rejoint les Bruins de Boston avec 20 victoires déjà à domicile au premier rang de la LNH à ce chapitre, qu’ils sont parmi les meilleurs clubs de la LNH encore cette année et qu’on doit leur accorder autant de chances, ou presque, que tous les autres clubs de tête dans leur quête de soulever la coupe Stanley pour une sixième fois.

 

Sidney Crosby est le meilleur joueur de hockey de son époque. Il réussit des passes qu’une majorité de joueurs n’arrive pas même à imaginer. Jason Zucker s’ajoute à la déjà longue liste de joueurs qui peuvent en témoigner.

 

Mais en jouant aussi mollement défensivement, le Canadien a ouvert toute grande la porte en zone défensive à Crosby et son groupe de joueurs de talent et de grand talent.

 

Un groupe qui compte aussi sur un tas de joueurs de soutien rappelés du club-école en raison des blessures qui minent les Penguins bien davantage qu’elles ne minent le Canadien cette saison. Des joueurs qui jouent avec cœur, avec intensité et qui ont ce qu’il faut de talent pour permettre aux Penguins compter sur une profondeur qui manque au Tricolore pour composer avec ses blessures.

 

Des joueurs qui prennent de bonnes décisions. Qui choisissent les options plus simples, mais efficaces pour éviter de mettre leurs coéquipiers dans le trouble.

 

Des joueurs qui n’ont pas le choix de jouer de cette façon à l’attaque et de se défoncer en défensive parce que c’est exactement de cette façon que leur capitaine joue, qu’il leur donne la marche à suivre.

 

Si c’est assez bon pour Crosby et les attaquants moins talentueux qui le secondent à Pittsburgh, il me semble que ça devrait assez bon pour Max Domi, Jonathan Drouin et les joueurs du Canadien. Non?

 

Tirer à blanc…

 

En plus d’être brouillon dans ses décisions et bien trop généreux en défensive, le Canadien a quant à lui été incapable de profiter des bévues de Penguins. Car oui ils en ont commis des erreurs.

 

Vrai que Tristan Jarry a bien défendu sa cage, mais le Canadien l’a aidé à bien paraître alors que trop peu de tirs étaient vraiment menaçants et plusieurs qui l’étaient ont raté la cible ou frappé le poteau.

 

Le Canadien a perdu vendredi, comme il avait perdu mercredi à Boston et comme il a perdu bien trop souvent cette saison : en regardant ses adversaires maximiser leurs occasions et en gaspillant bien trop souvent les siennes.

 

Une autre indication du manque de ressources de cette équipe.

 

Parlant de manque de ressources, l’attaque à cinq a marqué un premier but après une disette de trois matchs. Il est venu à sa troisième tentative du match. Et il était temps! Surtout que lors des deux premières, ce sont les Penguins et non le Canadien qui ont obtenu les meilleures chances de marquer.

 

Avec le but de vendredi, le Canadien a marqué dans six de ses 21 dernières parties. Il a marqué un total de six buts en 62 occasions. Ce qui lui permet « d’améliorer » son efficacité des 21 derniers matchs qui grimpe à 9,7 %.

 

Autre indication du manque de ressources du Canadien : Le Tricolore a décoché plus de tirs que les Penguins hier. C’était la 36e fois cette saison qu’il tirait plus souvent que ses adversaires. Il affiche toutefois un dossier largement déficitaire de 14-21-1 dans ces 36 rencontres.

 

Une statistique qui, à mes yeux, est bien plus révélatrice du manque de punch à l’attaque du Tricolore que des prouesses multipliées à ses dépens par les gardiens adverses.

 

Encore une fin de période difficile

 

Parlant de manque de ressources, que dire de la fin de la deuxième période? Une autre fin de période difficile pour le Canadien.

 

Non seulement le Tricolore a encore accordé un but en fin de période – Jason Zucker a marqué avec 2 minutes à faire – mais il en a accordé un deuxième à Zucker avec 18 secondes à écouler au deuxième tiers, après que Tomas Tatar eut donné un peu de vie au Canadien avec un but en attaque massive.

 

L’absence de Shea Weber a certainement nui au Canadien et souri aux Penguins en fin de deuxième. Une combinaison nettement perdante pour le Tricolore.

 

Mais quand même.

 

Le Canadien a accordé, vendredi, un 19e but cette saison lors de la dernière minute d’une période. Sa fiche lorsqu’il commet pareille bourde : 6-12-1.

 

Inversement, le Tricolore présente un dossier de 8-5-1 lorsqu’il enfile un but lors des 60 dernières secondes d’une période.

 

En bref

 

  • Fort de sa récolte de trois passes, Sidney Crosby a moussé à 17 points (5 buts) sa récolte lors des 11 matchs disputés depuis son retour au jeu après une absence de 28 parties en raison de l’opération subie en novembre dernier…

 

  • En 11 matchs depuis le retour de leur capitaine, les Penguins n’ont encaissé que trois revers en temps réglementaire (7-3-1)…

 

  • Kristopher Letang a marqué un troisième but et récolté un 13e point à ses 13 derniers matchs à domicile face au Canadien. Le Québécois connaît plus que sa part de succès face au Tricolore contre qui il a marqué six buts et ajouté 22 passes en 35 rencontres depuis le début de sa carrière…

 

  • Le Canadien a maintenant une fiche de 3-19-2 lorsqu’il tire de l’arrière après deux périodes de jeu cette année…

 

  • Cette fiche est de 1-11 lorsqu’il tire de l’arrière par deux buts après 40 minutes de jeu…

 

  • Le Canadien n’affiche que quatre victoires cette saison (4-21-3) dans les 28 parties au cours desquelles il s’est retrouvé avec un recul de deux buts à combler…

 

  • Ironiquement, le Canadien a signé ces quatre victoires (4-9-1) dans le cadre de parties amorcées en accordant des avances de 2-0 à ses adversaires…

 

  • Bien hâte de voir si Tyler Séguin et ses coéquipiers des Stars de Dallas ont respecté le couvre-feu imposé par Rick Bowness vendredi soir. Un couvre-feu qu’il est facile de contourner tant le chant des sirènes peut être envoûtant à Montréal malgré une soirée polaire. Car si les Stars sont frais et dispo samedi soir, le Canadien en aura plein les patins contre un adversaire pas aussi solide que les Bruins et les Penguins, mais un adversaire solide quand même…

 

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